samedi 9 février 2013

Critique du spectacle d’Ingrid St-Pierre : comme un petit bout d’éternité


Déjà forte de dizaines de spectacles depuis le lancement de son deuxième album, L’Escapade, le 31 octobre dernier, Ingrid St-Pierre a déposé son univers au La Tulipe afin d’envelopper de sa tendre chaleur les centaines de spectateurs qui ont bravé le froid en ce vendredi de fausse tempête. 

Au son des premières notes du erhu, un violon traditionnel chinois d’une beauté pratiquement impossible à mettre en mots, la salle au coin de Papineau et de Mont-Royal est entrée en transe. Attentifs, émus et attendris par une succession de perles chantées, les spectateurs buvaient les paroles de mam’zelle St-Pierre comme si elle possédait une parcelle d’humanité à laquelle personne n’avait touché avant elle. 

Affirmant en entrevue qu’elle ne voulait plus porter l’image de la jeune fille frêle et fragile que certains lui collaient depuis ses débuts, Ingrid St-Pierre est arrivée sur scène plus solide qu’à la même époque l’année dernière, alors qu’elle impressionnait déjà par sa maîtrise vocale, instrumentale et émotive. Pianotant d’un doigté assuré, laissant flotter sa voix avec une douce légèreté et s’amusant à contextualiser ses chansons avec juste assez de mots pour nous charmer, la blondinette chanteuse s’est également permis quelques chansons seule au micro. Dénuée du rempart protecteur qu’est son piano, elle n’a pas hésité à montrer toute la force et la vulnérabilité qu’un tel acte demande, et ce, pour notre plus grand plaisir. 

Qu’elle nous raconte ses maladresses amoureuses, ses escapades imaginaires, ses nuits dans l’Ouest canadien, ses envolées déambulatoires dans les quartiers de la métropole, ses plans machiavéliquement romantiques, sa nostalgie de l’âme et du cœur, ou qu’elle attache les ficelles de mémoire de sa grand-mère, Ingrid St-Pierre nous donne l’impression de faire l’amour à chacune de ses chansons, tant elle est connectée avec ses paroles et l’univers qui l’entoure. 

Pendant que les non-initiés découvrent ses histoires avec un sourire en coin, une larme à l’œil ou un éclat de rire au fond du ventre, les habitués continuent de se délecter du talent de l’auteure-compositrice-interprète en goûtant aux saveurs insoupçonnées de ses mots et de ses mélodies.  

En poursuivant au cours des prochains mois une tournée qui la mènera partout au Québec et ailleurs en France, Ingrid St-Pierre nous fait un peu l’effet d’une nouvelle amoureuse : si une partie de nous voudrait crier au monde qu’elle est l’une des plus belles choses qui soient arrivées à la musique québécoise depuis longtemps, une petite voix fredonne au creux de notre oreille qu’il serait bon de la garder pour nous encore un petit moment, afin de profiter d’une intimité magnifiée pour un semblant d’éternité.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Dates de sa tournée : http://www.ingridstpierre.com/Default.asp?p=5
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La rentrée montréalaise (2011) d'Ingrid St-Pierre dépasse toutes les espérances

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