jeudi 18 août 2011

Critique - “Deux ans de votre vie” : l’affrontement du couple et du célibat !

Avec la pièce « Deux ans de votre vie », la compagnie des Biches Pensives offre au public montréalais la meilleure pièce qui soit pour reprendre le pouls du théâtre après les vacances. Universalité du propos, traitement rafraichissant, énergie folle, des acteurs qui s’amusent, la soirée est rien de moins que magnifique.

En créant « Deux ans de votre vie », Les Biches Pensives ont réussi le pari de faire du théâtre léger ET réfléchi en plein été. Tout en abordant la notion du couple et du célibat avec quantité de généralités (impossible de faire autrement avec un sujet aussi connu de tous), l’auteur Rébecca Déraspe trouve le moyen d’insuffler une grande dose d’originalité à la question.

Qu’ils usent de dialogues ou qu’ils deviennent tour à tour narrateurs de leur propre histoire, les trois personnages principaux débutent la pièce en tant que célibataires. Face à cette situation, l’un envisage le suicide, l’autre hésite entre se complaire dans sa solitude et chercher désespérément sa « tendre » moitié, et la dernière assume pleinement son choix : non pas celui d’être seule, mais plutôt celui d’être célibataire. Peu à peu, maligne et débordant d’idées tordues pour s’assurer de conserver son calme et son autonomie, la plus heureuse du trio s’arrange pour que les deux premiers « deviennent » des amoureux. S’en suivent alors une série de découvertes sur l’un et l’autre, d’étapes de couple clichés mais hautement divertissantes, de passages vantant les mérites de la vie à deux, le tout couronné par le plaidoyer franchement convaincant de la belle ratoureuse qui vante les bienfaits de son célibat.

« Deux ans de votre vie » interpelle en nous plusieurs questions face à la solitude : est-ce normal de la choisir, savons-nous vraiment l’apprécier, faisons-nous tout ce qui est en notre pouvoir pour l’éviter et jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour faire partie de cette société qui prétend que le bonheur se trouve dans le chiffre deux ?

Drôle, corrosif, rythmé, rempli de phrases punchées, réussissant le pari d’offrir un point de vue neuf sur un sujet vieux comme le monde, le texte de Deraspe profite également du travail de mise en scène de Jacques Laroche. En trouvant le moyen de nous faire imaginer tout ce qu’il veut avec presque rien (une chaine, deux tables, une couverture et deux grandes fenêtres), en faisant bouger les acteurs sans arrêt et en étant toujours pertinent, Jacques Laroche épouse le rythme des mots de Deraspe comme si c’était les siens.

Raison de plus pour célébrer cette création, les trois acteurs sont splendides. Ni Benoit Drouin-Germain, ni Annie Darisse, ni Dominique Leclerc n’a besoin d’une période d’ajustement pour être justes et crédibles en entrant sur scène. Les trois acteurs s’amusent comme jamais, ils sont vrais, simples, cabotins, touchants et méritent pleinement les salves d’applaudissement qui leur sont réservés à la toute fin.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui – 16 août au 3 septembre

*Photo : Jérôme Leclerc

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