vendredi 3 février 2012

Vigile (ou le Veilleur) au Rideau-Vert : la face cachée de la compassion

En mettant « Vigile (ou le Veilleur) » à l’affiche du Théâtre du Rideau-Vert jusqu’au 28 avril, la directrice artistique Denise Filiatrault permet aux mots du dramaturge canadien Morris Panych d’être admirablement bien traités par la traductrice Maryse Warda, récipiendaire du Prix littéraire du Gouverneur général en 2011 dans la catégorie traduction, et par le réputé metteur en scène Martin Faucher. La soirée qu’elle nous invite à passer dans son théâtre au coin des rues St-Denis et St-Joseph fait un pied de nez à tous les symptômes de la dépression saisonnière en nous divertissant sans jamais nous abrutir.

Le jour où un homme reçoit une lettre de sa tante mourante lui demandant de venir à son chevet, celui-ci prend la décision de quitter son travail pour accompagner la seule parcelle de parenté qui lui reste, quelque 30 ans après l’avoir vue pour la dernière fois. Abandonné par ses parents, asocial, asexué, cynique, désabusé et ne filtrant à peu près rien de ce qu’il pense, l’homme vivote et déblatère autour du lit de sa tante, espérant qu’elle finisse par mourir et lui laisser tout ce qu’elle possède.

L’histoire de Vigile pourrait sembler banale et déprimante au premier coup d’oeil, mais on y trouve un humour diablement efficace et une réflexion surprenante sur la mort, la vieillesse, la solitude, la famille et la compassion. Dans son quasi-monologue, Éric Bernier fait preuve d’un aussi grand talent pour la comédie que lors des représentations enflammées de la pièce Le Mystère d’Irma Vep, présentées entre 2004 et 2008. Bien que Vigile soit à des années-lumière de l’exubérance d’Irma Vep, Bernier s’approprie un autre personnage en lui donnant une palette de couleurs des plus diversifiées, grâce à un jeu physique et des fluctuations vocales fort divertissantes.

Même si elle est sur scène en permanence, Kim Yaroshevskaya n’a que 6 ou 7 répliques à donner pendant toute la pièce. En ce qui la concerne, tout est question de présence, de chaleur et d’émotions. En la voyant réagir aux énormités du personnage d’Éric Bernier, difficile de ne pas souhaiter en secret que la belle interprète de Fanfreluche devienne notre tante ou notre grand-mère. Même en 2012, le charme de l’actrice opère toujours.

Bien entendu, on pourrait questionner la mise en scène fort traditionnelle de Martin Faucher et les jeux de lumière un peu agaçants quand vient le temps de délimiter les multiples tableaux de l’histoire, mais on serait inconscients de ne pas réaliser que Vigile est avant tout du théâtre d’acteur, et qu’à ce niveau, Faucher dirige ses interprètes de mains de maître. 

Pour les deux mois à venir, le Rideau-Vert propose du théâtre rafraîchissant, un Éric Bernier survolté, une Kim Yaroshevskaya attendrissante, une touchante réflexion sur la fin de nos jours, en plus d’un revirement de situation que presque personne ne peut voir venir. Une pièce qui vaut le détour !

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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1 commentaire:

  1. J'ai été voir cette pièce que j'ai trouvé insignifiante et sans aucun intérêt. De plus, de voir un des personnages ne rien dire ou presque durant toute la pièce ajoute à l'insulte. Autant mettre un mannequin, et la job aurait été faite.

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