La fraicheur de la jeunesse et les méandres de l’imagination font équipe au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 15 septembre, alors que les finissants de l’École Nationale de Théâtre offrent au grand public la sublime version du Ventriloque qu’ils ont montée en troisième année, sous la direction d’Éric Jean.
Impressionné par le talent et la cohésion des membres de la cohorte 2012 de l’ENT, qui se présentent comme « La troupe de la fin du monde », en référence à la prémonition du calendrier Maya, le metteur en scène a eu la brillante idée de présenter cette production incroyablement rodée aux amateurs du Quat’Sous. En plus de travailler avec 10 jeunes acteurs solides et talentueux – mentions toutes spéciales à la virtuosité de Jean-François Pronovost, Charli Arcouette, Maxime Mailloux et Béatrice Aubry – Éric Jean pouvait compter sur le texte profondément unique de Larry Tremblay.
Structuré comme des poupées russes, avec une série de mises en abime, Le Ventriloque s’ouvre sur une jeune fille de 16 ans qui reçoit en cadeau un crayon capable de réaliser tout ce qu’elle couche sur papier. Plongée dans la féroce exultation de la création, coupée du monde réel et salivant à l’idée d’écrire un roman plus grand que ceux de Balzac, l’adolescente nous invite à nager dans les eaux troubles de son monde intérieur.
Profitant d’une mise en scène follement inventive où le chaos de l’imagination est parfaitement maîtrisé, le Ventriloque d'Éric Jean propose à dix acteurs de jouer les rôles initialement prévus pour deux. Permettant à cette histoire aux allures cauchemardesques de multiplier ses possibilités, ses visages et ses couleurs, le choix de miser sur autant d’acteurs est une fabuleuse trouvaille.
Réflexion profonde et effervescente sur l’emprise de l’imaginaire sur nos vies, Le Ventriloque se questionne à savoir si nous sommes de simples pantins régis par un monde que notre cerveau invente de toutes pièces ou si nous avons le plein contrôle sur les ramifications de notre imagination. D’histoire en histoire, de mise en abime à mise en abime, les mots de Larry Tremblay nous perdent volontairement pour mieux nous retrouver, réussissant à faire ce qu’ils veulent de notre rationalité et de notre désir de tout contrôler.
Allez-y sans réfléchir ! Votre imagination ne s’en portera que mieux.
Le Ventriloque, jusqu’au 15 septembre
Théâtre de Quat’Sous
http://www.quatsous.com/1213/saison/le-ventriloque.php
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