lundi 9 avril 2012

« Les peintres du charbon » chez Duceppe : charmante leçon d’histoire de l’art pour les Nuls

En faisant le choix de conclure sa saison avec « Les peintres du charbon », de l’auteur anglais Lee Hall, le Théâtre Jean Duceppe fait le pari de confronter ses fidèles amateurs de théâtre populaire aux différents préjugés que la société peut avoir face aux différentes formes d’expressions artistiques.

Habilement traduite par Monique Duceppe, l’histoire se déroule dans la petite ville d’Ashington, en Angleterre, où des mineurs prennent une heure par semaine pour être initiés à différentes matières académiques : biologie, psychologie et bien d’autres. Le jour où un professeur d’université arrive dans leur petit local pour les initier à l’histoire de l’art, les mineurs, peu scolarisés et peu cultivés, lui font comprendre qu’ils s’attendaient plutôt à développer leur capacité à comprendre une toile comme tout le monde. Constatant rapidement que la meilleure façon pour eux d’apprivoiser l’art est de s’y exercer, le professeur entreprendra une série de projets qui stimuleront leur réflexion et leur appréciation. 

Donnant  lieu à plusieurs moments comiques très simples, mais fort réussis, les contrastes provoqués par l’ignorance des mineurs et les connaissances qu’on tente de leur inculquer permettent au public de se mettre à niveau face aux différentes visions artistiques. En confrontant les mineurs à leurs propres préjugés, l’auteur des « Peintres du charbon » s’interroge sur la supposée utilité de l’art, sur le sens multiple d’une œuvre et sur le plaisir ultime de créer sans aucun autre but que celui de se faire plaisir. Bien que le ton franchement pédagogique de l’œuvre puisse en agacer plusieurs, ce choix d’écriture permet de décortiquer plusieurs idées préconçues avec brio.

D’une durée d’environ 150 minutes, l’œuvre mise en scène par Claude Maher offre plusieurs bons moments dans la deuxième partie, alors que le travail artistique des mineurs attire l’attention un peu partout au pays et que l’un d’eux – doté d’un talent indubitable – est déchiré entre la possibilité de vivre de son art ou de rester dans le milieu qu’il connait depuis toujours. Néanmoins, la première partie de la pièce est tellement forte que le spectacle aurait pu se terminer à l’entracte sans que le public n’y voit d’inconvénient. Après avoir assisté à une brillante déconstruction d’une série de mythes sur l’art et à une « finale » solennelle où les mineurs se tournent vers lui pour exprimer une nouvelle compréhension, le public a droit à une indication de l’acteur Normand D’Amour, qui souhaite leur faire comprendre qu’une deuxième partie se prépare, démontrant ainsi la maladresse de la montée dramatique. 

Toujours est-il que malgré l’aspect pédagogique très appuyé et le manque de nuances dans la mise en scène, la dernière œuvre de la saison chez Duceppe relève le défi d’ébranler nos convictions en nous faisant passer une charmante soirée en compagnie d’une distribution talentueuse et très attachante.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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Textes du mois d'avril :
-THÉÂTRE : "Je pense à Yu" au Théâtre d'Aujourd'hui : petit fragment de résistance
-LIVRE : "Volte-face et malaises" de Rafaële Germain : aussi puissant qu'une peine d'amour

1 commentaire:

  1. Excellente pièce, une remarquable distribution, une réflexion sur l'art et un bon moment de divertissement.

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