Une nouveauté à l’Espace GO, une mise en scène signée par l’éternelle pigiste Marie Charlebois, une distribution comptant sur Marie-France Lambert, Normand Daneau et Valérie Blais. Force est d’admettre que les raisons étaient nombreuses pour entrevoir autre chose qu’une pièce ordinaire pendant laquelle les émotions n’arrivent presque jamais à se rendre jusqu’aux spectateurs.
La grande responsable de cette distance entre la volonté de toucher et le résultat tant espéré est sans contredit l’auteure Kristen Thomson. En nous plongeant dans l’histoire d’une comateuse et de ses deux enfants, Charles et Laura, l’auteure prend le pari de nous raconter les petits riens : les petites histoires, les petites discussions, les petites rancunes, les petites blessures. La pièce Attends-moi peut donc nous inviter dans une zone attendrissante de petitesse vulnérable ou dans quelque chose de plus grand, de profond et d’ébranlant. Malheureusement, aucune de ces deux options ne se présente à nous. Attends-moi se contente de banalités sur les choix de la vie, de lieux communs sur le couple et de paroles en surface sur à peu près tout le reste. Rien qui ne surprend, rien qui ne fait vraiment réfléchir, et à peine quelques éléments qui réussissent à nous émouvoir.
En de telles circonstances, les acteurs font tout ce qu’ils peuvent pour se débrouiller. Valérie Blais joue très bien du Valérie Blais. Normand Daneau est tout aussi juste et touchant par moments qu’il est palpable d’inconfort le reste du temps. La jeune Rachel Graton n’arrive pas à se démarquer de ses collègues, encore moins lorsqu’on la sait sur la même scène que Marie-France Lambert.
En effet, impossible de ne pas constater l’aisance déconcertante de Marie-France Lambert. Sa Laura est perdue, dépossédée, égarée, tout en étant vraie, vulnérable, lucide et non censurée. Marie-France devient Laura. Tout de son corps, de son débit, de sa voix, de son niveau de langage et de son intériorisation démontre la maîtrise totale de son jeu.
Sa présence sur scène est d’ailleurs responsable des quelques rares bons moments de la pièce. Les déplacements sont convenus et les petits airs chantés deviennent lassants à force de répétition. Les décors épurés et les jeux d’éclairage auraient pu ajouter au drame de cette femme comateuse si les mots qu’on avait mis dans la bouche des acteurs n’étaient pas si maladroits.
Bref, à l’exception du plaisir de voir Marie-France Lambert jouer sur la scène de l’Espace Go, Attends-moi est malheureusement une pièce sur laquelle on peut passer son tour.
Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
Espace Go – 3 au 28 mai 2011
Crédits photo : Suzanne O'Neill
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