Exactement deux ans après avoir renversé le public montréalais avec sa chorégraphie dans Searching for home, Stephan Thoss revient à la charge en plongeant les danseurs des Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) dans l’univers onirique du « Rêve ».
Dès les premiers instants du spectacle, un agréable constat s’impose : il fait bon de retrouver les danseurs de la troupe montréalaise. Après avoir flirté avec deux spectacles aux directions artistiques mémorables, mais aux niveaux techniques qui laissaient à désirer, Love Lies Bleeding de l’Alberta Ballet et La Lanterne rouge du Ballet national de Chine, le public montréalais a pu remarquer à quel point les GBCM sont d’un niveau supérieur. Non seulement font-ils preuve d’un synchronisme presque parfait lorsque la situation l’impose, mais ils sont également capables de rendre une chorégraphie fichtrement plus relevée avec un mélange de grâce, d’incarnation et de splendeur.
Cette fois, les spectateurs sont invités dans un monde où rêves et cauchemars se côtoient, sans réelle trame narrative ou semblant de fil conducteur. Dans cette nouvelle création de Stephan Thoss, l’inconnu est roi, le concret cède sa place au flou, les frontières de l’imaginaire sont vivement rabattues au sol, l’inintelligible prend le dessus et l’œil du spectateur est témoin d’une succession de moments sublimes. S’inspirant à de nombreuses reprises du peintre surréaliste René Magritte (la pomme verte, le chapeau melon et tant d’autres symboles), la chorégraphie évoque à merveille l’une des citations célèbres de l’artiste belge : « Si le rêve est une traduction de la vie éveillée, la vie éveillée est également une traduction du rêve ».
La musique vient magnifier la majorité des tableaux du spectacle. Tantôt angoissante et envoûtante à la manière d’un film de James Bond, tantôt doucereuse et langoureuse à la façon des plus belles histoires d’amour, la trame sonore de Rêve n’hésite pas à sombrer dans l’incongru et le malaise volontaire. La sélection des morceaux effectuée par Thoss et Daniel Lett permet d’ailleurs à l’ensemble de l’œuvre de nous surprendre et de regagner notre attention. L’exemple parfait étant le moment où la chanson « It’s a man world » surgit de nulle part, entourée de pièces plutôt classiques, agissant tel un défibrillateur sur un spectacle plombé à plusieurs reprises par une série de longueurs.
Outre ce bémol majeur, « Rêve » a tout pour récolter l’enthousiasme du public.
Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
Je viens de voir ce spectacle et effectivement, plombé de longueur...
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