dimanche 30 janvier 2011

JUNKYARD / PARADIS : un coup de poing en pleine gueule, suivi d'une caresse


Hier après-midi, j’ai fait mes premiers pas à l’Agora de la danse afin d'assister à la nouvelle création de la troupe MAY DAY : Junkyard / Paradis. Quelques minutes à peine ont suffit pour me donner l'impression de ne jamais pouvoir parler de la chorégraphie de Mélanie Demers comme je le fais avec les autres spectacles.

À mes yeux de néophyte de la danse (c’était mon troisième spectacle du genre cette année), il serait bien maladroit d’aborder la danse comme on aborde le théâtre, le cinéma ou l’opéra. La danse possède de toute évidence un pouvoir d’évocation bien différent, et quelques fois bien plus puissant, que les autres formes d'arts. Elle évoque plusieurs idées et plusieurs émotions que les mots ne pourront jamais exprimer avec autant de vérité. Bien entendu, l'inverse est tout aussi vrai. Mais pour quelqu'un qui vibre à la seule idée de traduire une émotion grâce aux mots, le fait d'assister au pouvoir du corps demeure quelque chose de nouveau et de franchement rafraichissant. 

Danseurs VS Acteurs
Dans Junkyard/Paradis, les cinq danseurs m'ont donné l’impression qu’ils étaient encore plus doués que des acteurs pour transmettre une émotion. Forcement, leur discipline leur impose d'habiter leur corps en ressentant pleinement le mouvement intérieur et extérieur afin d'aller au bout de ce qu’ils veulent raconter. Un acteur statique qui n’arrive pas à s’exprimer librement avec son corps est un acteur moyen. Un danseur qui est pris avec le même problème n’est tout simplement pas un danseur. Il y a des impératifs en danse qui donnent à ses artistes une solide base à exploiter.

À l’inverse, les quelques danseurs qui ont pris la parole pendant le spectacle m’ont également démontré les « limites de leur corps ». Qu’on me comprenne bien, un spectacle de danse entièrement composé de mouvements et d’images peut être merveilleux. Par contre, si on demande aux interprètes-danseurs de prendre parole, il faut s’assurer qu’ils ont tout ce qu’il faut pour transmettre une émotion ou une idée avec leur voix. Dans le cas qui nous occupe, la voix des danseurs n’a pas fait flancher l’œuvre de MAY DAY, mais un travail plus assidu sur la pose de voix, la projection et la diction aurait très certainement permis au spectacle d’atteindre une dimension encore plus puissante.

L'équilibre est-il vraiment nécessaire ?
Tout au long de Junkyard / Paradis, j’ai eu l’impression que Jacques Poulin-Denis et Brianna Lombardo avaient les deux rôles principaux, alors que Nicolas Patry, Angie Cheng et Mélanie Demers avaient des rôles secondaires, voire des rôles de soutient. Ce genre d’observation est probablement générée par mes habitudes au théâtre et par ce réflexe inconscient voulant que la danse soit associée au synchronisme (pas toujours, bien sûr), et à une certaine forme d’équité et d’équilibre entre les parties. Chacun des danseurs a bien sûr son moment fort pendant le spectacle, mais on a tout de même l’impression que notre attention va davantage à Poulin-Denis et Lombardo, à qui on semble avoir offert des « personnages » dansants plus étoffés.

Brutaliser un public et le réconforter à la fois
Toujours est-il que le spectacle en soi est une véritable réussite. Des images puissantes, une énergie folle, l’opposition constante entre le beau et le laid, le moral et l’amoral. Il y a autant d’explications possibles aux différentes parties du spectacle qu’il y a de spectateurs qui sont venus le voir en quatre jours : BEAUCOUP.

Dans Junkyard / Paradis, il y a tout : la séduction, le jeu, l’amusement, l’enfance, le laisser-aller, l’amour, la solitude, l’abandon, le rejet, la colère, l’injustice, le salissage, la destruction, la révolte, le détachement, la liberté, la rébellion, le sarcasme, la candeur. Un amalgame d’émotions qui sait nous rejoindre sans jamais nous donner l’impression que les interprètes s’amusent entre eux en espérant que le public puisse les suivre. On vient nous chercher, on nous fait vibrer, et on s’assure de ne jamais nous laisser tomber.

Mentions spéciales aux émotions brutes que réussit à nous transmettre la splendide Brianna Lombardo, à la capacité de Jacques Poulin-Denis d’aller au bout de chaque chose, de chaque mouvement, de chaque émotion, et au talent que possède Nicolas Patry pour captiver notre regard par sa liberté de mouvement et son intensité, en plus de démontrer à quel point un danseur de 6 pieds 6 pouces peut aller encore plus loin que les autres en habitant pleinement l'instrument rare que peut devenir son corps longiligne.
À la fin du spectacle, mes yeux avaient été amusés, choqués, surpris, et je n’avais plus qu’une seule envie : retourner voir de la danse, toujours plus de danse.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

vendredi 28 janvier 2011

Peut-on être touché par une version de LA BELLE ET LA BÊTE pour les Nuls ?


Même si les critiques qui m’ont précédé au TNM étaient presque toutes dithyrambiques, je n’ai pas pu m’empêcher de sortir du théâtre de la rue Ste-Catherine avec la triste impression d’avoir assisté à une version de La Belle et la Bête pour les Nuls.

Le Théâtre du Nouveau Monde est une institution grand public reconnue depuis longtemps pour ratisser large en mettant à l’affiche des pièces qui sont susceptibles de plaire au plus grand dénominateur commun. Toutefois, rarement le TNM ne m’aura donné à ce point l’impression de vouloir me tenir la main en m’offrant une pièce aussi infantilisante. 

Dès les premiers instants, les spectateurs sont questionnés : « Qui êtes-vous ? » ; « Quelle part de laideur acceptez-vous d’afficher aux yeux de tous ? » ; « Qu’est-ce donc que la laideur ? ». Les mots de Pierre-Yves Lemieux nous interpellent, nous font réagir, et nous invite à réfléchir. Ironiquement, la suite de son histoire ne nous en laisse presque jamais la chance.

La Belle et la Bête n’est pas simplement construite sur un texte limpide ou doté d’une habile trame narrative, elle est carrément menée par un auteur et des metteurs en scène (Victor Pilon et Michel Lemieux) qui guident notre réflexion en nous offrant des réponses toutes faites. Les métaphores sont simplifiées. Les images sont verbalisées. Les impressions sont concrétisées. Il n’y a plus rien qui soit sujet à interprétation. À vrai dire, ce texte est au théâtre ce qu’un souper mangé sur le pouce est à la gastronomie : rien d’autre que du gavage.
Le cinéma et ses petites lunettes 3D peuvent bien aller se rhabiller
Heureusement pour nous, la mise en scène hautement technologique est captivante. Les projections de décors et de température ambiante réussissent à nous transporter en démontrant à quel point les films présentés en 3D au cinéma n’ont pratiquement rien d'intéressant. Malheureusement, une fois que l’émerveillement de la nouveauté est passé, on finit par se dire « ok, et puis après » ? Est-ce que l’histoire est meilleure ? Est-ce que le propos est un peu plus porteur ? Est-ce que les acteurs sont encore plus touchants ? La réponse est non.

On est loin de la version de Disney...
François Papineau joue une « Bête » présentée comme un homme défiguré ayant le cœur brisé, alors que Bénédicte Décary nous offre une « Belle » artiste en quête de différence. Les deux acteurs sont justes, mais on les sent pris dans la rigidité de la scénographie. Ils sont beaux et talentueux, mais jamais renversants, ni déstabilisants.

Heureusement, il y a Andrée Lachapelle, la belle et grande Andrée Lachapelle, qui passe le plus clair de son temps à s’adresser au public ou à des acteurs en chair et en os. On la sent vivre, rire, et souffrir. On est touché par le talent d'Andrée Lachapelle.

Bref, si vous allez voir La Belle et la Bête au TNM, vos yeux vont s’amuser, votre cerveau aura tout le loisir de se débrancher, mais vos sens, votre cœur et votre esprit ne seront que très peu sollicités. Tant qu’à perdre votre temps et votre argent, relouez dont la version de Disney. Vous aurez au moins le bonheur de replonger dans vos souvenirs d’enfance.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

jeudi 27 janvier 2011

Mes humeurs à l’opéra : s’il pouvait CREVER qu’on en finisse !


Ma soirée à l’Opéra de Montréal a été une véritable épopée que je n’oublierai pas de sitôt. En assistant à la troisième représentation de la production Les Souffrances du jeune Werther, un des rares opéras francophones qui tournent à travers le monde, j’ai eu droit à un spectacle autant sur scène que dans la salle. Pour le meilleur et surtout pour le pire…

Disons-le d’entrée de jeu : aller à l’opéra ou au théâtre un mercredi soir, c’est rarement gagnant. J’ai toujours senti que le courant passait beaucoup moins entre les artistes et le public en milieu de semaine. Le boulot bat son plein, les spectateurs ont encore la tête dans leurs dossiers et de longues journées derrière la cravate. Très peu propice à l’émerveillement, vous en conviendrez.

Je suis tellement « out » que je vais à l’opéra sans porter de fourrure !
Avant même que le rideau ne soit levé, la mythique salle Wilfrid-Pelletier m’avait déjà offert un sacré bon spectacle. Tout le gratin faux-nez de Montréal et des environs était réuni, laissant filtrer par-ci, par-là quelques étudiants et quelques jeunes passionnés de musique bien « ordinaires » (« la plèbe », diraient les autres). Les vieux avaient sorti leur veston usé de la garde-robe en traînant avec eux une bonne vieille odeur de boules à mites, alors que les vieilles s’étaient vidé une bouteille de fixatif sur la tête afin d’agrémenter la veste fuchsia ou beige qui était cachée sous un épais manteau de fourrure vieux de quelques décennies.

Bien entendu, la faune de l’opéra est également composée de quelques jeunes avant-gardistes supposément à la mode qui portent pantalons rouges, t-shirt blanc décolleté jusqu’au sternum, et boucle d’oreille immense afin de nous démontrer à grand renfort de « regardez-moi » à quel point ils sont tendance.

Arrive alors le placier qui se permet de juger les bottes tâchées de calcium et la paire de jeans que porte mon voisin, pendant que j’ai droit à un charmant « bonsoir », gracieuseté de mes beaux souliers noirs lustrés, de mon manteau de grand-papa entretenu (le manteau, pas le grand-père), de mon long foulard blanc de simili-pouète et de mes pantalons ajustés-moulent-fesses qui ont tout pour faire de l’effet.

Maintenant, que la pièce commence ! Ou plutôt, faites qu’il crève, qu’on en finisse.
Il est 20 heures, Les Souffrances du jeune Werther peuvent enfin commencer. Puisque j’ai lu cette semaine le roman qui a servi d’inspiration à la création du livret de cet opéra, j’avais une très bonne idée du déroulement de l’histoire qui m’attendait. Figure de proue du romantisme allemand, ce roman de Goethe est l’exemple parfait de la passion exacerbée que voue un gentilhomme à une jeune femme déjà promise. Il la veut, mais il ne peut l’avoir. Il en rêve, mais il sera à jamais déçu. Comme tout bon jeune amoureux transi à qui l'on met des bâtons dans les roues, Simon Werther envisage la pire des finalités. L’Opéra de Montréal avait beaucoup entre ses mains pour nous offrir une intéressante soirée, mais lorsque les premiers airs se sont fait entendre, le plaisir était tout sauf au rendez-vous.

Les décors sont beaux, mais n’offrent rien d’original ou d’extraordinaire comme nous y avaient habitués La Tosca et Cendrillon, la saison dernière. Contrairement à ces deux œuvres qui nous  présentaient une mise en scène résolument moderne (pour l’opéra), des décors flamboyants, et un rythme toujours soutenu, Les Souffrances du jeune Werther n’arrivent jamais à décoller.

Trop pauvres pour être bons ?
On essaie d’être bon joueur en se rappelant que l’Opéra de Montréal a moins de moyens que la plupart des grandes maisons d’opéra à travers le monde, que ses artistes ont donc moins de temps de répétitions et beaucoup moins de représentations (la tradition nord-américaine de l’opéra étant incroyablement moins présente qu’en Europe), mais il suffit de se remémorer quelques-uns des spectacles très bien exécutés par la même organisation pour réaliser que c’est Werther le problème.

D’abord, même si je suis un fervent défenseur de la langue française, je suis obligé d'avouer que le français et l’opéra ne font presque jamais bon ménage. Les « e » muets qui doivent être prononcés, les structures de phrases où le complément du verbe vient trop souvent avant le verbe, la rythmique propre à la langue de Molière qui ne cadre tout simplement pas au lyrisme de l’opéra. Ça ne fonctionne pas.

Créer un opéra avec un texte déjà très verbeux, est-ce vraiment une bonne idée ?
Parlons-en du lyrisme de cet opéra. Le texte de Simon Werther est on ne peut plus verbeux. En y ajoutant des notes tenues pendant plusieurs secondes, des phrases qui n’en finissent jamais, et une répétition en boucle de plusieurs de ces mêmes phrases, l'opéra nous donne l'impression de nous tenir à distance d'une histoire pourtant captivante.    

Pour être bien honnête, l’écriture de cet opéra est complètement déficiente. Jamais on ne donne le temps à Simon Werther de découvrir sa belle Charlotte un instant à la fois. Jamais on ne croit à cet amour impossible qui se prétend d’une souffrance sans mot, alors que le premier acte est à peine terminé. L’opéra de Simon Werther est basé sur l’amour et la douleur, mais il nous est carrément impossible de croire à l’un ou à l’autre.

Comme si cela n’était pas déjà assez, la plupart de chanteurs de Simon Werther sont de très, très mauvais acteurs. Enfermés dans leur technique vocale (pour la plupart irréprochable, à tout le moins), pris dans une chorégraphie statique qu’ils ne savent pas rendre naturelle, trop souvent concentrés sur leurs notes au lieu de vivre réellement les émotions de leurs personnages, les artistes de Simon Werther démontrent une fois de plus à quel point les chanteurs d’opéra capables de bien jouer la « comédie » sont encore trop peu nombreux.

Une finale en queue de poisson
À défaut de m'endormir pendant le troisième acte comme ont osé le faire mes deux voisins, j'ai tout fait pour rester concentré jusqu’à la fin. Cependant, quand j’ai vu que Werther prenait environ 20 minutes pour mourir, après s’être lui-même tiré dessus, j’ai complètement décroché. Même si la présence d’un amoureux désespéré qui n’en finit plus de mourir est supposément un élément cher à plusieurs œuvres du romantisme, on mérite clairement mieux comme traitement créatif.

Finalement, la tombée du rideau arrive. Certains spectateurs sortent rapidement avant que les artistes ne reviennent voir la foule. La plupart des applaudissements se font discrets et convenus. 

Puis, les spectateurs finissent par se lever pour offrir une autre de ces ovations nullement méritées. Typiquement montréalais comme réaction.

To go or not to go ? 
Avec Les Souffrances du jeune Werther, l’Opéra de Montréal a fait tout ce qu’il ne doit pas faire s’il veut continuer de rajeunir son public comme il avait commencé à le faire depuis quelques années : être trop conventionnel, trop statique, trop maniéré et incapable de se défaire de la rigidité extrême de la tradition opératique.

Est-ce que je vais me laisser décourager par un premier opéra décevant en trois expériences ? Bien sûr que non. Est-ce que je vais attendre un peu avant de retourner y dépenser une partie de mon salaire quotidien ? C’est fort possible.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

lundi 24 janvier 2011

FAIRE DES ENFANTS : j’étais là, le jour où quelque chose de grand s’est produit

J'ai maintenant le droit de dire que j’étais LÀ, le lundi 24 janvier 2011, lorsque le Théâtre de Quat’Sous a offert à une poignée d’amoureux du théâtre une lecture publique de la pièce Faire des Enfants, du jeune auteur Éric Noël. Une telle affirmation peut sembler pompeuse et surfaite, mais lorsque l’on découvre une œuvre en ayant l’impression que quelque chose de spécial est en train de se passer, et que l’on en ressort complètement remué, on est en droit de prétendre avoir été témoin de quelque chose de grand.

Faire des Enfants, c’est l’histoire de Philippe, un jeune homme de 24 ans qui se remplit de sexe, qui se transvide d’amour, et qui ne sait plus comment faire la différence entre sa queue et son cœur. Philippe ne donne pas seulement dans l’étourdissement, dans l’affirmation maladroite de soi ou dans la quête absolue du regard de l’autre, non, il choisit carrément de se provoquer, de se mettre en danger et de se noyer lui-même, dans l’espoir suprême de se déposséder.

L’écriture de Faire des Enfants est d’une maturité saisissante. Chaque mot est à sa place, chaque virgule, chaque souffle. Éric Noël va au fond du moindre des sentiments. Il prend le laid, le sale, le puant, l’abject et le dépravé en le poussant au maximum pour en faire une œuvre qui nous accroche le cœur.

La distribution de la pièce est à jeter par terre. Josée Deschênes et Luc Picard transcendent leurs personnages de parents d’un enfant dont ils subissent les affres sans les comprendre. La douleur, l’intensité et le trouble qui les habitaient étaient d’une beauté rare. Même une fois assis sur leurs chaises, en laissant la parole à d’autres, Picard et Deschênes continuaient de vibrer sur des cordes qui semblaient leur faire mal.

Également sur scène pour jouer la sœur de Philippe, Mélissa Désormeaux-Poulin, dont les yeux exprimaient toute la force fragile qui semble l’habiter avant même que son tour de parole ne vienne, un peu comme si l’hypersensibilité tranquille qu’on sent chez elle avait compris quelque chose que les autres ne voient pas, et qu’elle tentait activement de l’apprivoiser.

Il serait fort inconvenant de passer sous silence la présence incroyable de Geneviève Schmidt, une actrice que je voyais jouer pour la première fois sous les traits de Philadelphie, la meilleure amie de Philippe qui subit sans cesse la détresse de son ami en se demandant ce qu’elle vaut réellement à ses yeux pour subir pareil traitement. En ouvrant la bouche, l’actrice a élevé le niveau de jeu d’un cran avec une vérité et un naturel qui faisaient oublier aux spectateurs qu'ils étaient au théâtre.

Bien sûr, il y a Marc-André Goulet, l’acteur qui traîne le corps et les mots du fameux Philippe à bout de bras. Belle gueule, charmeur, Goulet défile les mots d’Éric Noël comme s’ils les avaient en bouche depuis toujours. On entend dans sa voix la séduction feutrée des hommes qui se savent attirants et qui n’ont pas besoin de se donner la peine de s’intéresser aux autres pour avoir l’impression d’être comblés. Marc-André Goulet possède à merveille la désinvolture un peu baveuse qui m'apparaît nécessaire au personnage. Bien que Josée Deschênes et Luc Picard lui volent la vedette, ce n’est pas faute de talent. Ses parents théâtraux étaient tout simplement plus habités qu’il ne l’était.

Outre les interprétations de Daniel Thomas et de Sébastien Dodge, nullement convaincants dans la peau de ces deux hommes qui veulent se payer le cul de Philippe, Faire des Enfants est rien de moins qu’une petite perle dans l’océan théâtral québécois des dernières années.

Son auteur, Éric Noël, a complété depuis peu le programme d’écriture dramatique de l’École Nationale de Théâtre, et vient de remporter le prix Gratien Gélinas, honneur décerné à la relève en écriture dramatique au Canada, assorti d’une bourse de 12 000 $ pour l’auteur et de 15 000 $ pour la présentation de son œuvre l’automne prochain, au Théâtre de Quat’Sous.

Après ce qu’on vient de découvrir, impossible de ne pas rêver à la production complète de Faire des Enfants. Impossible.

Et vous, avez-vous déjà eu l'impression d'assister à une production artistique qui marquait un tournant ?

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

dimanche 23 janvier 2011

LES MUTANTS : une compagnie qui grandit au rythme du Québec qu’elle chérit


Deuxième présence en moins de 24 heures à l’Espace GO afin d’assister à la pièce Les Mutants, création du Théâtre de la Banquette arrière, formé par un collectif d’acteurs qui ne cesse d’évoluer, mais qui n’est pourtant pas encore arrivé à maturité.

Les Mutants, c’est une incursion dans les souvenirs de huit trentenaires qu’on a replongés à la petite école afin de les confronter à l’évolution du Québec et de leurs propres changements. Ici, l’énumération est reine : celle des noms, des dates, des événements, des lieux et des citations qui ont marqué ces vieux-jeunes personnages et leur province. Malheureusement, à force de citer et de nommer, on en vient à ne pas installer l’histoire des Mutants ailleurs qu’en surface. Un peu comme si cette opposition entre la candeur des élèves et le propos social fort pertinent des créateurs avait fini par diluer leur discours, à défaut de le rendre plus clair et plus vrai.

N’empêche, la complicité qui unit les huit acteurs depuis leurs débuts en 2001 est particulièrement belle à voir. La distribution des rôles est faite avec une parfaite justesse. La projection de films d’archives et de citations sur les murs est toujours bien utilisée, sans jamais tomber dans la surenchère. Les temps morts sont absents. Quelques moments chansonniers ou chorégraphiés sont même particulièrement réjouissants. On rit, on se rappelle, on réfléchit. Leurs questionnements méritent d’être faits, et la prise de conscience à laquelle ils nous invitent a toute sa raison d’être.

Pourtant, il manque un petit quelque chose d’essentiel à leur création : l’impression d’avoir été convaincus ou de les avoir réellement entendus. Le Québec que les Mutants nous présentent comme inachevé, parce qu’incapable d’aller au bout de sa destinée, est à l’image de leurs mots et de leur présentation : beau, charmant, unique, rafraîchissant, mais pas encore tout à fait conscient de la splendeur qu’il pourrait devenir s’il se donnait un peu plus de temps.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

samedi 22 janvier 2011

Projet Andromaque : la pièce où l’on sépare les Hommes des enfants

En assistant au Projet Andromaque de l’Espace GO, impossible de ne pas avoir l’impression que les mots de Racine ont le pouvoir de séparer les Hommes des enfants. Naturellement, les spectateurs ont tout le loisir d'adorer, de détester ou d'être nuancés. Cependant, les acteurs engagés pour plonger dans les affres de l’après-guerre de Troie n’ont d’autres choix que d’être doués et incroyablement chevronnés.

Je dois avouer que les 40 premières minutes du Projet Andromaque m’ont grandement fait douter. Les spectateurs sont placés de chaque côté de la scène, le décor est dépouillé, de grandes tables de bois y sont installées, huit textes d’une épaisseur poétique y ont été laissés, et les acteurs font leur entrée. Nul homme ne peut passer à côté de la richesse incroyable du texte de Jean Racine. Malheureusement, ses rimes infinies, son rythme alexandrin et son vocabulaire stylisé peuvent trop souvent donner au texte un sentiment d’imperméabilité.

N’entre pas qui veut dans le monde de Jean Racine, encore moins lorsque ses mots sont mis au service d’une tragédie grecque aux dimensions pour le moins complexes. Bien que les noms d’Hermione, d’Andromaque, d’Oreste, d’Hector, d’Hélène, de Pyrrhus, et de Troie me soient plus que familiers, la lecture d'un résumé des grands conflits de la Grèce Antique m'aurait été très utile avant de pénétrer dans leur histoire. 

L’idée de mettre de l’avant la beauté et la pureté du texte de Racine en demandant aux comédiens de passer le premier tiers de la pièce assis sur leur chaise est directement responsable de l'âpreté des premiers instants. De toute évidence, on ne peut faire autrement que d’être charmé par un tel talent pour le verbe, mais le mouvement étant généralement un fier allié des plus beaux mots, le Projet Andromaque a pu littéralement prendre son envol lorsque les acteurs ont été libres de bouger.

Les acteurs se parlent, se touchent, se rapprochent et s’opposent. La colère et les enjeux de ces hommes et de ces femmes d’un autre monde nous apparaissent soudainement plus vrais et plus concrets. Les quatre acteurs principaux (Anne Dorval, Jean-François Casabonne, Julie McClemens et François-Xavier Dufour) sont puissants, fragiles, fiers, et nous amènent avec eux dans cette Grèce des tragédies anciennes. La mise en scène de Serge Denoncourt révèle quantité d’images fortes et de tensions dramatiques admirablement servies par un décor, une musique, des éclairages et quelques accessoires qui suffisent à nous faire croire qu’on est ailleurs.

La salle est ainsi plongée dans cette histoire où Andromaque est terrassée par la mort de son  Hector, tout en se refusant au mariage que lui propose Pirrhus. Ce dernier est déchiré par son désir de lier son destin à la froide Andromaque et par ses envies de raviver les ardeurs d’Hermione, elle-même perdue entre son amour-haine pour Oreste et sa volonté secrète de voir Pirrhus céder à chacune de ses demandes.

Jean-François Casabonne a l’étoffe d’un roi et la crédibilité des Grands Hommes. Julie McClemens a le tourment palpable et brûlant. François-Xavier Dufour use de tout ce qu’il est pour rendre justice à la puissante virilité et à l’amour exacerbé de son Oreste. Anne Dorval nous prouve qu’il y a quelque chose en elle qui a été libéré par le Projet Andromaque, alors que son Hermione est  captivante, cruelle, et enflammée. 

Tout le monde ne peut pas aimer les mots tragiques de Jean Racine, et tout le monde ne peut pas  non plus se brancher d’un seul coup sur la colère des grands de ce monde. Mais lorsque le déclic se produit, lorsque les mots d’un autre temps réussissent à nous séduire, on quitte les murs de ce théâtre avec la conviction d’avoir vécu un moment incontournable de notre vie.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Projet Andromaque
Espace GO
18 janvier au 12 février

jeudi 20 janvier 2011

Quand télévision et célébrations riment avec désirs et tentations

Il y a quelques jours, on m’a fait la requête express d’écrire sur le merveilleux monde de la télévision. Étant donné ma tendance à suivre le troupeau et à faire tout ce que tout le monde me dit tout le temps (insérez ici un bruit de toux dubitative), je m’exécute illico presto.

Quoi de mieux pour vous parler de la chose télévisuelle que de vous faire découvrir mes deux coups de cœur du dernier temps des Fêtes : les téléséries SKINS et ROME, qui traitent toutes deux abondamment de peau, ou si vous aimez mieux, de sexe. 

Rome la magnifique, l’abondante, la toute puissante
Puisque je suis le digne héritier d’un papa qui a un penchant particulièrement prononcé pour toutes les productions à caractère historique (livres, films, émissions de télévision), et que le dit papa m’avait suggéré de lui offrir un coffret de certaines émissions diffusées à Historia, j’ai eu envie de contourner son idée en y allant d’un mélange entre l’histoire et la fiction. Spontanément, j’’ai voulu lui acheter la série The Tudors (une autre de ces émissions ayant recours à l’histoire et au sexe pour engranger des millions), mais j’ai constaté que mon unilingue de papa n’aurait aucune version audio en français à se mettre sous la dent. Je me suis donc tourné vers ROME, cette série à grand déploiement dont j’entendais beaucoup parler depuis des années : reconstitution hautement fidèle (et coûteuse) des décors de Rome, intrigues captivantes et haletantes, équipe d’acteurs crédibles et attachants.

Voilà, tout était en place pour réchauffer quelques après-midi de décembre et de janvier, avant de retourner travailler : scènes de guerre, complots, trahisons, désir absolu du pouvoir, le tout baigné dans une absence totale de censure. Si vous regardez ROME, ne vous surprenez pas si vous voyez une mère un peu despote qui fait assassiner le mari de sa propre fille parce qu’il n’est pas assez bien pour sa noble famille, une mère qui demande à son fils de 16 ans de manger des testicules de bouc pour le rendre plus viril avant de lui demander s’il a déjà pénétré une fille (à la façon « passe-moi le beurre »), ou une mère qui se dit particulièrement fière de ce même fils en croyant que celui-ci est devenu le jeune amant de Jules César (tout pour s’approcher davantage du pouvoir). Ces quelques parcelles d’histoires ne sont d’ailleurs qu’un tout petit pourcentage des intrigues secondaires qui alimentent les affrontements entre sénateurs, entre Pompée et César, entre César et Marc-Antoine, et ainsi de suite.

Bien entendu, en plus des jeux de pouvoir et des histoires de territoires, maman-despote couche avec Marc-Antoine, César couche avec ennemie-de-maman-despote, fille-de-maman-despote finit par trouver de grandes affinités avec ennemie-de-maman-despote après qu’elles aient toutes deux perdues les hommes de leur vie. Marc Antoine se fait nettoyer la sueur par un esclave, flambant nu (Marc Antoine, pas l’esclave), devant les regards indiscrets. Maman-despote prend son bain aux yeux de tous en faisant rougir de jalousie toutes les femmes de 40 ans et plus (moi qui croyais n’offrir que de l’action historique au patriarche…).

Et vous savez quoi ? Je n’ai que six épisodes de regardés, et la première saison en compte 12. Vivement que le papa abitibien finisse le deuxième coffret que je viens de lui envoyer par la poste (avouez que je suis un fils débordant d’attentions) pour que je puisse y goûter jusqu’à la fin.

SKINS
: la jeunesse ne pense qu’à ça !

Fin du mois de décembre, l’enfant prodigue (c’est moi ça) est de retour sur son île. Il a le temps d’aller trois fois au cinoche en une semaine, de lire une brique de 600 pages, de voir plusieurs de ses amis, et de tourner en rond dans son lit pendant des heures. Bref, il se cherche un peu de nouveauté. La solution ? Tou.tv.

En plus de me permettre de rattraper mes séries préférées depuis des mois, voilà que Tou.tv me propose des émissions que les grandes chaînes ne diffusent même pas. L’une d’entre elles a attiré mon attention.

Créée en Angleterre il y a plus de 4 ans, SKINS a bâti sa réputation sur deux éléments bien précis : un casting de jeunes acteurs inconnus qui est changé toutes les deux saisons (renouvelant ainsi les personnages auxquels les gens peuvent s’attacher) et un amalgame de thèmes plus ou moins tabous dans notre société. Dépucelage, troubles de la personnalité, grossesse adolescente, mort, autisme, toxicomanie, anorexie, homosexualité, narcissisme, tous les sujets y sont abordés avec un ton cinglant, bon enfant, ludique, ou carrément dramatique.

Chacun des épisodes de SKINS est construit autour d’un membre du groupe. Il y a Tony le manipulateur à la belle gueule (communément appelé « douchebag » par certains), Michelle l’aguicheuse naïve, Sid le puceau malchanceux, Cassie l’anorexique déconnectée et extra lucide (étrange contradiction, mais pourtant vraie), Anwar le musulman qui tente désespérément de vivre sa foi, tout en succombant à ses envies de sexe et de drogue, Chris l’ado attardé (encore plus que les autres) et amoureux d’une enseignante, Maxyy le danseur homosexuel, Jal la musicienne sans maman, et Effy la désespérée. Tous autant qu’ils sont, ils pensent au sexe tout le temps, de toutes les façons, et dans toutes les positions. Des ados de leur temps, quoi.

SKINS est une série divertissante, drôlement irrévérencieuse, ô combien plus près de la réalité des jeunes d’aujourd’hui que ne la jamais été Watatatow par le passé, en plus d’être le meilleur moyen pour prendre conscience du choc des générations avec un sourire en coin.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

mardi 18 janvier 2011

Somewhere : une cinéaste qui se regarde réfléchir


La nouvelle production de Sofia Coppola, Somewhere, est rien de moins qu'un film sans histoire. Non pas que ce film soit carrément dénué d’un propos, mais quand une cinéaste choisit de construire une œuvre autour d’un homme qui se regarde vivre du vide, sans jamais vraiment s'en rendre compte, on est en droit de se poser des questions.

Primé à la Mostra de Venise en 2010, Somewhere déborde de métaphores sur le vide : une voiture qui n’en finit plus de tourner en rond, des danseuses de poteau blondes et plastiques qui en font tout autant, et puis cet homme, campé par Stephen Dorff, qui les observe sans être convaincu que le spectacle soit digne d'être regardé. En suivant peu à peu la non-évolution de cette "histoire", on fait connaissance avec un acteur qui répète sans broncher les réponses que les journalistes et les relationnistes lui mettent en bouche pour combler le manque à gagner. En effet, comment peut-on avoir quelque chose à dire quand on a rien à vivre ? Le seul aspect de sa non-existence qui semble digne de mention consiste en une relation approximative avec une fillette de 11 ans qui ne demande rien de mieux que de passer du temps avec son géniteur, en essayant de l’amuser, de le gâter et d’attirer son attention.

Sofia Coppola enchaine les symboles exprimant le laisser-aller et la dérive contemplative d’un homme à qui elle n'a malheureusement pas offert un minimum de profondeur. There is simply nothing.
Heureusement pour le plaisir des cinéphiles, la jeune Elle Fanning interprète le rôle de la fillette avec une justesse, une légèreté et une vérité qui sont infiniment belles à voir. Il aurait d’ailleurs été fort à propos de la retrouver plus souvent aux côtés de Stephen Dorff, adéquat et somme toute assez bon acteur, à qui l’on a confié la tâche de se laisser être sans trop forcer la note.

Si deux des précédents films de Sofia Coppola, The Virgin Suicides et Lost in Translation, avaient séduit la critique et réussi à trouver un public bien précis, Somewhere ne semble pas prêt d’obtenir pareilles réactions. Pour plusieurs, le dernier film de Coppola se résume en une bulle cinématographique qui impose aux spectateurs d’être les témoins impuissants d’une réalisatrice qui se regarde réfléchir, comme d’autres s’écoutent parler. Pour d’autres, un film comme Somewhere est tout simplement une belle occasion de confirmer leur propre vitalité. 

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

dimanche 16 janvier 2011

Blue Valentine : la petitesse des grandes déchirures


Le flm Blue Valentine est un petit bijou composé d’allers-retours entre le passé et le présent, partant de cette époque où les personnages interprétés par Ryan Gosling et Michelle Williams se découvrent, jusqu’au jour où ils se détruisent ; de cette journée où le synchronisme de la vie les a fait tomber l’un pour l’autre, jusqu’à cette soirée où ils n’ont plus eu envie de se relever.

Le réalisateur et co-scénariste Derek Cianfrance, qui était pratiquement inconnu avant de créer ce film indépendant, s'attarde ici à toutes les petites choses qui ont construit et démoli un couple qui ressemble à tout le monde et à personne à la fois.

Tout de Blue Valentine est mis au service de la rencontre, de ces premiers moments où quelque chose de petit, de léger et de particulièrement indéfinissable se produit. Ces moments où la présence et le souvenir de l’autre suffisent à transformer la conscience de nos cinq sens en réactions exponentielles. C’est plus que des besoins satisfaits, des habitudes qui se développent, et un couple qui se construit. C’est l’impression de vibrer sur de nouvelles cordes, un peu comme si la musique du monde se réécrivait à chacun de nos pas. C’est toutes ces petites choses qui n’existent pas dans le cinéma de la planète Hollywood.

Les petits riens qui changent tout et les grandes déchirures qui emportent le reste. La main qui s’isole, le regard qui juge, la parole qui blesse, le souffle qui exaspère. Cet instant où l’on en vient à se demander comment on a pu ressentir ne serait-ce qu’un début d’affection pour quelqu’un qu’on a désormais envie de choquer, de blesser, de quitter et de voir disparaître.

On sort de Blue Valentine en se sentant profondément habité par certains regards, certaines images. Michelle Williams est à contre-courant, fragilisée, réconfortée, séduite, aimée, dépassée, désabusée. Ryan Gosling est ouvert, désinvolte, présent, blessé, impuissant, violenté et sacrifié.

Assister à une projection de Blue Valentine, c’est accepter d’être témoin du plus beau comme du plus laid. C’est également accepter d’y entrer avec une certaine vision de l’amour, et d’en sortir en ne sachant plus du tout quoi en penser.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

jeudi 13 janvier 2011

Le Pillowman : quand trop de talent devient insupportable


Depuis mon arrivée dans la métropole, j’ai enfilé pièce de théâtre sur pièce de théâtre. Du drame, de l’absurde, du trash, du vaudeville, du verbeux, du théâtreux, du j’aime-dont-ça-m’écouter-parler, du contemporain, du futuriste, du vieillot, bref, à peu près de tout. Pourtant, je n’avais jamais rien vu qui ressemblait au Pillowman. Jamais.

Cette pièce, écrite par l'auteur irlandais Martin McDonagh, elle se résume bien difficilement. Elle possède le talent de nous perdre volontairement, de nous semer en chemin, de nous débarquer là, l’air de rien, prête à nous donner le prochain grand coup.

Mais bon, essayons tout de même de résumer… Un employé d’abattoir (Antoine Bertrand) passe ses temps libres à écrire des contes abominables mettant en scène des enfants, en s'assurant d'offrir une nouvelle dimension au mot « souffrance ». Du genre Patrick Sénécal sur l’acide. L'homme vit dans un état totalitaire où, comme par hasard, les enfants disparaissent, se font torturer, et sont retrouvés morts et bafoués. L'homme, affublé d'un frère (Frédéric Blanchet)  emprisonné dans le monde de l’enfance, il écrit des histoires comme il égorge des cochons : faut que ça saigne et que ça écœure. Un jour, les autorités commencent à s'interroger. Y aurait-il un lien de cause à effet entre les contes du boucher et les affres de la réalité. Cet écrivain aurait-il donc à ce point d’influence sur la société ?

Pour être tout à fait franc, j’ai sincèrement détesté Le Pillowman. Précisément parce que c’est trop bon, trop bien fait. Le texte de McDonagh pose des questions dérangeantes et met en relief des réalités qu’on ne veut pas voir. Le Pillowman est sale, brutal, malade. La pièce est portée par  Antoine Bertrand et Frédéric Blanchet qui s’oublient à travers leurs personnages et qui démontrent à grand renfort de fragilité à quel point ils sont des acteurs d’une étonnante solidité. « Deux tas de testostérones qui font de la dentelle », comme le dit si bien le brillant metteur en scène Denis Bernard. Plus la pièce avance, moins on comprend qui fait quoi, qui dit vrai, ou pourquoi il l’a fait.

Le Pillowman est une pièce coup de poing. Après 40 minutes : K.O. technique, décision unanime des juges. Je n'avais plus envie d'être là. Pourtant, il me restait encore une heure à me tortiller et à prier pour que ça cesse.

Ma candeur et mon talent pour le beau venaient de se faire écraser par le laid, mais du laid extrêmement bien fait. Chapeau !

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

mercredi 12 janvier 2011

Les personnalités multiples de mes doubles croches


Avez-vous déjà eu l’impression d’être un homme ou une femme à personnalités multiples ? Moi, tout le temps. Chaque fois que je visse des écouteurs à mes oreilles, je m’arrête un instant pour laisser monter le nouvel extrait qui a besoin de s’exprimer.

Outre quelques exceptions (les musiques rap, punk et hip-hop n’ayant jamais fait de moi un jeune homme de mon temps), à peu près tous les styles de musique ont leur place dans ma bibliothèque iTunes.

Chaque matin, vers 8 h 20, je descends de mon 3e étage en regardant la belle Hochelaga me faire la gueule, et j’ai besoin de tout mon petit change pour avoir envie d’avancer. Je branche mon iPod pour entendre le nom de Jason Derulo dans chacune de ses chansons, j’exhorte Jonathan Painchaud de me raconter sa vie du 450, et je fais le tour de la playlist « CARDIO DÉBILE » pour me revigorer.

Ladite playlist, datant de l’hiver passé, donnait l’impression à mon cœur de sportif qu’il était à tout casser. Résultat des courses : je me suis mis à galoper sur un tapis, encouragé par un savant mélange de Coldplay, Grease, Savage Garden (essayez de ne pas avoir envie de courir en écoutant Animal, juste pour voir), Madonna, MIKA, The Killers, DJ Champion, Pink ou Sam Sparrow. Malheureusement, après 3 mois, je me suis brisé le genou. Fin de ma carrière de débile.

Pour être bien honnête, lorsque je n’essaie pas de m’autoproclamer « athlète de l’année », il m’arrive de me retrouver derrière un bureau. J’écris, j’organise, je planifie, je gosse, je relis, et je finis par envoyer. Comment survivre ? Très simple : la musique. Dans ce genre de situation professionnelle et bureaucratique, je donne généralement dans le très quétaine. Le genre de quétaine qui ferait honte à n’importe qui, si – exemple purement théorique – mes écouteurs se débranchaient de mon ordinateur en laissant résonner I’ll always be there de Rock Voisine, le son au maximum, dans tout le reste du bureau. Ouf.

En sortant du travail après un tel affront, il me faut naturellement décrocher en écoutant l’atmosphérique Alexandre Désilets. Avec le temps, l’ambiance s’embrume, le vague à l’âme me guette, et mon cœur n’entend plus que les ballades de Pierre Lapointe, d’Ariane Moffatt, de Dumas et de Tricot Machine le convaincre de se coucher en petite boule et de rester là sans bouger.

Vendredi arrive, et je me ressaisis. Je tends l’oreille à Deux par deux rassemblés (Pierre Lapointe), Love is alive (Anastacia), Ah que! (Antoine Gratton) et FutureSex LoveSound (Justin Timberlake) en réalisant que j’ai un premier rendez-vous plus tard en soirée. Je m’y rends la confiance dans l’âme et le cœur en feu.

En fin de soirée, Come what may, The Elephant Medley Song (Moulin Rouge), Something Stupid (Frank Sinatra) et Les petits riens (Jean-François Breau) jouent en boucle si je me sens tranquillement tomber amoureux.

Une semaine plus tard, étrangement sans nouvelle, je me tourne alors vers Avril Lavigne, Evanescence (pour me donner l’impression que j’écoute du heavy métal), Marie-Mai et Kelly Clarkson, lorsque la non-réciprocité me frappe de plein fouet.

S’en suivent les Catherine Major, Goo Goo Dolls (Iris), Patrick Watwon (Drifters ou The Great Escape), Portishead et Monsieur Mono si je me complais dans la tristesse du temps.

Quelques moments plus tard, la jolie Unwritten (Natasha Bedingfield) se tortille dans mes oreilles en me rappelant que je peux tout recommencer à neuf et qu'il n’en tient qu’à moi d’écouter Amos Lee, Diana Krall, India Arie, Tony Bennett, Jack Johnson et Jason Mraz lorsque se présentent une nouvelle possibilité, un nouveau souper, de nouvelles idées et des dodos collés. 

Arrive finalement ce jour où je cogne à une porte. On m’ouvre. De la musique classique joue à la radio. J’ai envie de nommer le morceau que j’ai reconnu grâce à mes années de musicien du passé. Pourtant, on met un doigt sur ma bouche et on m’invite à m’approcher. Un peu plus encore. On m’embrasse. On prend mon temps. D’un seul coup, il n’y a plus rien d’autre qui importe dans la vie que ces deux paires de lèvres qui s’embrassent sur du classique. Les rythmes défilent. Les minutes s’enfuient. Nous passons du piano doucereux au piano forte. Nos lèvres suivent les moindres crescendo et decrescendo qui jouent dans la stéréo. La tension monte. Nos mains restent à leur place. Nos vêtements aussi. Nos lèvres obéissent à la musique, elles marchent au pas du maître classique. Nous faisons corps avec un nouvel air. La double croche est notre amie. Le rubato notre compagnon de jeu. Ce jour-là, je n’ai plus besoin de me demander laquelle des musiques saura le mieux traduire ma personnalité.

Ce jour-là, nous, nos lèvres… nous sommes la musique.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

mardi 11 janvier 2011

Un jour, je ferai de ma maison un théâtre...

 

Des amis auteurs qui assistent gratuitement à la moitié des premières de théâtre, un ancien collègue de classe nouvellement nommé critique théâtral au respecté journal Le Devoir, une amie employée depuis des années par un des meilleurs théâtres de Montréal. Tant de personnes choyées et rassasiées par cet art délicieux de la théâtralité. 

Un jour, je serai grand moi aussi. Un jour, je n’aurai plus besoin d'espérer les abonnements pour « moins de 30 ans» lorsque je voudrai voir toutes les pièces qui me font envie. Un jour, je regarderai derrière moi en me demandant quelles auront été les semaines où je ne serai pas allé au théâtre, et non l’inverse. Un jour, ma vie ne fera plus seulement ressembler à une pièce de théâtre, elle y passera le plus clair de son temps.

D’ici là, plusieurs pièces m’attendent dans le détour. L’hiver sera-t-il plus riche que la scène de ma vie automnale ? Voyons voir. Petit lexique de mon année théâtrale passée et future. 

La saison qui commençait en grand : Abraham Lincoln va au théâtre a débuté mon automne avec charme et volupté. D’abord parce que les billets avaient été gagnés grâce à la présence du Théâtre Pap sur Twitter. Ensuite parce que j’avais couru comme un bon pendant 15 minutes sur la rue Saint-Laurent pour arriver deux minutes avant la levée du rideau, trop occupé que j’étais à déranger l’ordre public en chantant à tue-tête de vieux succès de Céline Dion ou de Marie-Denise Pelletier avec un iPod et un ami chanteur. Puis, surtout... parce que Abraham Lincoln va au théâtre est du théâtre inspiré, incroyablement bien interprété, drôle, touchant, et franchement différent dans sa construction et dans sa mise en scène. 

Paris-la-Belle et Eugene Ionesco s’offraient à moi : Paris, premier voyage outre-mer, je suivais les conseils du meilleur ami acteur en prenant 70 minutes de mon séjour pour aller m’asseoir au Théâtre de la Huchette, célèbre lieu théâtral du 5e arrondissement, où Eugène Ionesco présentait ses œuvres mythiques il y a déjà 60 ans. Environ six décennies plus tard, La Cantatrice Chauve et La Leçon y jouent encore, sans interruption. Rigolo, ironique, absurde. Du pur Ionesco. Les vieux théâtres poussiéreux ne m'auront jamais paru aussi accueillants.

Note à moi-même --> toujours écouter mes premières impressions : Le Théâtre de Quat’Sous du TNM est l’exemple parfait de ces instants où l'on devrait toujours se fier à nos pressentiments. Malgré le plaisir énorme que j'ai habituellement en voyant le chant et le théâtre se faire des yeux doux, je n’étais pas tenté à l’idée d'assister aux prouesses de Serge Postigo et d'Émilie Bibeau. Puis, la « faveur populaire » s'est emportée et m’a convaincu du contraire. Une fois sur place : « oh dear God, what have I done ? ». Des personnages au destin dont je me foutais, une œuvre dénuée d’âme, des acteurs qui ne m’ont jamais convaincu. Résultat : l’outrage au théâtre, j’ai quitté à l’entracte…
Quand La Licorne se transforme en Espace GO : Le Théâtre La Licorne, jeune, contemporain, vivant, un de mes préférés, a choisi de prendre congé cette année pour se refaire une beauté. C’est ainsi que j’ai pu me laisser envoûter par Yellow Moon à l’Espace GO. Un spectacle confortable, brûlant, réconfortant, captivant, déroutant, touchant.
Aller au théâtre en prenant son bain : Il fallait bien un auteur à l’écriture hyperactive pour avoir l’idée de présenter sa Martine à la plage dans l’ancienne piscine des Bains St-Michel. Très mauvais pour le dos, mais divertissante à souhait quand dehors il pleut à scieau. Cette nouvelle œuvre de Simon Boulerice m’a donné l’impression de rester en surface trop longtemps, mais elle m’a néanmoins permis de rire, de danser sur mon banc de piscine, et de me décrocher la mâchoire devant le talent de l’actrice Sarah Berthiaume.

Un peu de tendresse, bordel de merde : spectacle-culte du danseur-chorégraphe Dave St-Pierre. On est vendredi, il est 20h, je suis réfugié dans mon cocon d’appartement, habillé d’un pyjama des plus confortable. Puis, Facebook clignote : un ami m’offre un billet pour mon « premier Dave St-Pierre » à vie. Rendez-vous à la Maison de la Culture Frontenac, la pièce débute à 22 heures, et la file de spectateurs est déjà longue, très longue. On vient de loin pour voir St-Pierre. Dix minutes plus tard, ça débute. Ça surprend. Ça fait rire. Ça choque. Mais pas tant que ça. Le spectacle a une réputation de bordel surfaite. Puis, ça se calme, ça s’embellit, ça s’attendrit. Mais pas tant non plus. À vrai dire, cette œuvre est forte. Elle marque son homme. Elle émeut. Elle fait bouger les choses. Mais elle subit les frasques d’un bouche-à-oreille plus grand que nature. 

Dieu et Déesse du Nouveau-Monde : Guy Nadon et Christiane Pasquier ont prouvé une fois de plus cet automne pourquoi ils trônent au sommet de leur art dans Le Dieu du Carnage. Les deux acteurs ont été grands, ils ont été beaux, ils ont été follement brillants. Servis par un texte au rythme contraignant (ça passe ou ça casse, à tous les soirs), Nadon et Pasquier étaient accompagnés d’une Anne-Marie Cadieux qui a surjoué admirablement, et par un James Hyndman qui a tenté d'en faire autant, mais sans jamais s’approcher de l’admiration. 

Ma petite tradition festive à moi : quatrième présence au spectacle des Contes Urbains, exceptionnellement présentés à la Salle Fred Barry. Pas la meilleure année, pas la plus drôle, pas la plus trash, mais assurément un belle soirée. Mention toute spéciale au conte écrit par Simon Boulerice et interprété par Frédéric-Antoine Guimond : jamais Mariah Carey et les drinks Popers ne m’auront rappelé autant de souvenirs souriants.

Treize à table : Linda Sorgini et Carl Béchard qui "mettent le feu" au Théâtre du Rideau-Vert, Anne Casabonne qui prouve à quel point il est bon qu'elle ait été révélée au grand public dans La Galère en nous servant une amoureuse pleine de vengeance, Évelyne Rompré qui joue la femme saoule la plus drôle, la plus physique et la plus crédible de ma petite humanité, une histoire sympathique, un sens du timing fort appréciable, une charmante soirée entourée d'un public composé à 90% d'hommes et de femmes qui pourraient être mes grands-parents. Toujours amusant.

Le spectacle que je suis triste d’avoir manqué : Donka, à l’Usine C, pour sa mise en scène, son inventivité, et tout, et tout.

Tous ceux que j’irai voir cet hiver et ce printemps : la lecture publique de Faire des enfants au Théâtre Quat'Sous, Tom à la ferme, Toxique, et  (…) au Théâtre d’Aujourd’hui, La Belle et la Bête, et Hamlet au TNM, Attends-moi à La Licorne itinérante, Les Mutants, Projet Andromaque, et The Dragonfly of Chicoutimi à l’Espace GO, et tant d’autres que La Vitrine pourra m’offrir dans les prochaines semaines.

Les spectacles qui m’ont marqué l’an dernier et qui reviennent bientôt : Le Pillowman et Belles-Sœurs – The Musical. 

Les critiques viendront. Oh oui, elles viendront.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

lundi 10 janvier 2011

Ce roman qui valait mieux que des feux d'artifice


Soir de décembre, un certain 24 pour être plus précis, le salon familial est le témoin bien involontaire de ma bataille interminable avec le papier d'emballage qui recouvre quelques-uns de mes cadeaux. 

Parmi eux, un roman : Encore un pont à traverser, quatrième ouvrage de l'auteur et journaliste Lucie Pagé. Lorsque j'ai découvert le titre de cette brique d'environ 600 pages, un léger sourire est venu se dessiner sur mon visage. Ayant beaucoup apprécié la lecture de ses trois premiers romans (Mon Afrique, EVA, Notre Afrique), j'étais particulièrement curieux à l'idée de découvrir son dernier-né. Toutefois, j'étais loin de me douter que j'allais préférer passer la Veille du Jour de l'An en tête-à-tête avec ce bouquin, plutôt que d'aller aux soirées de festivités auxquelles on m'avait convié...

Encore un pont à traverser est un de ces romans qui dépassent tous les autres d'une tête. Les Grands Romans ne sont pas légion, mais ils existent. Ils ont généralement cette qualité  incomparable de savoir transporter leurs lecteurs. Pas seulement de leur accrocher un sourire au passage ou de les éloigner de leur quotidien, mais carrément de leur donner envie d'être au cœur de l'histoire en soi. Lorsqu'il s'agit d'un drame social et politique teinté de suspense, d'affrontements  humains et d'histoire d'amour homosexuelle interdite, dans une ville pas très loin de l'Afrique du Sud ségrégationniste des années 60 à 80, il faut le faire...

Essayer de résumer Encore un pont à traverser me semble une tâche bien délicate. Parlons d'abord d'une ville d'Afrique, d'un clan qui se tient - les Groleau - de leur envie de grandir, d'apprendre, et de faire tomber les barrières, le tout brassé dans un contexte d'apartheid et de droits humains bafoués

Histoire de justice et d'humanité un peu cliché ? Pas exactement non. Parce que Lucie Pagé y a insufflé un petit quelque chose de différent. Parmi les nombreux thèmes qu'elle a abordés dans son roman, Pagé a osé s'attarder à une homosexualité qui essaie de survivre  dans un contexte où le fait d'être né autrement que blanc est déjà une difficulté suprême. Tout au long de ce récit habilement dénué de temps morts, l'auteur réussit à parler d'amour vrai, de liberté, de liens du sang. Elle aborde de front des histoires de résistance, ainsi qu'un savoureux thriller policier qui nous jette sur le dos à toutes les 50 pages, sans jamais nous donner envie de crier à l'invraisemblance. On est juste sur le cul, du début à la fin.

Captivé, interpellé, touché, transporté, j'ai lu Encore un pont à traverser d'une seule traite. Je l'ai apprivoisé, je l'ai aimé, je m'en suis ennuyé, je n'ai plus voulu le quitter. Je l'ai lu chaque jour en craignant de voir la fin arriver. Je l'ai dévoré le coeur en chamade, la paupière humide, le souffle court, le rire aux éclats. Je sentais vibrer les palpitations de chacun des personnages comme si c'était dans mon coeur qu'elles résonnaient. 

Lire un roman divertissant, c'est bien, mais lire un roman divertissant qui donne l'impression d'être  un peu plus vivant que la veille, c'est bien mieux.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

2010 - Encore un pont à traverser (Libre Expression) 


dimanche 9 janvier 2011

La première impression...


Comment débute-t-on le blogue qui nous trotte dans la tête depuis des lunes ?

En étant un digne descendant de la race des journalistes dont je fais partie à ma façon depuis plusieurs années : en me posant des questions. En étant un empêcheur de tourner en rond. Un observateur. Un penseur. Un instinctif.

En étant vrai. En livrant le fond de ma pensée. Avec passion et respect. Connaissances nombreuses sur les arts et sur le monde. En étant doté d'une naïveté sans borne, d'une soif de comprendre inaltérable, et d'un désir de grandir inachevé.

En me basant d'abord et avant tout sur mon envie d'écrire afin de libérer le flot de pensées qui s'accumulent dans mon esprit de seconde en seconde. Parce que Twitter et Facebook, c'est amusant, mais ce n'est pas assez. Parce qu'un travail à temps plein qui me demande de produire des dizaines, voire des vingtaines de pages de communications chaque semaine, ce n'est pas assez non plus.

Je traîne l'étiquette de "chroniqueur culturel" depuis des années. Je travaille pourtant dans le domaine sportif. Je suis un artiste qui aime le sport. Et le monde. Et la politique. Et l'actualité. Un vivant quoi.

Je vais voir entre 20 et 35 pièces de théâtre par année, à peu près tout ce qui est digne d'être vu au cinéma une semaine après l'autre, j'ai une curiosité musicale aussi grande que ma discographie (une fierté vachement difficile à déménager, surtout quand on a changé d'appartement 8 fois en 7 ans), j'ai une bibliothèque des plus imposante et je compte bien continuer ainsi toute ma vie.

Voilà. Ce sera l'art, ce sera la vie. Ce sera long, ce sera court. Réfléchi, spontané, punché, pensif. Ce sera moi.

Prêt pour le décollage ?

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin