jeudi 5 mai 2011

Nouvelle création de La La La Human Steps : une overdose de talent en manque d’émotion

Après une tournée européenne au cours de laquelle la critique et le public ont été séduits par leur nouvelle création sans nom, La La La Human Steps faisait un arrêt à la Salle Wilfrid-Pelletier, là où des milliers de spectateurs ont eu droit à une effervescence de mouvements parfaitement maîtrisés et à des émotions qui n’étaient visiblement pas accessibles pour tous.

Assistez à un spectacle chorégraphié par Édouard Lock est une expérience en soit. Sans être tout à fait de la danse classique, ni foncièrement du contemporain, la prestation des danseurs de La La La Human Steps se classe dans une catégorie à part. Précise et majestueuse, la danse imaginée par le réputé chorégraphe est merveilleusement intégrée par chacun des interprètes. Leur rapidité, leur rigueur et leur minutie ne peuvent d’ailleurs faire autrement que de fasciner les spectateurs. Même si tout va extrêmement vite, les danseurs se regardent et s’écoutent en faisant preuve d’une cohésion exemplaire. On les sent expérimentés et complètement connectés les uns aux autres. Du Édouard Lock, c’est rien de moins que la quintessence des aspects techniques de la danse.

Malheureusement, malgré tant de beauté et de talent, quelque chose cloche dans le nouveau spectacle de La La La Human Steps. En choisissant de plonger ses danseurs et ses musiciens dans la pénombre du début à la fin, Édouard Lock force les spectateurs à un inconfort visuel particulièrement dérangeant. Rares sont les moments où l’on peut voir clairement le visages des artistes. Cette décision a donc pour effet de réduire certains passages chorégraphiques à de simples images : puissantes pour certains, dénuées d’intérêt pour d’autres. Les amoureux des arts visuels risquent fort d’être comblés par ces corps sans visages, par ce spectacle sans trame narrative, et par cette création majoritairement tournée vers la forme, au détriment de l’émotion viscérale qui peut l’accompagner en d’autres circonstances.

Bien entendu, prétendre qu’un spectacle résolument esthétique puisse être ennuyeux relève de l’inconscience, mais force est d’admettre que les œuvres qui sont en mesure de réunir la pureté du mouvement et l’âme de ses interprètes ont généralement plus de chances de nous ébranler jusqu’au cœur.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Salle Wilfrid-Pelletier – 5,6 et 7 mai 2011

1 commentaire:

  1. Emmanuel Galland6 mai 2011 à 05:17

    Bonjour Samuel Larochelle,

    Je vais moi-même découvrir la nouvelle création de Edouard Lock demain.

    À quel courriel puis-je vous expédier des communiqués en art et culture à Mmontréal ?

    Bien à vous,

    e.

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