Au cours des dernières heures, j’ai compris pourquoi j’avais l’effervescence aussi palpable en assistant aux spectacles de Montréal Complètement Cirque. Non seulement le festival me confronte-t-il à des spectacles d’une qualité à couper le souffle, mais il me permet également de découvrir un univers artistique en entier, soit celui des meilleurs artisans du cirque mondial. Après avoir été renversé par « Séquence 8 », des 7 Doigts de la Main, voilà que LEO m’offre la possibilité de voguer sur un élan d’émotions inespéré.
Créé par la troupe allemande Circle of Eleven, LEO est mis en scène par le Québécois Daniel Brière, directeur artistique du Nouveau Théâtre Expérimental et mieux connu comme « le papa de l’émission Les Parent ». Son idéateur et interprète solo, Tobias Wegner, nous apparait tout au long du spectacle dans une grande pièce vide, de forme rectangulaire, qui est placée à l’horizontale. Un peu plus loin, se trouve une autre pièce, tout aussi vide et rectangulaire, mais installée à la verticale. À la seconde où Tobias fait un mouvement dans son coin, une projection vidéo de lui-même « l’imite » dans la pièce d’à côté, nous donnant ainsi l’impression qu’un deuxième acteur-acrobate réalise les mêmes mouvements, mais dans un angle différent. Il arrive même qu’on hésite un bref instant entre l’efficacité de la projection vidéo et la possibilité qu’une force magnétique permette à un véritable Tobias-numéro-2 de marcher sur les murs, de se tenir sur un doigt et même… de voler.
Démarrant en douceur, Wegner découvre ensuite une série de chansons cachées au fond de sa valise, allant du funk au classique, en passant par un succès de Frank Sinatra. Augmentant la cadence et le degré de difficulté de ses mouvements, en nous donnant l’impression qu’il devient dont plus difficile pour son « double » de l’imiter, l’artiste se sert éventuellement d’une craie pour dessiner son univers en deux dimensions : chaise, table, chat, bocal de poisson, fenêtre, oiseau exotique. Malgré la simplicité du coup de crayon, on ne peut faire autrement que de croire à son nouvel environnement.
Peu à peu, s’articule une succession d’animations vidéo donnant vie à ses dessins, ainsi qu’à une série de doublons des projections de Tobias : pendant que la version réelle et originale s’exécute à droite, sa projection de gauche est accompagnée de plusieurs clones qui l’imitent en différé, un peu comme si les images dansaient la valse en reproduisant un canon de Pachelbel en vidéo.
Arrivant à nous amuser, à nous émouvoir et à nous faire découvrir une façon franchement différente de traiter la vidéo sur scène, Tobias Wegner et Daniel Brière peuvent se vanter d’avoir fait avancer l’art pour notre plus grand plaisir. Et croyez-moi, lorsque le Théâtre Outremont vous offre 60 minutes de splendeur et que le non-loin Bilboquet de l’avenue Bernard vous suggère l’extase en crème glacée quelques minutes plus tard, les raisons pour se passer d’un tel bonheur sont à toute fin inexistantes.
Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
LEO
Espace Libre - 30 octobre au 24 novembre
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Critique de "Séquence 8" des Sept Doigts de la Main : ce que l'humanité a de plus beau à offrir
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