vendredi 28 janvier 2011

Peut-on être touché par une version de LA BELLE ET LA BÊTE pour les Nuls ?


Même si les critiques qui m’ont précédé au TNM étaient presque toutes dithyrambiques, je n’ai pas pu m’empêcher de sortir du théâtre de la rue Ste-Catherine avec la triste impression d’avoir assisté à une version de La Belle et la Bête pour les Nuls.

Le Théâtre du Nouveau Monde est une institution grand public reconnue depuis longtemps pour ratisser large en mettant à l’affiche des pièces qui sont susceptibles de plaire au plus grand dénominateur commun. Toutefois, rarement le TNM ne m’aura donné à ce point l’impression de vouloir me tenir la main en m’offrant une pièce aussi infantilisante. 

Dès les premiers instants, les spectateurs sont questionnés : « Qui êtes-vous ? » ; « Quelle part de laideur acceptez-vous d’afficher aux yeux de tous ? » ; « Qu’est-ce donc que la laideur ? ». Les mots de Pierre-Yves Lemieux nous interpellent, nous font réagir, et nous invite à réfléchir. Ironiquement, la suite de son histoire ne nous en laisse presque jamais la chance.

La Belle et la Bête n’est pas simplement construite sur un texte limpide ou doté d’une habile trame narrative, elle est carrément menée par un auteur et des metteurs en scène (Victor Pilon et Michel Lemieux) qui guident notre réflexion en nous offrant des réponses toutes faites. Les métaphores sont simplifiées. Les images sont verbalisées. Les impressions sont concrétisées. Il n’y a plus rien qui soit sujet à interprétation. À vrai dire, ce texte est au théâtre ce qu’un souper mangé sur le pouce est à la gastronomie : rien d’autre que du gavage.
Le cinéma et ses petites lunettes 3D peuvent bien aller se rhabiller
Heureusement pour nous, la mise en scène hautement technologique est captivante. Les projections de décors et de température ambiante réussissent à nous transporter en démontrant à quel point les films présentés en 3D au cinéma n’ont pratiquement rien d'intéressant. Malheureusement, une fois que l’émerveillement de la nouveauté est passé, on finit par se dire « ok, et puis après » ? Est-ce que l’histoire est meilleure ? Est-ce que le propos est un peu plus porteur ? Est-ce que les acteurs sont encore plus touchants ? La réponse est non.

On est loin de la version de Disney...
François Papineau joue une « Bête » présentée comme un homme défiguré ayant le cœur brisé, alors que Bénédicte Décary nous offre une « Belle » artiste en quête de différence. Les deux acteurs sont justes, mais on les sent pris dans la rigidité de la scénographie. Ils sont beaux et talentueux, mais jamais renversants, ni déstabilisants.

Heureusement, il y a Andrée Lachapelle, la belle et grande Andrée Lachapelle, qui passe le plus clair de son temps à s’adresser au public ou à des acteurs en chair et en os. On la sent vivre, rire, et souffrir. On est touché par le talent d'Andrée Lachapelle.

Bref, si vous allez voir La Belle et la Bête au TNM, vos yeux vont s’amuser, votre cerveau aura tout le loisir de se débrancher, mais vos sens, votre cœur et votre esprit ne seront que très peu sollicités. Tant qu’à perdre votre temps et votre argent, relouez dont la version de Disney. Vous aurez au moins le bonheur de replonger dans vos souvenirs d’enfance.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

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