Yannick Nézet-Séguin était de retour à la barre de l’Orchestre Métropolitain en ce soir de première à l’Opéra de Montréal. Lorsque les dernières notes de Salomé se sont estompées, la réaction du public en disait long sur la soirée qu’il venait de passer. Non seulement les amateurs québécois s’étaient ennuyés de cette superstar de la musique classique, mais ils étaient également en droit de lui réserver les plus chaleureux applaudissement après avoir assisté à un opéra très moyen où la musique s’est avérée l’une des plus belles réussites.
Disons-le d’entrée de jeu, l’histoire de Salomé est foncièrement mauvaise. Séductrice aux désirs inassouvis, la jeune princesse Salomé est littéralement prête à toutes les bassesses pour obtenir le regard et le baiser de Jochanaan, un prophète enfermé pas très loin derrière. Il la repousse, elle n’accepte ni son refus, ni son rejet. Son beau-père le Roi se désintéresse de sa mère la Reine et propose à Salomé la moitié de son royaume si celle-ci consent à danser pour lui. Bien décidée à obtenir la tête du seul homme ayant osé se refuser à elle, Salomé finit par obtempérer, sans avouer ce qu’elle demandera en retour de cette danse. À quelques détails près, c’est uniquement autour de ce semblant d’histoire que tourne l’œuvre de Richard Strauss. De plus, comme l’opéra nous y a trop souvent habitués, on nous sert une action qui avance avec une infinie lenteur, la courbe dramatique est sur le respirateur artificiel, les phrases se perdent en répétitions, la recherche de synonymes est d’une impressionnante inutilité, subtilité et profondeur se font quasi inexistants, on tourne en rond et on recommence.
Heureusement, les spectateurs peuvent se délecter de la ravissante Niccola Beller Carbone qui, après avoir foulé les planches de la salle Wilfrid-Pelletier il y a un an pour y interpréter le rôle-titre de Tosca, nous revient cette fois pour y jouer une femme enchanteresse et vaniteuse. Sa voix est magnifique, son interprétation est suave et narcissique à souhait, et son corps est une splendeur à voir danser et se dénuder devant les yeux ébahis du Roi. Pour l'occasion, la soprano est admirablement entourée de John Mac Master et de Judith Forst, dont les voix, l’interprétation et la capacité de se déplacer en intégrant naturellement les multiples codes de l’opéra démontrent toute l’étendue de leur talent et de leur grande expérience.
N’oublions pas la partition musicale qui est interprétée magistralement par l’Orchestre Métropolitain et dirigée de mains de maître par Yannick Nézet-Séguin. C’est beau et majestueux, intense et inquiétant, puissant et hypnotisant. On en vient à regretter d’être à l’opéra et de lire des surtitres, alors que la seule musique suffirait à nous ravir pour une soirée en entier. Heureusement, quelques passages de Salomé optent pour le silence des chanteurs, nous permettant ainsi de profiter pleinement du mouvement et du brio des musiciens.
Rien que pour cela, la soirée n’a pas été gâchée. Mais il s’en est fallu de peu…
Opéra de Montréal – 19 au 31 mars 2011
Disons-le d’entrée de jeu, l’histoire de Salomé est foncièrement mauvaise. Séductrice aux désirs inassouvis, la jeune princesse Salomé est littéralement prête à toutes les bassesses pour obtenir le regard et le baiser de Jochanaan, un prophète enfermé pas très loin derrière. Il la repousse, elle n’accepte ni son refus, ni son rejet. Son beau-père le Roi se désintéresse de sa mère la Reine et propose à Salomé la moitié de son royaume si celle-ci consent à danser pour lui. Bien décidée à obtenir la tête du seul homme ayant osé se refuser à elle, Salomé finit par obtempérer, sans avouer ce qu’elle demandera en retour de cette danse. À quelques détails près, c’est uniquement autour de ce semblant d’histoire que tourne l’œuvre de Richard Strauss. De plus, comme l’opéra nous y a trop souvent habitués, on nous sert une action qui avance avec une infinie lenteur, la courbe dramatique est sur le respirateur artificiel, les phrases se perdent en répétitions, la recherche de synonymes est d’une impressionnante inutilité, subtilité et profondeur se font quasi inexistants, on tourne en rond et on recommence.
Heureusement, les spectateurs peuvent se délecter de la ravissante Niccola Beller Carbone qui, après avoir foulé les planches de la salle Wilfrid-Pelletier il y a un an pour y interpréter le rôle-titre de Tosca, nous revient cette fois pour y jouer une femme enchanteresse et vaniteuse. Sa voix est magnifique, son interprétation est suave et narcissique à souhait, et son corps est une splendeur à voir danser et se dénuder devant les yeux ébahis du Roi. Pour l'occasion, la soprano est admirablement entourée de John Mac Master et de Judith Forst, dont les voix, l’interprétation et la capacité de se déplacer en intégrant naturellement les multiples codes de l’opéra démontrent toute l’étendue de leur talent et de leur grande expérience.
N’oublions pas la partition musicale qui est interprétée magistralement par l’Orchestre Métropolitain et dirigée de mains de maître par Yannick Nézet-Séguin. C’est beau et majestueux, intense et inquiétant, puissant et hypnotisant. On en vient à regretter d’être à l’opéra et de lire des surtitres, alors que la seule musique suffirait à nous ravir pour une soirée en entier. Heureusement, quelques passages de Salomé optent pour le silence des chanteurs, nous permettant ainsi de profiter pleinement du mouvement et du brio des musiciens.
Rien que pour cela, la soirée n’a pas été gâchée. Mais il s’en est fallu de peu…
Opéra de Montréal – 19 au 31 mars 2011
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire