Agissant à titre d’auteur et de metteur en scène sur le projet « Nom de domaine », Olivier Choinière offre aux amateurs du Quat’Sous une pièce imposant une vivacité d’esprit de tous les instants. En déconstruisant les codes du théâtre et en effaçant les frontières du réel et du virtuel, le dramaturge s’aventure dans les hautes sphères de l’intellect et de la création.
Levons d’abord notre chapeau au travail des acteurs Dominique Leduc, Stéphane Jacques et Jean-François Pronovost, qui arrivent à jouer avec émotions, vérité et cohérence un texte où tout se désarticule sans arrêt.
S’avançant au-devant d’une scène dépouillée de décor, une mère, un père et un fils nous livrent leurs réflexions sur le deuil, morceau par morceau. Un peu comme s'ils le livraient à une partie de ping-pong, les membres de cette famille nous parlent de la carapace souriante qu'ils se sont construite pour se protéger et de l’immense acuité de la vie qu'ils ont développée depuis le drame qu’ils ont vécu et dont ils nous parlent avec parcimonie.
Se présente alors un jeu vidéo tordu où l’objectif consiste à accumuler les bonnes actions. Répondant aux règles strictes d’une époque révolue, où le sexisme, la religion et les sévices corporels sont encore à l’honneur, le jeu pousse chacun des personnages à faire des choix et à prendre ses responsabilités. On croit alors comprendre que certains des personnages de la réalité n’ont pas toujours pris les leurs, mais rien n’est jamais parfaitement clair dans « Nom de domaine ».
La virtualité sert ici de test, de confrontation ou de catharsis à la réalité. Les acteurs sont tour à tour personnages et narrateurs, membres d’une famille réelle et virtuelle qui se parlent à travers les « dimensions » et s’échangent les rôles : dans le jeu vidéo, le garçon de la famille personnifie la mère, et vice-versa.
Véritable pied de nez aux multiples conventions dramaturgiques, le texte de Choinière nous confronte à un troublant questionnement : sommes-nous prêts à délaisser certaines de nos libertés au profit d’une supposée paix d’esprit ? Pouvons-nous envisager que notre quotidien ressemble à celui du Temps d’une paix, si cela nous permet de calmer nos peurs et nos doutes ? Le virtuel est-il une façon de réussir ce que nous échouons dans la réalité, un endroit pour apprendre à mieux faire, un exutoire, un espace de défoulement ou une façon de fuir ?
Grâce à sa direction d’acteur ultra précise et à son talent évident pour décloisonner la réflexion et la création, Olivier Choinière réussit avec « Nom de domaine » un véritable tour de force.
Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
Théâtre de Quat’Sous
16 octobre au 10 novembre 2012
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Tellement convainquant....je vais peut-être bien m'y rendre! :)
RépondreSupprimerSarah
Il faut être en forme, on a l'impression de ne pas toujours tout comprendre, mais ça vaut tellement la peine !
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