vendredi 9 mars 2012

Le Lac des Cygnes aux Grands Ballets : la froide perfection ukrainienne

Continuant de mélanger le classicisme à la modernité dans leur programmation, les Grands Ballets canadiens de Montréal donnent actuellement dans la tradition classique du ballet russe en invitant le Ballet national d’Ukraine à interpréter Le Lac des Cygnes, du 8 au 11 mars à la Place-des-Arts.

Les puristes savent à quoi s’attendre. Les amoureux des conventions ultras rigides de la danse prennent leur pied. La presque totalité des spectateurs de la salle Wilfrid-Pelletier vont être charmés et subjugués. Pourtant, hier soir, le Lac des Cygnes m’a laissé de glace.

Bien que la surenchère de prouesses techniques soit à couper le souffle, le spectacle se résume à mon sens à une beauté glaciale. Séparé en trois actes – totalisant près de trois longues heures – la version ukrainienne du Lac des Cygnes commet une erreur fondamentale en poursuivant la tradition des salutations franchement trop fréquentes. Révérences après un solo, révérences après un numéro de petit groupe, révérences à la fin de chacun des trois actes. Le procédé casse le rythme et l’ambiance à de nombreuses reprises. Cette façon de faire démontre également un deuxième aspect du ballet classique très agaçant : la quête ultime de la perfection et du résultat. À défaut de m’apparaître incarné et porteur d’émotions, le Lac des Cygnes est une ode à la performance. Lorsque la direction d’un spectacle priorise la pureté du mouvement à la vérité du sentiment, notre œil est nécessairement attiré vers les plus petites imperfections : de légères hésitations, quelques équilibres brièvement fragilisés, plusieurs moments où le synchronisme entre les musiciens et les danseurs fait défaut. Ces trois éléments prendraient certainement moins d'importance dans un spectacle, si le but ultime des artisans n’était pas l’absence de faille.

Bref, le Lac des Cygnes impressionne, magnifie, éblouie et renverse, mais il n’émeut point.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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-THÉÂTRE - "Cranbourne" à la Salle Fred-Barry : quel réjouissant manque de classe !

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