mercredi 7 septembre 2011

Sortie du 8e Aurélie Laflamme : à India Desjardins, mon extra-terrestre préférée

Le 6 septembre 2006, India Desjardins publiait le premier tome de sa série de romans pour ados, « Aurélie Laflamme : extraterrestre… ou presque ». Cinq ans plus tard, voilà que la belle auteure nous offre le huitième et dernier volet de l’un des plus grands succès littéraires du Québec. Ce que l’histoire ne dit pas cependant, c’est que ma relation avec India Desjardins a débuté il y a près de 10 ans, bien avant son succès.

16 ans – Journal de Montréal – conseils amoureux 
Lorsque j’étais étudiant de quatrième secondaire, j’obligeais mes parents à acheter l’édition du samedi du Journal de Montréal pour ne rien manquer des Chroniques de Miss Jiji, qu’on disait rédigées par une adolescente. Ne doutant jamais une seule seconde que de telles histoires pouvaient être imaginées par une journaliste comme India (parait qu’elle a un talent pour comprendre les ados…), j’avais un jour écrit à la chroniqueuse adolescente pour partager mon avis sur une question d’amour de jeunesse. Très cute, oui, je sais. Toujours est-il que 24 heures après avoir envoyé mon courriel, j’ai reçu une réponse de Miss Jiji qui m’indiquait se nommer India Desjardins. Je faisais partie d’un petit nombre de lecteurs à qui la journaliste avait choisi de dévoiler son identité. Du haut de mes 16 ans, je me sentais honoré.

À force d’échanges de courriels, de diners, de discussions et de conseils sur mes études en journalisme et sur mon premier roman, India Desjardins a été la première personne du milieu artistico-médiatique à croire en moi. Pour cela, je lui en serai éternellement reconnaissant.

19 ans – Aurélie Laflamme tome 1 – commentaires de lecteur
En avril 2006, après mes études en journalisme, India Desjardins m’a demandé un service : lire et commenter le manuscrit du premier Aurélie Laflamme. Cette fois, j’étais plus qu’honoré, j’étais carrément surexcité. Une auteure publiée voulait mon avis de jeune lecteur sur son travail. Entièrement dévoué à son projet, je lui ai remis quelque 25 pages de commentaires sur tout ce que j’aimais, ce qui me chicotait, ce qui me faisait rire et ce qui me touchait. Des pages et des pages d’opinions manuscrites qu’elle a d’ailleurs photocopiées pour défendre quelques idées auprès de son éditeur (exemple : la présence outrancière de pensées entre parenthèses… qui avaient le don de m’enchanter).

À la sortie du premier Aurélie Laflamme, non seulement me suis-je précipité dans une librairie pour l’acheter, mais j’ai également eu la surprise de voir mon nom inscrit dans les remerciements. J’étais fier. Si fier que toutes les fois où j’allais dans une librairie avec un ami, je prenais un instant pour lui parler du roman d’India en lui montrant mon nom imprimé dans les premières pages. Depuis, à la sortie de chacun des nouveaux tomes, je cours m’en acheter une copie et je rédige entre 10 et 15 lignes de commentaires par courriel. C’est ma tradition.

23 ans – Inspiration pour un personnage
Après 4 ou 5 tomes, la belle India m’a écrit pour me demander de l’aide une nouvelle fois. « Je t’invite à diner, j’ai besoin de te parler pour un de mes personnages. » Ce personnage, c’était Jean-Félix, l’ami d’Aurélie Laflamme. Grand, flegmatique, un peu dandy, doté d’un sens inné de la répartie et… homosexuel. Jean-Félix est en partie inspiré de moi et de ma réalité. Pleinement décidée à l’idée d’éviter les clichés, India voulait savoir comment j’avais vécu mon adolescence en tant que gai et comment j’avais appris à vivre avec ma différence. En bout de ligne, l'écriture d'India a permis à l’un des plus grands succès de la littérature adolescente du Québec d'avoir un personnage secondaire homosexuel qui est bien dans sa peau, qui ne fait pas pitié et qui s’éloigne des vieux clichés. Est-ce que je vous ai dit que j’étais fier ?

N’empêche, à la sortie du septième tome l’hiver dernier, j’ai eu l’impression – purement objective – que Jean-Félix occupait moins d’espace que les autres personnages secondaires de la série. J’ai donc expliqué ma pensée à India dans un courriel. Quelques heures plus tard, mademoiselle l’auteure me disait être tout à fait consciente de la situation et m’encourageait à lui fournir quelques idées. Un joli remue-méninge a donc suivi pour donner un peu plus de profondeur à son Jean-Félix.

25 ans – La fin d’une époque, le début d’une autre
Cette semaine, India m’a avoué être nerveuse à l’idée de ce que je pourrais dire du traitement qu’elle avait réservé à Jean-Félix dans le huitième tome. Force est d’admettre que de voir un personnage fictif vivre certaines de mes propres histoires et exprimer quelques-unes de mes réflexions sur la différence est un sentiment très particulier, mais ô combien positif. Je ne m’attendais pas à moins de la part d’India Desjardins.

Huit tomes et plus de 3000 pages plus tard, la belle Aurélie a pris beaucoup de maturité. Petite extra-terrestre chérie est devenue grande, mais non moins attachante, originale et merveilleusement folle (un sincère compliment venant de moi). J’ai le cerveau qui tilte chaque fois que je lis les histoires d’Aurélie. Je souris à m’en faire mal aux joues, j’éclate de rire aux 3 minutes, je suis attendri et je donne un bisou au roman en espérant qu’il se rende à l’écrivaine pour la remercier de tous ces passages qui me font tant de bien. Avec Aurélie, j’ai l’impression de ne plus être le seul extra-terrestre à vivre dans un univers parallèle et à aimer ça.

En terminant le huitième et dernier tome de la série, bien sûr que j’ai le cœur gros, mais je me dis que les jours où je vais m’ennuyer de la belle Aurélie, je n’aurai qu’à lever les yeux au ciel en me rappelant qu’il y a une belle extra-terrestre qui veille sur tous ses compatriotes expatriés sur Terre depuis 10 ans et pour encore longtemps.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin.

Critiques roman :


4 commentaires:

  1. Wow ! Quel beau texte..J'adore les réflexions que vous portez sur le roman, et je suis entièrement de votre avis. Moi-même étant adolescente et consciente de la réalité que vivent les homosexuels..j'avais une amie que se faisait rejeter à cause de son orientation, je peux vous dire que ce n'est point des blagues à faire! Je suis vraiment heureuse d'avoir lu les romans d'Aurélie Laflamme, et suis certaine que votre contribution au personnage de Jean-Félix a pu servir pour bien des jeunes..Merci :)

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  2. Bravo! Je n'ai lu aucun de ses romans, mais ton témoignage me donne vraiment envie de plonger un peu dans cet univers.
    Continue d'inspirer, mais songe aussi à écrire? Tu as un joli coup de crayon.
    Marie Larocque

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  3. Merci pour ce touchant témoignage. Tu es aussi attendrissant que le beau personnage de Jean-Philippe. Je suis une maman d'ado complètement accro à l'oeuvre d'India. Toutes les mères devraient lire ça.
    Merci
    Andrée Robert

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  4. À Marie : un sincère merci pour le commentaire. Tout le mérite revient à India, mais si j'ai pu l'influencer un tant soit peu, ça me fait grand plaisir.

    À Mémé attaque Haïti : vous faites bien de vouloir débuter la série. Des lecteurs de tous âges ont aimé autour de moi. Et puis pour le reste, sachez que je fignole ces jours-ci mon premier roman avant d'essayer de trouver un éditeur.

    À Andrée : ma mère serait bien d'accord avec vous, elle adore la série depuis le début. Jean-Félix est effectivement un charmant personnage.

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