vendredi 2 mars 2012

Critique de « Cranbourne » à la Salle Fred Barry : quel réjouissant manque de classe !

Quel bonheur de retrouver l’auteur, metteur en scène et interprète Fabien Cloutier dans une autre de ses créations présentée à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 17 mars. Au menu : rire gras, rire jaune, manque de classe, surprise et émotions.

Le programme de la soirée annonce assez bien la vision du théâtre de Fabien Cloutier : « Je n’aime pas les longs mots de metteur en scène qui me disent ce que je devrais comprendre dans ce que je vais voir. Je n’aime pas non plus qu’on me prépare à l’œuvre, comme si le spectacle exigeait que je sois dans un tel ou un tel état pour mieux l’apprécier. Alors je fais court… » Le théâtre avec Fabien Cloutier, c’est brut, viscéral, direct et sans flafla. Un décor qui se résume à une chaise d’une laideur immonde. Quelques d’éclairage. Des déplacements réfléchis pour garder l’attention des spectateurs ou mettre l’accent sur certains passages. Pour le reste, il y a un acteur, une histoire et des spectateurs qui en redemandent.

Après avoir séduit les amateurs des Contes urbains en 2005 avec « Ousqu’y é Chabot ? » et imaginé une histoire autour de ce même personnage dans une pièce de théâtre complète, Scotstown, présentée en 2009 avec tout autant de succès, Cloutier revient nous brasser la cage avec « le chum de Chabot », qui se pose une question de premier ordre : « Faque si câlisse j’ai jamais faite ça / Si crisse chu genre qui penserait même pas à faire ça / Ben ça veut dire que chu un bon gars / Pis si chu un bon gars / Comment ça qu’la pelleté d’marde à m’arrive à moé? »

En plus clair, le chum de Chabot, il réalise qu’il n’a encore rien fait de sa vie et qu’il a tout intérêt à se trouver un travail et une blonde dans la prochaine année. De plus en plus conscient que son entourage n'est pas composé par beaucoup de « vainqueurs », il nous raconte à sa façon dans quel monde il vit : des amis qui vont dans un chalet et qui veulent se commander une prostituée, peu importe sa propreté ; des centaines d’habitants d’un village vraiment très creux qui participent à un concours consistant à déterminer à quel endroit précis une vache va déféquer ; un emploi dans une usine de gâteaux Vachon où rien ne tourne rond et un univers où l’on donne une toute nouvelle définition à la virilité.

Fabien Cloutier raconte des histoires que personne d’autre n’oserait raconter et nous serions bien inconscients de nous en priver. 

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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