vendredi 12 octobre 2012

« Kaguyahime, princesse de la lune » : un spectacle qui ne passe qu’une fois dans une vie


Il y a de ces spectacles auxquels vous assistez en prenant conscience que vous ne reverrez probablement jamais quelque chose d’aussi unique et mémorable. « Kaguyahime, princesse de la lune », présentée par les Grands Ballets Canadiens de Montréal, fait partie de ces rares moments de la vie où tous vos sens se réunissent pour s’assurer que vous captiez chaque parcelle de la merveille qui se déploie sous vos yeux. 

Kaguyahime, princesse descendue de l’astre lunaire, apparaît au milieu d’une forêt de bambous, en éblouissant tous ceux qui l’entourent. Reconnue pour sa beauté lumineuse, elle verra les hommes s’affronter et se défier pour la gagner à leur cause, jusqu’à ce que l’Empereur aille à sa rencontre et lui offre à son tour de le choisir. Incapable d’envisager rester captive de l’homme et de la planète, Kaguyahime finira par s’échapper et retourner vers la lune.

Il faut admettre que les premiers instants de la production nous laissent un tant soit peu perplexes, tant il est inhabituel que le « gagaku » se rende à nos oreilles. Musique utilisée à la cour au Japon, réputée pour son élégance et son raffinement, composée de cithares, de lutes, de percussions, de flûtes et d’orgue à bouche shô, le gagaku serait certainement plus facile à apprivoiser si nous étions nous-mêmes au Japon, mais il finit tout de même par nous séduire. Entretenant une discussion musicale avec les mouvements de Kaguyahime, souple, fine, légère, fluide et voluptueuse, la musique japonaise hypnotise. 

Apparaissent ensuite les battements du « kodo », qui nous vont droit au cœur. Rythmant les combats de coqs que se livrent les danseurs pour la main de la princesse de la lune, les pulsations du tambour japonais nous laissent pantois d’incrédulité et d’admiration. Rares sont les occasions où l’on peut voir les lignes du ballet classico-contemporain se marier à la musique traditionnelle du peuple japonais. La musique est à ce point enlevante que l’intensité des danseurs monte d’un cran, nous laissant avec le souhait que leur numéro endiablé ne se termine jamais. 

En termes de décors, le fabuleux et le souffle coupé sont à l’honneur. Que ce soit la reproduction de la forêt de bambous en début de spectacle, l’arrivée de l’empereur juché dans les airs, devant un énorme tissu doré, qui servira ensuite à nous éblouir, ou encore le jeu de boîtes-miroirs vers la fin, chaque idée de la mise en scène s’avère une réussite. 

Les danseurs manquent de synchronisme à quelques reprises pendant le trop court spectacle, mais pour la formidable dualité des chorégraphies du Tchèque Jiri Kylian et la musique du Japonais Maki Ishii, pour les images impossibles à oublier et à imiter, pour ces danseurs investis et franchement doués, « Kaguyahime, princesse de la lune » mérite toutes les étoiles de l’univers.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Salle Wilfrid-Pelletier de la Place-Des-Arts
11 au 27 octobre 2012
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2 commentaires:

  1. beau texte sur cette oeuvre de j Kylian mais moi je vous conseille un artiste corse Anto fils de pop qui exposera ces oeuvres au Zephyr de Montréal à partir de lundi

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