AVERTISSEMENT : si vous espérez lire un autre texte anti-Star Académie, vous allez être déçus
En observant la réaction de mon entourage à l’annonce des auditions de Star Académie 5 dernièrement, j’ai pris conscience de l’impressionnant pouvoir de la commercialisation du talent dans l'imaginaire collectif des Québécois.
Mon observation est toute simple : depuis l’avènement des émissions de ce genre, toute personne possédant un minimum de talent artistique devrait nécessairement en profiter pour passer à la télé ou essayer de faire carrière, sous peine d’être considérée comme une bibitte marginale et non-conforme. Aux yeux de la majorité, il en va du devoir des artistes amateurs de tout faire en leur pouvoir afin de commercialiser leur talent et de vivre de leur art.
Dans le cas qui m’occupe, le dilemme est de nature multi-artistique. Voyez-vous, j’ai consacré trois années de ma vie à la musique en tant que musicien, plusieurs autres au théâtre, j’ai une passion de l’écriture depuis toujours, et j’étais probablement en train de chanter dans le ventre de ma mère lorsqu’est venu le temps de dire bonjour au vrai monde. Avec les années, toutes ces passions ont donc provoqué en moi de nombreuses réflexions à savoir si j’osais, si je fonçais et si j’avais ce qu’il fallait. Finalement, la vie m’a convaincu de laisser le musicien et le comédien que j'étais dans une belle boîte à souvenirs. L’écriture fera toujours partie de ma vie. Mais pour ce qui est du chant, la réflexion s'avère corsée.
J’ai passé ma vie entière à chantonner. Je suis des cours pour apprendre à chanter depuis des années. J’ai un timbre peu répandu (les barytons de mon âge ne courent pas les rues chez les chanteurs connus). J’ai une sensibilité qui me permet de ne jamais forcer les émotions quand vient le temps d’interpréter une chanson. J’ai encore beaucoup de chemin à faire pour solidifier ma technique, mon support, ma respiration et mon laisser-aller vocal, mais je suis à des années-lumière des débutants. Je n’aurais aucune difficulté à l’idée d’être connu puisque mes intérêts professionnels en communication vont m’ouvrir les portes du milieu de toute façon. Ainsi, la question demeure entière : est-ce que je devrais tout tenter pour faire carrière en chant et pour passer mes auditions à Star Académie ?
Bien entendu, la réponse à cette interrogation majeure est multiple. À mon avis, essayer de tout mettre en œuvre pour avoir une carrière dans la chanson ne passe pas obligatoirement par cette rampe de lancement ultra-puissante qu’est Star Adadémie. N’empêche, la populaire émission de TVA est devenue l’emblème par excellence du désir de percer et de travailler dans le milieu artistique.
En quelques jours seulement, trois amis proches m’ont demandé si j’allais tenter ma chance aux auditions. Lorsque j’ai mentionné cette étrange coïncidence à mon professeur de chant, elle m’a répondu que tous ses élèves se faisaient « harceler » par la même question. J’avais donc raison, il y a bel et bien une généralisation remarquable dans l’attitude des Québécois face au talent et face au métier d’artiste. Je suis troublé par la situation. Ne peut-on pas profiter d’un talent sans vouloir faire des sous en le rentabilisant ?
Pour tout vous dire, la réflexion avait commencé à s’amuser dans mon esprit bien avant le retour de Star Académie dans le paysage médiatique. Chaque fois qu’un inconnu apprenait que je suivais des cours de chant et que je pratiquais chez moi 3 ou 4 autres fois chaque semaine, on me demandait si j’étais un chanteur professionnel, si je voulais le devenir, et sinon, pourquoi diable consacrer autant d’énergie à cette discipline ? J’ai toujours été surpris par ces réactions. D’abord, parce que les véritables chanteurs consacrent bien plus de temps à leur développement que je le fais. Ensuite, parce qu’on demande rarement à quelqu’un qui pratique un sport 5 fois par semaine s’il veut devenir un athlète professionnel. Le talent artistique est mis dans une catégorie bien distincte, intangible et inaccessible pour la plupart des gens. « Si Dieu t’a donné ce talent, ce serait un sacrilège de ne pas en faire profiter les autres », diraient plusieurs. Eh bien je ne suis pas d'accord avec eux.
À mes yeux, le chant, c’est bien plus qu’un talent à partager. Le chant – tout comme la plupart des formes d’art – c’est un moyen d’introspection, une façon de se connaître, de s’assumer, d’apprendre à gérer ses forces et ses zones de vulnérabilité. Le chant c’est une manière de se défouler, de s’emporter et de se calmer. Le chant c’est un mode de vie, une thérapie. Imaginez deux secondes que le moyen le plus puissant que vous ayez trouvé pour mieux vivre était soudain mélangé à une pression de performer, de plaire à certains producteurs, à certaines radios et à certains publics. Imaginez que votre échappatoire devienne votre gagne-pain et votre seul moyen pour boucler les fins de mois. En prenant conscience de tout cela, on réalise que d’une certaine façon, ce sont les artistes amateurs qui jouissent de la plus grande liberté. Ils ont moins de moyens à leur disposition pour s’amuser, mais ils sont généralement dénués de contraintes et d’angoisse quant à leur plaisir et à leur avenir.
En observant la réaction de mon entourage à l’annonce des auditions de Star Académie 5 dernièrement, j’ai pris conscience de l’impressionnant pouvoir de la commercialisation du talent dans l'imaginaire collectif des Québécois.
Mon observation est toute simple : depuis l’avènement des émissions de ce genre, toute personne possédant un minimum de talent artistique devrait nécessairement en profiter pour passer à la télé ou essayer de faire carrière, sous peine d’être considérée comme une bibitte marginale et non-conforme. Aux yeux de la majorité, il en va du devoir des artistes amateurs de tout faire en leur pouvoir afin de commercialiser leur talent et de vivre de leur art.
Dans le cas qui m’occupe, le dilemme est de nature multi-artistique. Voyez-vous, j’ai consacré trois années de ma vie à la musique en tant que musicien, plusieurs autres au théâtre, j’ai une passion de l’écriture depuis toujours, et j’étais probablement en train de chanter dans le ventre de ma mère lorsqu’est venu le temps de dire bonjour au vrai monde. Avec les années, toutes ces passions ont donc provoqué en moi de nombreuses réflexions à savoir si j’osais, si je fonçais et si j’avais ce qu’il fallait. Finalement, la vie m’a convaincu de laisser le musicien et le comédien que j'étais dans une belle boîte à souvenirs. L’écriture fera toujours partie de ma vie. Mais pour ce qui est du chant, la réflexion s'avère corsée.
J’ai passé ma vie entière à chantonner. Je suis des cours pour apprendre à chanter depuis des années. J’ai un timbre peu répandu (les barytons de mon âge ne courent pas les rues chez les chanteurs connus). J’ai une sensibilité qui me permet de ne jamais forcer les émotions quand vient le temps d’interpréter une chanson. J’ai encore beaucoup de chemin à faire pour solidifier ma technique, mon support, ma respiration et mon laisser-aller vocal, mais je suis à des années-lumière des débutants. Je n’aurais aucune difficulté à l’idée d’être connu puisque mes intérêts professionnels en communication vont m’ouvrir les portes du milieu de toute façon. Ainsi, la question demeure entière : est-ce que je devrais tout tenter pour faire carrière en chant et pour passer mes auditions à Star Académie ?
Bien entendu, la réponse à cette interrogation majeure est multiple. À mon avis, essayer de tout mettre en œuvre pour avoir une carrière dans la chanson ne passe pas obligatoirement par cette rampe de lancement ultra-puissante qu’est Star Adadémie. N’empêche, la populaire émission de TVA est devenue l’emblème par excellence du désir de percer et de travailler dans le milieu artistique.
En quelques jours seulement, trois amis proches m’ont demandé si j’allais tenter ma chance aux auditions. Lorsque j’ai mentionné cette étrange coïncidence à mon professeur de chant, elle m’a répondu que tous ses élèves se faisaient « harceler » par la même question. J’avais donc raison, il y a bel et bien une généralisation remarquable dans l’attitude des Québécois face au talent et face au métier d’artiste. Je suis troublé par la situation. Ne peut-on pas profiter d’un talent sans vouloir faire des sous en le rentabilisant ?
Pour tout vous dire, la réflexion avait commencé à s’amuser dans mon esprit bien avant le retour de Star Académie dans le paysage médiatique. Chaque fois qu’un inconnu apprenait que je suivais des cours de chant et que je pratiquais chez moi 3 ou 4 autres fois chaque semaine, on me demandait si j’étais un chanteur professionnel, si je voulais le devenir, et sinon, pourquoi diable consacrer autant d’énergie à cette discipline ? J’ai toujours été surpris par ces réactions. D’abord, parce que les véritables chanteurs consacrent bien plus de temps à leur développement que je le fais. Ensuite, parce qu’on demande rarement à quelqu’un qui pratique un sport 5 fois par semaine s’il veut devenir un athlète professionnel. Le talent artistique est mis dans une catégorie bien distincte, intangible et inaccessible pour la plupart des gens. « Si Dieu t’a donné ce talent, ce serait un sacrilège de ne pas en faire profiter les autres », diraient plusieurs. Eh bien je ne suis pas d'accord avec eux.
À mes yeux, le chant, c’est bien plus qu’un talent à partager. Le chant – tout comme la plupart des formes d’art – c’est un moyen d’introspection, une façon de se connaître, de s’assumer, d’apprendre à gérer ses forces et ses zones de vulnérabilité. Le chant c’est une manière de se défouler, de s’emporter et de se calmer. Le chant c’est un mode de vie, une thérapie. Imaginez deux secondes que le moyen le plus puissant que vous ayez trouvé pour mieux vivre était soudain mélangé à une pression de performer, de plaire à certains producteurs, à certaines radios et à certains publics. Imaginez que votre échappatoire devienne votre gagne-pain et votre seul moyen pour boucler les fins de mois. En prenant conscience de tout cela, on réalise que d’une certaine façon, ce sont les artistes amateurs qui jouissent de la plus grande liberté. Ils ont moins de moyens à leur disposition pour s’amuser, mais ils sont généralement dénués de contraintes et d’angoisse quant à leur plaisir et à leur avenir.
Pour toutes ces raisons et pour tant d’autres, je fais le choix de continuer de chanter pour moi. Pour l’instant du moins…
Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
**********************************
Les coups de coeur du Sage Gamin en 2011
RÉFLEXIONS SUR MA PRATIQUE ARTISTIQUE
La première impression
http://sagegamin.blogspot.com/2011/01/la-premiere-impression_09.html
Un jour, je ferai de ma maison un théâtre
http://sagegamin.blogspot.com/2011/01/un-jour-je-ferai-de-ma-maison-un.html
Les personnalités multiples de mes doubles croches
http://sagegamin.blogspot.com/2011/01/les-personnalites-multiples-de-mes.html
Rentrée hivernale 2011 : vision d’un ex-ado qui regardait 40 h de télé par semaine
http://sagegamin.blogspot.com/2011/02/television-rentree-hivernale-vision-dun.html
À 11 ans seulement, j’étais déjà un imposteur de la musique
http://sagegamin.blogspot.com/2011/02/11-ans-seulement-jetais-deja-un-parfait.html
Et si je vous révélais l’envers du décor de l’Opéra de Montréal ?
http://sagegamin.blogspot.com/2011/02/et-si-je-vous-revelais-lenvers-du-decor.html
Le Gumboot, cette danse qui a commencé à me sauver de moi-même
http://sagegamin.blogspot.com/2011/03/le-gumboot-cette-danse-qui-commence-me.html
Plus de 5 ans de ma vie à faire du théâtre avec Marie Laberge, Rita Lafontaine et les autres
http://sagegamin.blogspot.com/2011/03/plus-de-5-ans-de-ma-vie-faire-du.html
La commercialisation du talent ou le réflexe Star Académie
http://sagegamin.blogspot.com/2011/05/la-commercialisation-du-talent-ou-le.html
Le Yin et le Yang du Sage Gamin en Chine
http://sagegamin.blogspot.com/2011/08/le-yin-et-le-yang-du-sage-gamin-en.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire