jeudi 21 février 2013

« La Lanterne rouge » du Ballet national de Chine : la tradition prend le dessus sur le classique (CRITIQUE)


Se produisant pour la première fois de son histoire au Canada, le Ballet national de Chine vient présenter au public montréalais l’adaptation du film « Épouses et concubines » du cinéaste Zhang Yimou, qui signe lui-même le livret, les éclairages et la mise en scène. Si la direction artistique de La Lanterne rouge est franchement sublime, les chorégraphies s’avèrent étonnamment décevantes. 

Au début des années 90, Épouses et concubines a remporté le Lion d’argent à la Mostra de Venise, en plus de récolter une nomination aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film étranger. Plus de 20 ans plus tard, Zhang Yimou revient à la charge avec son histoire de seigneur féodal qui allume la lanterne rouge de la femme avec qui il veut passer la nuit. Vient un jour où une nouvelle venue s’ajoute à son épouse et à sa première concubine : après avoir été forcée par le maître de la maison de le suivre dans la couchette, la jeune femme retrouve son amoureux de jeunesse et se fait surprendre par la première concubine. Se mélangent alors jalousie, trahison et tragédie. 

Les traditions de l’Empire du Milieu sont admirablement bien représentées par les magnifiques costumes colorés, la musique ensorcelante et les décors majestueux. Rarement a-t-on vu des ombres chinoises aussi bien utilisées qu’au moment où le seigneur impose sa loi à la jeune jouvencelle. En contrepartie, les éclairages sont très mal utilisés pendant le reste de la production, alors qu’un « follow spot » impose à nos yeux ce qu’ils doivent regarder, laissant dans l’ombre le reste du décor et des interprètes.

De plus, les spectateurs étaient en droit de s’attendre à des chorégraphies d’un niveau technique beaucoup plus relevé. Même si la légèreté gracieuse des danseurs chinois ferait pâlir d’envie bien des Occidentaux, le synchronisme de la troupe était déficient, la difficulté des mouvements n’avait rien d’épatant et l’originalité n’était pas particulièrement au rendez-vous. 

Force est d’admettre que l’histoire de Yimou est mieux servie par la liberté du cinéma. Néanmoins, le lyrisme de l’œuvre, la langueur de ses interprètes et la beauté de la scénographie valent à ce point le détour que l’envie de découvrir le pays de Mao s’est imprégnée dans notre imaginaire avec une force étonnante. 

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Salle Wilfrid-Pelletier de Montréal
21 au 24 février 2013
http://www.grandsballets.com/fr/spectacle/la-lanterne-rouge 

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