Imaginé par l’auteur, metteur en scène et chorégraphe japonais, Toshiki Okada, le spectacle « Hot Pepper, Air Conditioner, and The Farewell Speech » comporte bien des éléments pour effrayer son lot de spectateurs : interprétation en japonais surtitrée en français, éclairage blafard, décors sobres aux airs de salle d’interrogatoire (1 table, 2 murs et 4 chaises). Malgré ces aprioris apparemment repoussants pour quelques-uns, le spectacle réussit à nous surprendre et à nous faire réfléchir sur le pays du soleil levant avec une charmante inventivité.
Ayant grandi dans une génération de désillusions et de désenchantement professionnel, Toshiki Okada inscrit son œuvre dans une démonstration symbolique de la triste réalité nippone des 20 dernières années.
À la suite de l’éclatement des bulles spéculatives un peu partout dans le monde à la fin de 1989 et au début de 1990, le Japon est le seul pays de l’OCDE à ne pas se remettre de la crise financière. Aujourd'hui, les économistes parlent carrément des années 90 comme d’une décennie perdue pour le Japon. Cette dure réalité ne peut donc faire autrement que d’avoir influencé la population, dont une génération montante à qui on avait promis mer et monde. Se réveillant sous le brûlant soleil de la désolation, peu de Japonais ont donc la chance de réaliser leurs rêves ou de faire ce qu’ils aiment sur une base quotidienne. Bien que les interprétations des trois parties du spectacle de Toshiki Okada puissent éveiller en chacun de nous de multiples interprétations, les liens symboliques avec la situation économique, professionnelle et sociale des Japonais sont nombreux.
La première partie, Hot Pepper, se concentre sur la discussion de trois employés de bureau qui s’interrogent à savoir ce que leur collègue Erika, nouvellement congédie, voudra manger lors de son repas de départ, en plus de se demander s’ils sont vraiment les mieux placés pour organiser un tel événement et ce qu'ils préfèreront eux-même manger, lorsque leur tour viendra de perdre leur emploi. Près de la moitié du spectacle se résume à ces quelques fils de conversations qui partent en boucles vers l’infini, trouvant de nouveaux synonymes et de nouvelles structures de phrases à chaque détour. Avec Air Conditioner, c’est la même chose : deux employés discutent de la température trop froide du bureau jusqu’à plus soif. Tout ce beau monde semble s’exprimer sans s’écouter, sans réaliser qu’ils se répètent, sans prendre conscience de la nature de leur échange. Un peu comme si tout était détachement et désintérêt de la réalité, comme une forme de négation à ce quotidien qui n’a rien pour espérer s’approcher des rêves oubliés.
Toute la pièce durant, Okada s’amuse à grossir à gros traits la tendance de ses compatriotes à s’exprimer en utilisant de nombreux gestes saccadés qui n’ont rien à voir avec leurs propos. C’est donc à une répétition de mots et à une suite de mouvements chorégraphiés – apparemment sans aucun sens – que les spectateurs sont conviés.
Se présente finalement la fameuse Erika, seule porte-parole du Farewell Speech, qui se laisse porter par une nonchalance désinvolte puisant sa source dans un monde imaginaire fort amusant où ses souliers ont des conversations et où les plus petites choses de la vie ont leur importance. Moins répétitive que ses confrères, la jeune Erika n’est pas moins poussée vers une réalité qu’elle n’a pas choisie et qu’elle essaie d’éviter par tous les moyens.
Même si la forme du spectacle est difficile à recevoir à de nombreuses reprises, il n’en demeure pas moins que la tentative de compréhension d’un peuple que nous offre cette production japonaise est particulièrement fascinante.
Ayant grandi dans une génération de désillusions et de désenchantement professionnel, Toshiki Okada inscrit son œuvre dans une démonstration symbolique de la triste réalité nippone des 20 dernières années.
À la suite de l’éclatement des bulles spéculatives un peu partout dans le monde à la fin de 1989 et au début de 1990, le Japon est le seul pays de l’OCDE à ne pas se remettre de la crise financière. Aujourd'hui, les économistes parlent carrément des années 90 comme d’une décennie perdue pour le Japon. Cette dure réalité ne peut donc faire autrement que d’avoir influencé la population, dont une génération montante à qui on avait promis mer et monde. Se réveillant sous le brûlant soleil de la désolation, peu de Japonais ont donc la chance de réaliser leurs rêves ou de faire ce qu’ils aiment sur une base quotidienne. Bien que les interprétations des trois parties du spectacle de Toshiki Okada puissent éveiller en chacun de nous de multiples interprétations, les liens symboliques avec la situation économique, professionnelle et sociale des Japonais sont nombreux.
La première partie, Hot Pepper, se concentre sur la discussion de trois employés de bureau qui s’interrogent à savoir ce que leur collègue Erika, nouvellement congédie, voudra manger lors de son repas de départ, en plus de se demander s’ils sont vraiment les mieux placés pour organiser un tel événement et ce qu'ils préfèreront eux-même manger, lorsque leur tour viendra de perdre leur emploi. Près de la moitié du spectacle se résume à ces quelques fils de conversations qui partent en boucles vers l’infini, trouvant de nouveaux synonymes et de nouvelles structures de phrases à chaque détour. Avec Air Conditioner, c’est la même chose : deux employés discutent de la température trop froide du bureau jusqu’à plus soif. Tout ce beau monde semble s’exprimer sans s’écouter, sans réaliser qu’ils se répètent, sans prendre conscience de la nature de leur échange. Un peu comme si tout était détachement et désintérêt de la réalité, comme une forme de négation à ce quotidien qui n’a rien pour espérer s’approcher des rêves oubliés.
Toute la pièce durant, Okada s’amuse à grossir à gros traits la tendance de ses compatriotes à s’exprimer en utilisant de nombreux gestes saccadés qui n’ont rien à voir avec leurs propos. C’est donc à une répétition de mots et à une suite de mouvements chorégraphiés – apparemment sans aucun sens – que les spectateurs sont conviés.
Se présente finalement la fameuse Erika, seule porte-parole du Farewell Speech, qui se laisse porter par une nonchalance désinvolte puisant sa source dans un monde imaginaire fort amusant où ses souliers ont des conversations et où les plus petites choses de la vie ont leur importance. Moins répétitive que ses confrères, la jeune Erika n’est pas moins poussée vers une réalité qu’elle n’a pas choisie et qu’elle essaie d’éviter par tous les moyens.
Même si la forme du spectacle est difficile à recevoir à de nombreuses reprises, il n’en demeure pas moins que la tentative de compréhension d’un peuple que nous offre cette production japonaise est particulièrement fascinante.
Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
5e salle de la Place-des-Arts – 2 au 4 juin (FTA)
5e salle de la Place-des-Arts – 2 au 4 juin (FTA)
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