Présenté dans l’iconoclaste Bain St-Michel et brillamment mis en scène par Michel-Maxime Legault, Le Chemin des Passes Dangereuses est rien de moins qu’un petit moment de magie en cette fin de saison théâtrale.
En patientant dans l’entrée du Bain St-Michel – ancien bain public vidé de son eau où quelques pièces de théâtre ont été montées ici et là au cours de l’année – mes yeux se sont arrêtés sur le titre d’un article consacré à la pièce de Michel-Marc Bouchard. « Un texte sans faille » peut-on y lire. « Prétentieux commentaire » que je me dis. C’est alors que je fais mon entrée dans la salle.
Les spectateurs prennent place tout autour de la piscine, se voyant ainsi offrir un point de vue en plongée sur une voiture littéralement brouillée par un accident. Le personnage du grand frère (Guillaume Regaudie) est à l’étage, muet, contre le mur. Au centre de la piscine, les corps de ses deux jeunes frères (Yves-Antoine Rivest et Louis-Philippe Tremblay), l’un gisant sur la voiture, et l’autre sous un épais plastique au fond de la piscine. Le silence domine, mais quelque chose de spécial semble se préparer.
Après quelques brefs instants de non-dits, les mots du texte apparemment sans faille de Michel-Marc Bouchard résonnent entre les murs du Bain St-Michel. Les frères se parlent et se confrontent, se rencontrent et s’éloignent, s’affrontent et se rapprochent. Les trois hommes se détestent de tendresse. Se présente alors une puissante impression : le texte de Michel-Marc Bouchard est véritablement une perle de dramaturgie ; une fine analyse de société qui flirte avec la poésie sans tomber dans le piège de la beauté vide de sens et une armature de mots parfaitement calibrée pour mettre en image les failles de notre humanité.
Du côté des interprètes, bien que Louis-Philippe Tremblay nous donne souvent l’impression qu’il n’a pas le tonus pour livrer la beauté poétique de Bouchard, Le Chemin des Passes Dangereuses est une pièce interprétée par des acteurs forts, vulnérables, touchants et visiblement complices. Les étoiles pétillent dans le regard de Guillaume Regaudie et les yeux tristes d’Yves-Antoine Rivest s’illuminent à la seconde où l’un de ses frères arrive à le faire rire.
Les mots de Michel-Marc Bouchard goûtent infiniment bon, et rien que pour ça, le Bain St-Michel devrait être plein chaque soir jusqu’à la fin.
Bain St-Michel – 10 au 27 mai 2011
En patientant dans l’entrée du Bain St-Michel – ancien bain public vidé de son eau où quelques pièces de théâtre ont été montées ici et là au cours de l’année – mes yeux se sont arrêtés sur le titre d’un article consacré à la pièce de Michel-Marc Bouchard. « Un texte sans faille » peut-on y lire. « Prétentieux commentaire » que je me dis. C’est alors que je fais mon entrée dans la salle.
Les spectateurs prennent place tout autour de la piscine, se voyant ainsi offrir un point de vue en plongée sur une voiture littéralement brouillée par un accident. Le personnage du grand frère (Guillaume Regaudie) est à l’étage, muet, contre le mur. Au centre de la piscine, les corps de ses deux jeunes frères (Yves-Antoine Rivest et Louis-Philippe Tremblay), l’un gisant sur la voiture, et l’autre sous un épais plastique au fond de la piscine. Le silence domine, mais quelque chose de spécial semble se préparer.
Après quelques brefs instants de non-dits, les mots du texte apparemment sans faille de Michel-Marc Bouchard résonnent entre les murs du Bain St-Michel. Les frères se parlent et se confrontent, se rencontrent et s’éloignent, s’affrontent et se rapprochent. Les trois hommes se détestent de tendresse. Se présente alors une puissante impression : le texte de Michel-Marc Bouchard est véritablement une perle de dramaturgie ; une fine analyse de société qui flirte avec la poésie sans tomber dans le piège de la beauté vide de sens et une armature de mots parfaitement calibrée pour mettre en image les failles de notre humanité.
Du côté des interprètes, bien que Louis-Philippe Tremblay nous donne souvent l’impression qu’il n’a pas le tonus pour livrer la beauté poétique de Bouchard, Le Chemin des Passes Dangereuses est une pièce interprétée par des acteurs forts, vulnérables, touchants et visiblement complices. Les étoiles pétillent dans le regard de Guillaume Regaudie et les yeux tristes d’Yves-Antoine Rivest s’illuminent à la seconde où l’un de ses frères arrive à le faire rire.
Les mots de Michel-Marc Bouchard goûtent infiniment bon, et rien que pour ça, le Bain St-Michel devrait être plein chaque soir jusqu’à la fin.
Bain St-Michel – 10 au 27 mai 2011
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