Après avoir présenté deux opéras (Werther et Salomé) qui m’avaient franchement déçu, l’Opéra de Montréal a décidé de conclure sa saison avec force en offrant aux Montréalais une production pratiquement toute québécoise et canadienne de La Bohème de Puccini. Dirigée par le metteur en scène Alain Gauthier, La Bohème est une de ces rares œuvres à respecter les traditions opératiques, tout en se permettant des écarts de modernité franchement appréciés.
Après avoir découvert les décors – charmants et pertinents sans être flamboyants - imaginés par Olivier Landreville, la première chose qui saute aux yeux en assistant à cette nouvelle version de l’œuvre phare de Puccini, c’est le talent d’acteur des chanteurs d’opéra qui s’exécutent sous nos yeux. Trop souvent alourdis par des déplacements codifiés ou ne possédant pas la formation adéquate pour allier technique vocale, interprétation lyrique et interprétation théâtrale, les chanteurs d’opéra s’avèrent généralement vaincus quand vient le temps de dépasser la fascination vocale avec des émotions brutes. Pourtant, ce soir, Marianne Fiset, Antoine Bélanger, Lara Ciekiewicz, Étienne Dupuis, Pierre Rancourt et Alexandre Sylvestre ont pour la plupart réussi à faire tomber le mur qui sépare quantité de leurs collègues chanteurs du talent d’interprète généralisé.
Est-ce que les spectateurs ont eu droit à cette amélioration majeure parce que plusieurs des artistes ont su développer une complicité magique durant leurs années de formation à l’Atelier lyrique de Montréal ? Est-ce plutôt parce que la nouvelle génération de chanteurs d’opéra est davantage consciente de la nécessité de savoir jouer en plus de savoir chanter ? Toujours est-il que dès les premières minutes, on sentait les chanteurs s’amuser et ressentir leurs personnages pour vrai. À ce titre, Étienne Dupuis menait la charge de talent vocal, doublé d’un talent d’acteur, en étant capable d’être profondément masculin et éminemment cabotin. Candide, rieur, charmeur, solide, voilà un exemple à suivre pour tous les aspirants chanteurs d’opéra.
En plus du plaisir qu’ils avaient à jouer entre eux, les interprètes de La Bohème étaient occupés à nous livrer l’histoire de ces artistes sans le sous : Marcello le peintre amoureux de Musetta, la belle ayant le besoin outrancier de charmer tous les hommes du monde, et Rodolpho le poète ayant succombé au charme de Mimi, atteinte d’une maladie qui ruinera peu à peu son amour et sa vie. Profitant d’une mise en scène minutieuse remplie de passages chorégraphiés s’harmonisant à merveille avec les musiciens, La Bohème gagne en symbolique et en émotions.
Bien que le chœur de l’Opéra de Montréal soit légèrement sous-exploité et que sa présence à la fin du premier acte ait donné des allures un brin chaotiques à l’ensemble – on ne sait tout simplement plus qui est en train de chanter – la direction générale de La Bohème est d’une agréable précision. Tout ce beau monde profitait également de la charge émotive de la musique inspirée de Puccini. Du grand, grand art.
Terminons en mentionnant le travail sublime de Marianne Fiset, qui a su incarner Mimi avec vulnérabilité, douceur et bonté, tout en réussissant à marier ses prouesses vocales à un travail émotif qui nous laisse les larmes aux yeux à la toute fin de spectacle.
J’y retournerais n’importe quand.
Après avoir découvert les décors – charmants et pertinents sans être flamboyants - imaginés par Olivier Landreville, la première chose qui saute aux yeux en assistant à cette nouvelle version de l’œuvre phare de Puccini, c’est le talent d’acteur des chanteurs d’opéra qui s’exécutent sous nos yeux. Trop souvent alourdis par des déplacements codifiés ou ne possédant pas la formation adéquate pour allier technique vocale, interprétation lyrique et interprétation théâtrale, les chanteurs d’opéra s’avèrent généralement vaincus quand vient le temps de dépasser la fascination vocale avec des émotions brutes. Pourtant, ce soir, Marianne Fiset, Antoine Bélanger, Lara Ciekiewicz, Étienne Dupuis, Pierre Rancourt et Alexandre Sylvestre ont pour la plupart réussi à faire tomber le mur qui sépare quantité de leurs collègues chanteurs du talent d’interprète généralisé.
Est-ce que les spectateurs ont eu droit à cette amélioration majeure parce que plusieurs des artistes ont su développer une complicité magique durant leurs années de formation à l’Atelier lyrique de Montréal ? Est-ce plutôt parce que la nouvelle génération de chanteurs d’opéra est davantage consciente de la nécessité de savoir jouer en plus de savoir chanter ? Toujours est-il que dès les premières minutes, on sentait les chanteurs s’amuser et ressentir leurs personnages pour vrai. À ce titre, Étienne Dupuis menait la charge de talent vocal, doublé d’un talent d’acteur, en étant capable d’être profondément masculin et éminemment cabotin. Candide, rieur, charmeur, solide, voilà un exemple à suivre pour tous les aspirants chanteurs d’opéra.
En plus du plaisir qu’ils avaient à jouer entre eux, les interprètes de La Bohème étaient occupés à nous livrer l’histoire de ces artistes sans le sous : Marcello le peintre amoureux de Musetta, la belle ayant le besoin outrancier de charmer tous les hommes du monde, et Rodolpho le poète ayant succombé au charme de Mimi, atteinte d’une maladie qui ruinera peu à peu son amour et sa vie. Profitant d’une mise en scène minutieuse remplie de passages chorégraphiés s’harmonisant à merveille avec les musiciens, La Bohème gagne en symbolique et en émotions.
Bien que le chœur de l’Opéra de Montréal soit légèrement sous-exploité et que sa présence à la fin du premier acte ait donné des allures un brin chaotiques à l’ensemble – on ne sait tout simplement plus qui est en train de chanter – la direction générale de La Bohème est d’une agréable précision. Tout ce beau monde profitait également de la charge émotive de la musique inspirée de Puccini. Du grand, grand art.
Terminons en mentionnant le travail sublime de Marianne Fiset, qui a su incarner Mimi avec vulnérabilité, douceur et bonté, tout en réussissant à marier ses prouesses vocales à un travail émotif qui nous laisse les larmes aux yeux à la toute fin de spectacle.
J’y retournerais n’importe quand.
La Bohème – 21 mai au 4 juin 2011
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