mercredi 9 février 2011

FUNKYTOWN : de fascinantes lumières disco qui finissent par brûler…


Les premières notes de musique disco résonnaient au cinéma du Quartier Latin depuis seulement 15 secondes, que déjà, je savais que j'allais aimer Funkytown. Quelque 135 minutes plus tard, force est d’admettre que malgré certaines imperfections évidentes, le dernier film québécois sorti sur nos écrans est un film popcorn dont je me suis régalé.

Construit autour de sept personnages auxquels le scénariste Steve Galluccio a donné vie en s’inspirant de personnalités bien connues de l’époque ou en faisant écho aux beaux et belles des années 70, Funkytown ratisse large. Patrick Huard, juste et touchant, tient le rôle d'un animateur qui a tout pour lui, mais qui a suffisamment de talent pour tout perdre. Paul Doucet nous jette par terre en interprétant un animateur homosexuel, roi du « in » et du « out », avec un sens du naturel exceptionnel. Sarah Mutch joue la poupoune de service ô combien opportuniste, mais un tant soit peu lucide. Justin Chatwin se glisse dans la peau d'un jeune danseur aux prises avec un penchant pour la gent masculine bien difficile à concilier avec une fiancée et des envies de famille traditionnelle. Geneviève Brouillette joue la star à gogo déchue qui tente de recycler son style et sa vie. Interprétant de son côté un producteur véreux, Raymond Bouchard agit également à titre de papa castrant d'un propriétaire de club, joué par François Létourneau.

Outre Létourneau qui joue du Létourneau EXACTEMENT comme il le faisait dans les Invincibles, Prozac, Québec Montréal et Tout sur moi, les acteurs de Funkytown sont tous captivants. 

Portrait social léger et rythmé
En entrevues de promotion, plusieurs artisans de Funkytown ont raconté que le film était un portrait social d’une tranche de notre histoire, exposant la montée et la déchéance du disco, mélangées aux changements politiques et sociaux du Québec. Pourtant, une fois plongé dans l’histoire, on réalise bien vite que ce n’est pas tant la montée du PQ ou la défense de la langue française qui sont en vedettes, mais bien la musique, les drames humains, et l’état d’esprit global qui régnait sur la ville de Montréal, lorsque celle-ci tentait de rivaliser avec New York pour devenir la capitale internationale du disco.

Pour le jeune homme né dans les années 80 que je suis, l’ère du disco ne représente rien d’autre que des chansons entendues par-ci, par-là, des images de mes parents habillés de vêtements trop moulants que je préfère ne pas entretenir, et un phénomène que je n’ai jamais pu connaître de l’intérieur. Je ne suis donc pas de ceux qui ont regardé Funkytown en y allant d’élans de nostalgie souriants et émus.
N’empêche, grâce à un travail de reconstitution historique incroyablement bien réussi, autant dans les décors, dans les costumes, dans les coiffures que dans les maquillages, je n’ai pas pu m’empêcher de m’endormir en rêvant que je vivais moi-même dans l’univers disco de la métropole. 

Naturellement, Funkytown est loin d’être parfait. Trop long, bourré de raccourcis scénaristiques qui nous donnent l’impression qu’on a tenté d’étoffer des personnages secondaires pour en faire des personnages principaux, et qu’on a voulu donner beaucoup trop d’importance à certains autres dont on aurait carrément pu se passer, Funkytown d’en demeure pas moins un film très divertissant qui nous offre un mini cours d’histoire en accéléré sans jamais nous ennuyer.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin



6 commentaires:

  1. Vos textes sont un vrai régal! Mon nouveau blogue préféré pour les passionnés de culture...

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  2. Un merci infini. J'y mets tellement de passion. Le fait de recevoir une aussi belle réception me motive à continuer.

    Partagez le blogue avec votre entourage susceptible d'aimer la culture.

    Samuel Larochelle

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  3. Quand je m'intéresse à ce que quelqu'un qui a vu un spectacle, un film, une pièce de theatre a à dire sur le spectacle ce qui me preocuppe surtout c'est d'entendre parler de l'œuvre, du propos, de ce qui émane d'une représentation, des réflexions et des émotions que celle-ci engendre. En quoi cette pièce ou ce film a enrichi notre existence.
    Trop souvent les " critiques " se précipitent pour décerner des trophés ou des tomates , des notes, aux comédiens, réalisateurs, individus, de les juger quand en fin de compte cela est secondaire. On n'est plus à la petite école. Ce dont il faut surtout parler, je pense , c'est de ce qui se dégage, de l'esprit, de l'âme d'une œuvre.

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  4. Nous avons tout simplement deux visions différentes de la critique.

    À mon avis, il n'y a pas de "ce dont il faut surtout parler" qui tienne.

    Samuel Larochelle

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  5. " Quand on sait on fait, quand on sait pas on enseigne. "

    " Hier encore, j'avais vingt ans / Je précédais de " moi " toute conversation / Et donnais mon avis que je voulais le bon / Pour critiquer le monde avec désinvolture. ". Aznavour

    " Et c'est une folie à nulle autre seconde
    De vouloir se mêler de corriger le monde ".
    Molière

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  6. Ah, oui...et biensûr

    " J'me fous pas mal des critiques
    Ce sont des ratés sympathiques
    J'suis pas un clown psyquédelique
    Tout c'que j'aime c'est la musique.
    Charlebois

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