J'ai maintenant le droit de dire que j’étais LÀ, le lundi 24 janvier 2011, lorsque le Théâtre de Quat’Sous a offert à une poignée d’amoureux du théâtre une lecture publique de la pièce Faire des Enfants, du jeune auteur Éric Noël. Une telle affirmation peut sembler pompeuse et surfaite, mais lorsque l’on découvre une œuvre en ayant l’impression que quelque chose de spécial est en train de se passer, et que l’on en ressort complètement remué, on est en droit de prétendre avoir été témoin de quelque chose de grand.
Faire des Enfants, c’est l’histoire de Philippe, un jeune homme de 24 ans qui se remplit de sexe, qui se transvide d’amour, et qui ne sait plus comment faire la différence entre sa queue et son cœur. Philippe ne donne pas seulement dans l’étourdissement, dans l’affirmation maladroite de soi ou dans la quête absolue du regard de l’autre, non, il choisit carrément de se provoquer, de se mettre en danger et de se noyer lui-même, dans l’espoir suprême de se déposséder.
L’écriture de Faire des Enfants est d’une maturité saisissante. Chaque mot est à sa place, chaque virgule, chaque souffle. Éric Noël va au fond du moindre des sentiments. Il prend le laid, le sale, le puant, l’abject et le dépravé en le poussant au maximum pour en faire une œuvre qui nous accroche le cœur.
La distribution de la pièce est à jeter par terre. Josée Deschênes et Luc Picard transcendent leurs personnages de parents d’un enfant dont ils subissent les affres sans les comprendre. La douleur, l’intensité et le trouble qui les habitaient étaient d’une beauté rare. Même une fois assis sur leurs chaises, en laissant la parole à d’autres, Picard et Deschênes continuaient de vibrer sur des cordes qui semblaient leur faire mal.
Également sur scène pour jouer la sœur de Philippe, Mélissa Désormeaux-Poulin, dont les yeux exprimaient toute la force fragile qui semble l’habiter avant même que son tour de parole ne vienne, un peu comme si l’hypersensibilité tranquille qu’on sent chez elle avait compris quelque chose que les autres ne voient pas, et qu’elle tentait activement de l’apprivoiser.
Faire des Enfants, c’est l’histoire de Philippe, un jeune homme de 24 ans qui se remplit de sexe, qui se transvide d’amour, et qui ne sait plus comment faire la différence entre sa queue et son cœur. Philippe ne donne pas seulement dans l’étourdissement, dans l’affirmation maladroite de soi ou dans la quête absolue du regard de l’autre, non, il choisit carrément de se provoquer, de se mettre en danger et de se noyer lui-même, dans l’espoir suprême de se déposséder.
L’écriture de Faire des Enfants est d’une maturité saisissante. Chaque mot est à sa place, chaque virgule, chaque souffle. Éric Noël va au fond du moindre des sentiments. Il prend le laid, le sale, le puant, l’abject et le dépravé en le poussant au maximum pour en faire une œuvre qui nous accroche le cœur.
La distribution de la pièce est à jeter par terre. Josée Deschênes et Luc Picard transcendent leurs personnages de parents d’un enfant dont ils subissent les affres sans les comprendre. La douleur, l’intensité et le trouble qui les habitaient étaient d’une beauté rare. Même une fois assis sur leurs chaises, en laissant la parole à d’autres, Picard et Deschênes continuaient de vibrer sur des cordes qui semblaient leur faire mal.
Également sur scène pour jouer la sœur de Philippe, Mélissa Désormeaux-Poulin, dont les yeux exprimaient toute la force fragile qui semble l’habiter avant même que son tour de parole ne vienne, un peu comme si l’hypersensibilité tranquille qu’on sent chez elle avait compris quelque chose que les autres ne voient pas, et qu’elle tentait activement de l’apprivoiser.
Il serait fort inconvenant de passer sous silence la présence incroyable de Geneviève Schmidt, une actrice que je voyais jouer pour la première fois sous les traits de Philadelphie, la meilleure amie de Philippe qui subit sans cesse la détresse de son ami en se demandant ce qu’elle vaut réellement à ses yeux pour subir pareil traitement. En ouvrant la bouche, l’actrice a élevé le niveau de jeu d’un cran avec une vérité et un naturel qui faisaient oublier aux spectateurs qu'ils étaient au théâtre.
Bien sûr, il y a Marc-André Goulet, l’acteur qui traîne le corps et les mots du fameux Philippe à bout de bras. Belle gueule, charmeur, Goulet défile les mots d’Éric Noël comme s’ils les avaient en bouche depuis toujours. On entend dans sa voix la séduction feutrée des hommes qui se savent attirants et qui n’ont pas besoin de se donner la peine de s’intéresser aux autres pour avoir l’impression d’être comblés. Marc-André Goulet possède à merveille la désinvolture un peu baveuse qui m'apparaît nécessaire au personnage. Bien que Josée Deschênes et Luc Picard lui volent la vedette, ce n’est pas faute de talent. Ses parents théâtraux étaient tout simplement plus habités qu’il ne l’était.
Outre les interprétations de Daniel Thomas et de Sébastien Dodge, nullement convaincants dans la peau de ces deux hommes qui veulent se payer le cul de Philippe, Faire des Enfants est rien de moins qu’une petite perle dans l’océan théâtral québécois des dernières années.
Son auteur, Éric Noël, a complété depuis peu le programme d’écriture dramatique de l’École Nationale de Théâtre, et vient de remporter le prix Gratien Gélinas, honneur décerné à la relève en écriture dramatique au Canada, assorti d’une bourse de 12 000 $ pour l’auteur et de 15 000 $ pour la présentation de son œuvre l’automne prochain, au Théâtre de Quat’Sous.
Après ce qu’on vient de découvrir, impossible de ne pas rêver à la production complète de Faire des Enfants. Impossible.
Et vous, avez-vous déjà eu l'impression d'assister à une production artistique qui marquait un tournant ?
Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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