Avez-vous déjà eu l’impression d’être un homme ou une femme à personnalités multiples ? Moi, tout le temps. Chaque fois que je visse des écouteurs à mes oreilles, je m’arrête un instant pour laisser monter le nouvel extrait qui a besoin de s’exprimer.
Outre quelques exceptions (les musiques rap, punk et hip-hop n’ayant jamais fait de moi un jeune homme de mon temps), à peu près tous les styles de musique ont leur place dans ma bibliothèque iTunes.
Chaque matin, vers 8 h 20, je descends de mon 3e étage en regardant la belle Hochelaga me faire la gueule, et j’ai besoin de tout mon petit change pour avoir envie d’avancer. Je branche mon iPod pour entendre le nom de Jason Derulo dans chacune de ses chansons, j’exhorte Jonathan Painchaud de me raconter sa vie du 450, et je fais le tour de la playlist « CARDIO DÉBILE » pour me revigorer.
Ladite playlist, datant de l’hiver passé, donnait l’impression à mon cœur de sportif qu’il était à tout casser. Résultat des courses : je me suis mis à galoper sur un tapis, encouragé par un savant mélange de Coldplay, Grease, Savage Garden (essayez de ne pas avoir envie de courir en écoutant Animal, juste pour voir), Madonna, MIKA, The Killers, DJ Champion, Pink ou Sam Sparrow. Malheureusement, après 3 mois, je me suis brisé le genou. Fin de ma carrière de débile.
Pour être bien honnête, lorsque je n’essaie pas de m’autoproclamer « athlète de l’année », il m’arrive de me retrouver derrière un bureau. J’écris, j’organise, je planifie, je gosse, je relis, et je finis par envoyer. Comment survivre ? Très simple : la musique. Dans ce genre de situation professionnelle et bureaucratique, je donne généralement dans le très quétaine. Le genre de quétaine qui ferait honte à n’importe qui, si – exemple purement théorique – mes écouteurs se débranchaient de mon ordinateur en laissant résonner I’ll always be there de Rock Voisine, le son au maximum, dans tout le reste du bureau. Ouf.
En sortant du travail après un tel affront, il me faut naturellement décrocher en écoutant l’atmosphérique Alexandre Désilets. Avec le temps, l’ambiance s’embrume, le vague à l’âme me guette, et mon cœur n’entend plus que les ballades de Pierre Lapointe, d’Ariane Moffatt, de Dumas et de Tricot Machine le convaincre de se coucher en petite boule et de rester là sans bouger.
Vendredi arrive, et je me ressaisis. Je tends l’oreille à Deux par deux rassemblés (Pierre Lapointe), Love is alive (Anastacia), Ah que! (Antoine Gratton) et FutureSex LoveSound (Justin Timberlake) en réalisant que j’ai un premier rendez-vous plus tard en soirée. Je m’y rends la confiance dans l’âme et le cœur en feu.
En fin de soirée, Come what may, The Elephant Medley Song (Moulin Rouge), Something Stupid (Frank Sinatra) et Les petits riens (Jean-François Breau) jouent en boucle si je me sens tranquillement tomber amoureux.
Une semaine plus tard, étrangement sans nouvelle, je me tourne alors vers Avril Lavigne, Evanescence (pour me donner l’impression que j’écoute du heavy métal), Marie-Mai et Kelly Clarkson, lorsque la non-réciprocité me frappe de plein fouet.
S’en suivent les Catherine Major, Goo Goo Dolls (Iris), Patrick Watwon (Drifters ou The Great Escape), Portishead et Monsieur Mono si je me complais dans la tristesse du temps.
Quelques moments plus tard, la jolie Unwritten (Natasha Bedingfield) se tortille dans mes oreilles en me rappelant que je peux tout recommencer à neuf et qu'il n’en tient qu’à moi d’écouter Amos Lee, Diana Krall, India Arie, Tony Bennett, Jack Johnson et Jason Mraz lorsque se présentent une nouvelle possibilité, un nouveau souper, de nouvelles idées et des dodos collés.
Arrive finalement ce jour où je cogne à une porte. On m’ouvre. De la musique classique joue à la radio. J’ai envie de nommer le morceau que j’ai reconnu grâce à mes années de musicien du passé. Pourtant, on met un doigt sur ma bouche et on m’invite à m’approcher. Un peu plus encore. On m’embrasse. On prend mon temps. D’un seul coup, il n’y a plus rien d’autre qui importe dans la vie que ces deux paires de lèvres qui s’embrassent sur du classique. Les rythmes défilent. Les minutes s’enfuient. Nous passons du piano doucereux au piano forte. Nos lèvres suivent les moindres crescendo et decrescendo qui jouent dans la stéréo. La tension monte. Nos mains restent à leur place. Nos vêtements aussi. Nos lèvres obéissent à la musique, elles marchent au pas du maître classique. Nous faisons corps avec un nouvel air. La double croche est notre amie. Le rubato notre compagnon de jeu. Ce jour-là, je n’ai plus besoin de me demander laquelle des musiques saura le mieux traduire ma personnalité.
Ce jour-là, nous, nos lèvres… nous sommes la musique.
Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
Pouahh tu t'es vraiment cassé le genou en t'entraînant comme un malade? o_O
RépondreSupprimerJ'adore: « je descends de mon 3e étage en regardant la belle Hochelaga me faire la gueule» :))!
Je serais curieuse de savoir combien de temps tu passes devant ton écran à pianoter sur ton clavier? Cet article est sans conteste mon préféré, celui qui est venu le plus me toucher!
Et ta photo te représente bien, enfin la représentation que je me fais de toi: quelqu'un qui a toujours quelque chose en tête, éternel pensif et rêveur... et qui s'occupe toujours pour le mieux ;)!
-K
Eh oui, je me suis vraiment brisé le genou sur un tapis roulant, parole de mon physio.
RépondreSupprimerCombien de temps je passe devant mon écran à pianoter pour écrire un texte ? Ou chaque jour ?
Je me trompe si je dis que la musique et la télévision ont plus de chances de te rejoindre que le théâtre (très présent dans ma vie) ?
Pour écrire un texte, qui rime quasiment et tout ;)!
RépondreSupprimerEh non, tu ne te trompes pas ahah! Le théâtre m'endort, à part les pièces comiques... alors le lire... en plus. Un sujet trop élitiste pour moi! Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de public pour ça!
Il y a aussi que dans ce texte sur la musique, tu t'es ouvert un peu sur l'amour... une conquête d'un soir ou une relation qui dure encore, on ne sait pas trop. Alors c'est ça aussi qui est venu me chercher.
-K
Très honnêtement, j'écris tellement ces jours-ci que ça me vient tout seul. Une heure ou deux par texte, selon l'inspiration.
RépondreSupprimerAvec ce que je fais pour le boulot, pour le roman, pour le blogue, la lecture, les mots virevoltent dans ma tête sans que je force les rimes.
Je comprends tout à fait qu'une forme d'art te rejoigne moins qu'une autre. Je suis dans un blitz de 10 jours de théâtre, mais il sera aussi question d'opéra et de danse cette semaine, et beaucoup plus de télé, de musique et de cinéma dans le futur.
Même si tu n'aimes pas le théâtre, va lire le texte sur Projet Andromaque. Après avoir écouté Racine pendant 2 heures, mon cerveau ne pouvait faire autrement que de rimer en écrivant.
Hmmm, cette fameuse finale du texte sur la musique... un mélange de réalité et de fiction. Je n'en dis pas plus. ;-) Mais Dieu que c'était puissant.