dimanche 16 janvier 2011

Blue Valentine : la petitesse des grandes déchirures


Le flm Blue Valentine est un petit bijou composé d’allers-retours entre le passé et le présent, partant de cette époque où les personnages interprétés par Ryan Gosling et Michelle Williams se découvrent, jusqu’au jour où ils se détruisent ; de cette journée où le synchronisme de la vie les a fait tomber l’un pour l’autre, jusqu’à cette soirée où ils n’ont plus eu envie de se relever.

Le réalisateur et co-scénariste Derek Cianfrance, qui était pratiquement inconnu avant de créer ce film indépendant, s'attarde ici à toutes les petites choses qui ont construit et démoli un couple qui ressemble à tout le monde et à personne à la fois.

Tout de Blue Valentine est mis au service de la rencontre, de ces premiers moments où quelque chose de petit, de léger et de particulièrement indéfinissable se produit. Ces moments où la présence et le souvenir de l’autre suffisent à transformer la conscience de nos cinq sens en réactions exponentielles. C’est plus que des besoins satisfaits, des habitudes qui se développent, et un couple qui se construit. C’est l’impression de vibrer sur de nouvelles cordes, un peu comme si la musique du monde se réécrivait à chacun de nos pas. C’est toutes ces petites choses qui n’existent pas dans le cinéma de la planète Hollywood.

Les petits riens qui changent tout et les grandes déchirures qui emportent le reste. La main qui s’isole, le regard qui juge, la parole qui blesse, le souffle qui exaspère. Cet instant où l’on en vient à se demander comment on a pu ressentir ne serait-ce qu’un début d’affection pour quelqu’un qu’on a désormais envie de choquer, de blesser, de quitter et de voir disparaître.

On sort de Blue Valentine en se sentant profondément habité par certains regards, certaines images. Michelle Williams est à contre-courant, fragilisée, réconfortée, séduite, aimée, dépassée, désabusée. Ryan Gosling est ouvert, désinvolte, présent, blessé, impuissant, violenté et sacrifié.

Assister à une projection de Blue Valentine, c’est accepter d’être témoin du plus beau comme du plus laid. C’est également accepter d’y entrer avec une certaine vision de l’amour, et d’en sortir en ne sachant plus du tout quoi en penser.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

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