À moins d’une semaine de la cérémonie des Oscars, où Incendies et Denis Villeneuve pourraient permettre au Québec de remporter l’Oscar du meilleur film étranger pour la deuxième fois, il m’apparaissait nécessaire d’aller voir le film que l’on présente comme son plus féroce concurrent : Biutiful. À la lumière de ce que j’ai ressenti en visionnant cette oeuvre littéralement portée par l’acteur Javier Bardem, Biutiful est un très bon film avec une performance d’acteur grandiose, alors qu’Incendies est tout simplement un grand film. Avantage : Incendies.
Disons-le d’entrée de jeu, Alejandro González Iñárritu est un réalisateur mexicain bourré de talent. Principal responsable des œuvres phares que sont 21 Grams, Amores Perros et Babel, produites avec l’aide du scénariste Guillermo Arriaga, Iñárritu nous livre cette fois un film qu’il a écrit lui-même, avec la collaboration de deux autres scénaristes. Biutiful est un film qui a le mérite de capter notre attention pendant 150 minutes, mais c’est surtout un film qui n’aurait probablement pas obtenu autant d’échos s’il n’avait pas eu Javier Bardem comme acteur principal.
Collin Firth a un adversaire de taille
Disons-le d’entrée de jeu, Alejandro González Iñárritu est un réalisateur mexicain bourré de talent. Principal responsable des œuvres phares que sont 21 Grams, Amores Perros et Babel, produites avec l’aide du scénariste Guillermo Arriaga, Iñárritu nous livre cette fois un film qu’il a écrit lui-même, avec la collaboration de deux autres scénaristes. Biutiful est un film qui a le mérite de capter notre attention pendant 150 minutes, mais c’est surtout un film qui n’aurait probablement pas obtenu autant d’échos s’il n’avait pas eu Javier Bardem comme acteur principal.
Collin Firth a un adversaire de taille
En plus d’être un adversaire imposant pour Incendies, la principale chance de Biutiful aux Oscars est de voir Bardem remporter le prix du Meilleur acteur. Même si Collin Firth est annoncé comme le grand favori dans cette catégorie, la performance de Javier Bardem est assurément difficile à oublier.
En interprétant le roi bègue George V, Collin Firth a déconstruit son langage, sa voix, son accent, ainsi que les nombreux réflexes physiques associés à son élocution (mouvement du diaphragme, du pharynx, de la langue, des lèvres, des cordes vocales, etc.). Il est à la fois soumis, blessé, démoli et découragé, et il se révèle également fier, fort, puissant et inspirant. J’ai été complètement sonné par sa performance. Pourtant, il y a Javier…
En tenant le rôle d’un père de famille à la tête d’une entreprise d’immigration et de contrebandes, à qui l’on donne un diagnostic de cancer incurable, Javier Bardem fait le film à lui tout seul. Sans sa présence, son énergie, son regard, sa voix et son charisme, Biutiful aurait pu devenir le premier film « simplement bon » d’Alejandro González Iñárritu. Combien d’acteurs savent être à la fois un leader charismatique, un papa poule, un amoureux intense, un homme fort, viril et sensible, sans jamais nous donner l’impression qu’il y a incohérence ou caricature ? Tout de Javier Bardem exprime la dérive de son personnage. Son jeu est criant de vérité.
Pourquoi Biutiful n’est-il pas un chef-d’œuvre comme les autres films d’Iñárritu ?
Biutiful n'est pas un chef-d'œuvre parce que son scénario est carrément moins bien ficelé que ceux imaginés par son « ancien » collaborateur Guillermo Arriaga. Même si Biutiful est un film lent qui réussit à nous captiver jusqu’à la fin, jamais on n’a l’impression d’être transporté, troublé ou choqué comme on a eu l’habitude de l’être avec 21 Grams, Amores Perros et Babel. La plus grande faiblesse de Biutiful est d’ailleurs une des plus grandes forces d'Incendies : la quête principale des personnages. En étant presque strictement basée sur les dernières péripéties du mourant, la courbe dramatique du film mexicain n’arrive tout simplement pas à la cheville du film québécois.
Légère déception également du côté de la bande originale de Gustavo Santaolalla. En aucun temps la musique de Biutiful ne fait vibrer en nous les émotions qu’ont suscitées les trames sonores subtiles et poignantes de Babel et de Brokeback Mountain, donc Santaolalla était également le compositeur.
Biutiful demeure un bon film. La distribution est magnifique. Les deux acteurs qui personnifient les enfants du personnage principal sont d’une candeur et d’une vérité incomparables. Barcelone est montrée sous un jour nouveau : sombre et fascinant. Javier Bardem nous transporte avec son intensité. Pourtant, il manque plusieurs éléments à Biutiful pour arriver à nous troubler le cœur comme Incendies l’a fait plus tôt cet automne.
En interprétant le roi bègue George V, Collin Firth a déconstruit son langage, sa voix, son accent, ainsi que les nombreux réflexes physiques associés à son élocution (mouvement du diaphragme, du pharynx, de la langue, des lèvres, des cordes vocales, etc.). Il est à la fois soumis, blessé, démoli et découragé, et il se révèle également fier, fort, puissant et inspirant. J’ai été complètement sonné par sa performance. Pourtant, il y a Javier…
En tenant le rôle d’un père de famille à la tête d’une entreprise d’immigration et de contrebandes, à qui l’on donne un diagnostic de cancer incurable, Javier Bardem fait le film à lui tout seul. Sans sa présence, son énergie, son regard, sa voix et son charisme, Biutiful aurait pu devenir le premier film « simplement bon » d’Alejandro González Iñárritu. Combien d’acteurs savent être à la fois un leader charismatique, un papa poule, un amoureux intense, un homme fort, viril et sensible, sans jamais nous donner l’impression qu’il y a incohérence ou caricature ? Tout de Javier Bardem exprime la dérive de son personnage. Son jeu est criant de vérité.
Pourquoi Biutiful n’est-il pas un chef-d’œuvre comme les autres films d’Iñárritu ?
Biutiful n'est pas un chef-d'œuvre parce que son scénario est carrément moins bien ficelé que ceux imaginés par son « ancien » collaborateur Guillermo Arriaga. Même si Biutiful est un film lent qui réussit à nous captiver jusqu’à la fin, jamais on n’a l’impression d’être transporté, troublé ou choqué comme on a eu l’habitude de l’être avec 21 Grams, Amores Perros et Babel. La plus grande faiblesse de Biutiful est d’ailleurs une des plus grandes forces d'Incendies : la quête principale des personnages. En étant presque strictement basée sur les dernières péripéties du mourant, la courbe dramatique du film mexicain n’arrive tout simplement pas à la cheville du film québécois.
Légère déception également du côté de la bande originale de Gustavo Santaolalla. En aucun temps la musique de Biutiful ne fait vibrer en nous les émotions qu’ont suscitées les trames sonores subtiles et poignantes de Babel et de Brokeback Mountain, donc Santaolalla était également le compositeur.
Biutiful demeure un bon film. La distribution est magnifique. Les deux acteurs qui personnifient les enfants du personnage principal sont d’une candeur et d’une vérité incomparables. Barcelone est montrée sous un jour nouveau : sombre et fascinant. Javier Bardem nous transporte avec son intensité. Pourtant, il manque plusieurs éléments à Biutiful pour arriver à nous troubler le cœur comme Incendies l’a fait plus tôt cet automne.
***Allez voir Biutiful en version originale espagnole, sous-titrée en français. C'est facile à suivre, et vous y gagnerez au change.
Je souhaite donc un Oscar à…
Meilleur film étranger : Incendies
Meilleur acteur : Javier Bardem (Biutiful)
Meilleure actrice : Nathalie Portman (Black Swan)
Meilleur réalisateur : David Fincher (The Social Network)
Meilleur acteur de soutien : Christian Bale (The Fighter)
Meilleure actrice de soutien : Hailee Steinfield (True Grit)
Meilleur film d’animation : Toy Story 3
Meilleur film : The King’s Speech
Avez-vous remarqué à quel point mes choix donnent une part du gâteau à presque tout le monde ?
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