En assistant au Projet Andromaque de l’Espace GO, impossible de ne pas avoir l’impression que les mots de Racine ont le pouvoir de séparer les Hommes des enfants. Naturellement, les spectateurs ont tout le loisir d'adorer, de détester ou d'être nuancés. Cependant, les acteurs engagés pour plonger dans les affres de l’après-guerre de Troie n’ont d’autres choix que d’être doués et incroyablement chevronnés.
Je dois avouer que les 40 premières minutes du Projet Andromaque m’ont grandement fait douter. Les spectateurs sont placés de chaque côté de la scène, le décor est dépouillé, de grandes tables de bois y sont installées, huit textes d’une épaisseur poétique y ont été laissés, et les acteurs font leur entrée. Nul homme ne peut passer à côté de la richesse incroyable du texte de Jean Racine. Malheureusement, ses rimes infinies, son rythme alexandrin et son vocabulaire stylisé peuvent trop souvent donner au texte un sentiment d’imperméabilité.
N’entre pas qui veut dans le monde de Jean Racine, encore moins lorsque ses mots sont mis au service d’une tragédie grecque aux dimensions pour le moins complexes. Bien que les noms d’Hermione, d’Andromaque, d’Oreste, d’Hector, d’Hélène, de Pyrrhus, et de Troie me soient plus que familiers, la lecture d'un résumé des grands conflits de la Grèce Antique m'aurait été très utile avant de pénétrer dans leur histoire.
L’idée de mettre de l’avant la beauté et la pureté du texte de Racine en demandant aux comédiens de passer le premier tiers de la pièce assis sur leur chaise est directement responsable de l'âpreté des premiers instants. De toute évidence, on ne peut faire autrement que d’être charmé par un tel talent pour le verbe, mais le mouvement étant généralement un fier allié des plus beaux mots, le Projet Andromaque a pu littéralement prendre son envol lorsque les acteurs ont été libres de bouger.
Je dois avouer que les 40 premières minutes du Projet Andromaque m’ont grandement fait douter. Les spectateurs sont placés de chaque côté de la scène, le décor est dépouillé, de grandes tables de bois y sont installées, huit textes d’une épaisseur poétique y ont été laissés, et les acteurs font leur entrée. Nul homme ne peut passer à côté de la richesse incroyable du texte de Jean Racine. Malheureusement, ses rimes infinies, son rythme alexandrin et son vocabulaire stylisé peuvent trop souvent donner au texte un sentiment d’imperméabilité.
N’entre pas qui veut dans le monde de Jean Racine, encore moins lorsque ses mots sont mis au service d’une tragédie grecque aux dimensions pour le moins complexes. Bien que les noms d’Hermione, d’Andromaque, d’Oreste, d’Hector, d’Hélène, de Pyrrhus, et de Troie me soient plus que familiers, la lecture d'un résumé des grands conflits de la Grèce Antique m'aurait été très utile avant de pénétrer dans leur histoire.
L’idée de mettre de l’avant la beauté et la pureté du texte de Racine en demandant aux comédiens de passer le premier tiers de la pièce assis sur leur chaise est directement responsable de l'âpreté des premiers instants. De toute évidence, on ne peut faire autrement que d’être charmé par un tel talent pour le verbe, mais le mouvement étant généralement un fier allié des plus beaux mots, le Projet Andromaque a pu littéralement prendre son envol lorsque les acteurs ont été libres de bouger.
Les acteurs se parlent, se touchent, se rapprochent et s’opposent. La colère et les enjeux de ces hommes et de ces femmes d’un autre monde nous apparaissent soudainement plus vrais et plus concrets. Les quatre acteurs principaux (Anne Dorval, Jean-François Casabonne, Julie McClemens et François-Xavier Dufour) sont puissants, fragiles, fiers, et nous amènent avec eux dans cette Grèce des tragédies anciennes. La mise en scène de Serge Denoncourt révèle quantité d’images fortes et de tensions dramatiques admirablement servies par un décor, une musique, des éclairages et quelques accessoires qui suffisent à nous faire croire qu’on est ailleurs.
La salle est ainsi plongée dans cette histoire où Andromaque est terrassée par la mort de son Hector, tout en se refusant au mariage que lui propose Pirrhus. Ce dernier est déchiré par son désir de lier son destin à la froide Andromaque et par ses envies de raviver les ardeurs d’Hermione, elle-même perdue entre son amour-haine pour Oreste et sa volonté secrète de voir Pirrhus céder à chacune de ses demandes.
Jean-François Casabonne a l’étoffe d’un roi et la crédibilité des Grands Hommes. Julie McClemens a le tourment palpable et brûlant. François-Xavier Dufour use de tout ce qu’il est pour rendre justice à la puissante virilité et à l’amour exacerbé de son Oreste. Anne Dorval nous prouve qu’il y a quelque chose en elle qui a été libéré par le Projet Andromaque, alors que son Hermione est captivante, cruelle, et enflammée.
Tout le monde ne peut pas aimer les mots tragiques de Jean Racine, et tout le monde ne peut pas non plus se brancher d’un seul coup sur la colère des grands de ce monde. Mais lorsque le déclic se produit, lorsque les mots d’un autre temps réussissent à nous séduire, on quitte les murs de ce théâtre avec la conviction d’avoir vécu un moment incontournable de notre vie.
Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
Projet Andromaque
Espace GO
Espace GO
18 janvier au 12 février
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