mercredi 10 octobre 2012

« La coopérative du cochon » au Prospero : pour le pire et pour le meilleur


Après la réception mitigée des « Enfants de la pleine lune » et le joli succès de « Frères » au cours des dernières années, Luce Pelletier et le Théâtre de l’Opsis reviennent à la charge avec un troisième texte écrit par un auteur italien, en présentant au Théâtre Prospero « La coopérative du cochon ». Véritable hommage aux histoires biscornues de nos ancêtres, le texte d’Ascanio Celestini s’avère aussi ennuyant que réjouissant.

Qu’on se le dise, la première moitié de la pièce est à ce point insipide qu’on en vient à croire l’adage voulant qu’une pièce de théâtre basée sur une mauvaise histoire ne puisse en aucun cas être sauvée par un metteur en scène habile ou des acteurs surdoués. Il n’y a pratiquement pas une minute qui passe sans qu’on se dise que ce qui se trame sous nos yeux est d’un manque total d’intérêt. 

La pièce s’ouvre sur cinq adultes dont le père vient de mourir et qui se remémorent l’histoire de la coopérative du cochon qu’il leur a racontée toute sa vie : à Rome, le 4 juin 1944, Nino et son père parcourent la ville afin de rassembler les sous pour acheter un cochon volé aux Allemands. À travers leurs rencontres avec des Italiens, des Allemands et des Polonaises hauts en couleurs, tout un chacun partage leurs histoires de guerre, ainsi qu’une série d’élucubrations sur à peu près tout et rien. Racontées sans clarté, avec un trop grand nombre de mises en abîme qui se chevauchent sans cohérence, les histoires dignes d’anecdotes de grand-papa italien sont loin de captiver notre attention. 

Toutefois, vers la moitié du spectacle, quelque chose se passe, le vent tourne et « La coopérative du cochon » réussit à nous interpeller. Non pas grâce aux tranches d’histoires réelles et imaginaires qui nous sont encore racontées, mais plutôt grâce aux acteurs qui s’amusent ferme devant nous. Luc Bourgeois, Louise Cardinal, Martin Héroux, Olivier Morin et France Parent deviennent soudainement survoltés. L’énergie folle qui se dégage de leurs personnages et le plaisir évident qu’ils ont à jouer ensemble nous donnent l’impression d’assister à un match d’improvisation, un soir où tout est possible, où la magie est en train d’opérer. Leur côté boute-en-train, leurs interprétations caricaturales, leurs voix transformées, leurs démarches volontairement gauches et leur complicité rendent le spectacle franchement divertissant à voir aller.

Le pouvoir d’évocation dont la pièce fait preuve est également très réjouissant à observer. Des manteaux qui deviennent des cadavres, un casque de fourrure qui se transforme en chien, une table qui sert de brouette aux morts à enterrer, les subtilités théâtrales du genre sont légion pendant toute la durée du spectacle.

En plus clair, même si la pièce est trop longue, que le texte est confus et qu’on ne retient à peu près rien de ce qui nous est raconté, le travail des comédiens finit par rendre la soirée très agréable. 

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Crédit photo : Marie-Claude Hamel
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