mardi 1 mars 2011

Des Hommes et des Dieux : partir ou bien mourir


Avec trois millions d’entrées en France et plus de 245 000 $ au box-office québécois le week-end dernier, l’histoire de Des Hommes et des Dieux fait courir les foules en mettant de l'avant huit moines français « pris en otage » dans un monastère algérien.

Tout au long du film qui est d'une lenteur extrême, les spectateurs sont confrontés au même dilemme que celui des huit moines français : partir ou bien mourir. Réalisé sans esbroufe, le film de Xavier Beauvois pose des questions morales d’une grande acuité sur la loyauté et l’investissement de soi. Lorsque les moines doivent choisir entre quitter l’Algérie pour se protéger des terroristes ou rester en défendant leurs convictions jusqu’à la fin, les opinions au sein du groupe sont partagées : « partir, c’est mourir » ; « je suis venu ici pour vivre, pas pour mourir en martyre » ; « oui mais partir, c’est fuir ». La réflexion effectuée à travers leurs discussions et leurs cantiques religieux est d’une admirable finesse.

Mentionnons également la grande qualité d’interprétation de l’ensemble de la distribution. Justes, posés, le geste lent et la voix réconfortante, les huit acteurs principaux sont beaux à voir. Michael Lonsdale est d’une sagesse, d’un calme, et d’une bienveillance chaleureuse qui donne envie à quiconque de l’avoir comme grand-père. Lambert Wilson offre quant à lui un mélange de force vulnérable et d’assurance mature à travers les yeux de son personnage.

Malheureusement, une morale humaniste et un groupe d’acteurs talentueux ne suffisent pas pour faire de Des Hommes et des Dieux un grand film.

Le réflexe qu’ont les moines à se tourner vers la parole de Dieu en toutes occasions est bien entendu naturel, mais la présence exacerbée des rituels religieux impose une grande distance émotive avec tous ceux qui se sentent déconnectés de la religion. Plus ils en parlent, moins on écoute. Quelques scènes ont su me toucher, mais lorsque la musique du Lac des cygnes a résonné vers la fin, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser aux images de Black Swan, tant la charge émotive de ce film est ô combien plus puissante que celle de Des Hommes et des Dieux. Entre vous et moi, quand on s'ennuie de Nathalie Portman en regardant un film de moines, c’est signe que ce qui défile sous nos yeux manque cruellement de matière pour nous faire vibrer.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

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