mercredi 23 mars 2011

Le GUMBOOT : cette danse qui a commencé à me sauver de moi-même

Combien d’entre vous peuvent affirmer sans hésiter qu’ils savent bien danser ? Combien sommes-nous à regarder So You Think You Can Dance en pamoison devant le talent des danseurs qui s’exécutent semaine après semaine ? Que seriez-vous prêt à donner pour développer le talent du mouvement et de l’expression du corps ? Y a-t-il seulement une danse qui soit faite pour vous ?

J’ai toujours eu l’impression que la danse était l’un des talents artistiques que je ne possèderais jamais. Malgré une douzaine d'années consacrées à la musique, au théâtre, au chant et à l’écriture, autant de formes d’art me permettant de développer mon écoute, ma capacité d’interpréter, de connecter avec les autres et de suivre le rythme, j’étais persuadé de ne jamais pouvoir maîtriser l’art de la danse.

À mes yeux, savoir danser et mesurer 6 pieds 4 pouces, ce n’était rien d’autre qu’une belle antithèse. Impossible que ces deux réalités puissent un jour avoir envie de se marier. Trop peu de coordination, un centre de gravité trop compliqué à gérer, trop de ceci, trop peu de cela. Combien de fois me suis-je refusé à sortir danser dans un bar parce que j’avais peur de me sentir ridicule ?

-Bois quelques shooters avant d’aller danser et tu n’y penseras même plus, prétendaient certains amis.

Je suis convaincu d’être capable du meilleur comme du pire lorsque vient le temps de me retrouver sur une piste de danse. Je me sens coincé dans la foule, contraint dans mes mouvements, je ne sais pas quoi faire avec mes grands bras, et je me sens observé par la foule en entier.

-Mais on s’en fout des autres, tout le monde danse mal.

Chaque fois que je réussis à me débrancher le cerveau avant d'aller m’éclater sur une piste de danse, je me sens bien, je sens le rythme monter en moi, j’improvise, je fais le fou, je chante, et je m’amuse complètement.

-Tu n’es pas aussi irrécupérable que tu pensais finalement...

Moi, prendre un cours de danse ?
Récemment, un ami danseur est entré dans ma vie. Mesurant plus de 6 pieds 5 pouces, cet ami danseur avait suivi pendant trois ans une intense formation à l’ADMMI, une école de danse contemporaine montréalaise très réputée. Puis, un jour, je l'ai vu danser. Se dressaient alors devant moi 77 pouces de talent brut pour la danse. En plus de posséder des aptitudes indéniables, mon ami réussissait par sa seule prestance à sortir du lot en un clin d'oeil.

À partir de cet instant, impossible de ne plus penser à la danse. Il me fallait trouver une école ou un cours pour me confronter et m’amuser. Je me suis donc chargé de faire des recherches. Les danses en couple avec l’homme qui dirige la femme ? Très peu pour moi.  La claquette ? Trop technique. Le Bollywood que j’avais vu dans le film Slumdog Millionaire ? Clairement trop féminin selon les extraits de cours offerts sur Youtube. La danse contemporaine ? Tout à fait envisageable, un défi merveilleux, mais infiniment technique également. Un jour de janvier, l’option tant attendue s’est finalement pointée le bout du nez : le gumboot.

Dansée avec des bottes de caoutchouc dans les pieds, le gumboot est une danse africaine percussive où les danseurs exécutent une chorégraphie endiablée sur des rythmes de percussion et de chants. Inventé en Afrique du Sud au début du siècle dernier durant l’Apartheid, le gumboot servait de mode de communication non-verbal composé de claquements entre les éléments à la portée des mineurs sud-africains (bottes, chaînes, sol, surface de l’eau). Devenant rapidement un moyen de revendications des plus efficace, le gumboot a littéralement fait trembler les dirigeants : le pouvoir du groupe, l’âme de centaines de personnes réussissant à entrer en communion par le pouvoir du chant ou de la danse, voilà bien des éléments que les dictateurs de l’époque craignaient plus que tout.

En 2011, dans un petit local du quartier Rosemont-la-Petite-Patrie, se rassemblent chaque semaine une dizaine de personnes de tous les horizons pour apprendre le gumboot en gardant en tête un élément fondamental : il nous faut aller au-delà du simple mouvement. Même si les cours sont exaltants, énergisants, qu’on s’y amuse comme des enfants et qu’on y travaille aussi fort que dans une séance d’aérobie militaire, il nous faut toujours atteindre un petit  quelque chose de plus. Apprendre une chorégraphie, d’accord, maîtriser le sens du rythme, peut-être, mais à quoi sert tout cela si on n’arrive pas à habiter chacun de nos mouvements ? À quoi bon danser en groupe si l’on n’arrive pas à danser ensemble ?

Depuis quelques semaines, j’apprends à aller au-delà. Je suis mauvais et brillant dans la même minute, mais je m’en fous. Je danse, un point c’est tout.

Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

4 commentaires:

  1. Ma fille vient d'avoir 15 ans et elle a encore grandi dernièrement. Elle danse depuis qu'elle a 5 ans et fait parti d'un programme intensif de ballet. Du haut de ses 5 pi et 11 1/2 elle continue son parcours la tête haute. Moi sa petite maman de 5 pi et 10 je m'inquiete parfois pour son futur et votre témoignage est à la fois inspirant et rassurant.
    J'espère qu'elle trouvera un partenaire de danse de votre grandeur et avec votre talent un jour.


    Merci et bonne continuation!

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  2. Mon talent est plus pour les mots que pour la danse, mais je crois qu'il y a espoir pour votre fille. Si elle possède un talent et qu'elle profite de sa différence, elle sera 1000 fois plus intéressante à voir aller que les autres.

    Ça prend du temps avant de le comprendre et de l'intégrer pleinement, mais c'est "payant" de ne pas être comme tout le monde.

    Merci de votre charmant commentaire.

    Samuel

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  3. Où prenez-vous vos cours de Gumboots? (votre adresse courrielle n'est pas bien enregistrée, message par défaut dit qu'on ne peut l'utiliser pour vous rejoindre)

    Isa

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  4. Je prenais mes cours avec Just Gumboots : http://justgumboots.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2&Itemid=2&lang=fr

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