dimanche 15 janvier 2012

« Moi, dans les ruines rouges du siècle » : aussi puissant qu’une révolution (CRITIQUE)

À l’image d’une révolution qui prend son temps avant d’ébranler les plus solides rouages d’une société, « Moi, dans les ruines rouges du siècle » vient fragiliser les spectateurs morceau par morceau. Écrite et mise en scène par Olivier Kemeid, l’œuvre présentée en reprise au Théâtre d’Aujourd'hui du 10 au 21 septembre est une magnifique occasion pour le Québec de raconter l’étranger et pour l’étranger de permettre au Québec de se comprendre davantage.

Olivier Kemeid s’inspire du destin incroyable de Sasha Samar, un acteur ukrainien travaillant sur les planches du Québec depuis quelques années. Dans l’URSS des années 70, les parents de Sacha se déchirent lentement, la mère quitte le noyau familial et le père s’assure de n’être jamais séparé de son fils adoré, quitte à lui mentir volontairement afin qu’il oublie l’existence de sa mère.

L’indépendance de l’Ukraine en 1991, la relation trouble que Sacha entretient avec son père, les histoires de sport, de théâtre et d’armée, le quotidien communiste de l’époque, le désir inépuisable de retrouver sa mère : tous les éléments de la petite et de la grande histoire de Sasha se côtoient avec une habileté remarquable.

Robert Lalonde, Annick Bergeron et Geoffrey Gaquère excellent dans chacun de leurs rôles. Après avoir vu Sophie Cadieux tenir des rôles majeurs dans plusieurs productions théâtrales au cours de la dernière année, en plus de ses apparitions à la télévision et au cinéma, on trouve les décideurs montréalais bien peu originaux, mais on finit une fois de plus par craquer devant tout son talent.

Finalement, il y a Sasha, cet acteur au regard de petit garçon, débordant de naturel, capable de porter sur ses épaules une pièce qu’il est visiblement ému de nous raconter.

À la toute fin, on sort du Théâtre d’Aujourd’hui un peu plus humain et un peu plus respectueux face à la vie.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

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