vendredi 16 septembre 2011

Critique de « Anna sous les tropiques » : bon comme un vieux cigare cubain

Anna sous les tropiques, présentée au Théâtre du Rideau-Vert jusqu’au 15 octobre, c’est la tradition, c’est Cuba, c’est la famille, c’est le genre de théâtre fait sur mesure pour ceux qui ressentent le besoin de s’imaginer sous des cieux plus chaleureux alors que l’été québécois s’amuse à prendre fin abruptement.

Campée dans un atelier de confection de cigares cubains, l’histoire d’Anna sous les tropiques met en opposition le besoin outrancier de modernité et l’envie de regarder le temps passer, de se laisser porter et d’écouter un homme vous faire la lecture. Voyez-vous, jusqu’à la fin des années 20, il était coutume d’engager un homme pour lire l’actualité et les grands romans aux ouvriers afin de les occuper, les faire rêver et les cultiver. Dans l’atelier d’Ofelia et de Santiago, Juan Julian entreprend sa première lecture avec un roman de Léon Tolstoï, Anna Karénine, dont les amours passionnées font ressortir le meilleur comme le pire de chacun des employés. Rêves de Russie, rêves d’un cœur qui vibre à en faire mal, envie suprême de faire taire les souvenirs qui remontent en écoutant le lecteur ou celle non moins puissante de ne pas perdre sa femme aux mains du gentleman lecteur. Tout y passe.

En mettant en scène un texte de l’auteur cubain Nilo Cruz, Jean Leclerc – principalement connu en tant qu’acteur au Québec et chez nos voisins les Américains – s’amuse avec les passions de son équipe d’acteurs en les faisant bouger, chanter, danser, parier, travailler, festoyer, et en saupoudrant le tout de quelques éléments tragicomiques. Bien qu’on force la note à l’occasion et que la fin de la pièce prend un rythme beaucoup trop rapide pour être cohérente, le résultat global d’Anna sous les tropiques est tout à fait sympathique.

Mention toute spéciale à l’actrice Geneviève Schmidt qui offre au public du Rideau-Vert une Marela ludique et attachante qui a le don d’attirer les yeux et les oreilles de tous les spectateurs chaque fois qu’elle ouvre la bouche.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre du Rideau-Vert – 13 septembre au 15 octobre

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