jeudi 27 octobre 2011

« Dans l’ombre d’Hemingway » : les tourments d’inspiration d’un vieux lion

Qu’est-ce qui inspire un écrivain ? Quelles circonstances arrivent à rallumer sa flamme ? La page blanche est-elle aussi effrayante à 20 ans qu’à 60 ? Une jeune muse italienne suffit-elle à redonner le goût d’écrire à un vieil homme épuisé ? Tant de questions et de moments de grâce offerts par l’auteur et metteur en scène Stéphane Brulotte avec la pièce « Dans l’ombre d’Hemingway », présentée au Théâtre Jean Duceppe jusqu’au 3 décembre.

Après avoir lu après tout ce qu’il pouvait lire sur l’écrivain américain ayant accouché du roman « Le vieil homme et la mer », Stéphane Brulotte a choisi d’imaginer quelques mois de l’an 1950 où une jeune muse vénitienne aurait visité Hemingway et sa femme pour lui redonner l’inspiration. Éreinté par la critique, jaloux d’un William Faulkner nobélisé, abandonné par le génie créateur et diablement tenté par l’effervescence de la jeune italienne, Hemingway se perd dans l’alcool et laisse courir ses mains et sa bouche sur les courbes de son invitée.

Une chaise longue où il se laisse choir, un bureau où il n’avance à rien et un ciel gris chargé. Une plage, une scène qui se transforme en un pont sur pilotis et les vagues de la mer en arrière-plan. Une table de bistro et une ambiance un tant soit peu plus urbaine. Voici les trois décors simples, mais drôlement efficaces imaginés par Richard Lacroix (exception faite de la projection d'un énorme lion qui jure avec tout le reste).

Marie Michaud, jouant la femme dévouée qui se libère tranquillement d’une frustration trop longtemps réprimée, et Linda Sorgini, interprétant la mamma italienne qui est prête à tout pour "défendre" sa fille contre le vieux loup, sont toutes deux très intéressantes et divertissantes à voir aller. Pour le reste, on ne croit presque jamais au couple formé par Michel Dumont et Bénédicte Décary, et les accents des comédiens n’ont clairement pas profité d’une direction claire du metteur en scène (un mélange de québécois et de français international pour le couple d’Américains de Michaud et Dumont VS un français imprégné d’italien pour Sorgini et un accent constamment vagabondant pour Décary).

L’écriture de Stéphane Brulotte n’est pas toujours constante, mais l’auteur offre tout de même au public du Théâtre Jean Duceppe plusieurs très bons moments : des touches d’humour et de sarcasme qui vont droit au but, une réflexion sensible sur les affres du métier d’écrivain et la mise en scène d’un couple mort de l’intérieur. Une belle soirée au théâtre.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre Jean Duceppe – 26 octobre au 3 décembre
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mercredi 26 octobre 2011

Pippo Delbono à l’Usine C : la mise à nu d’un véritable artiste

N’offrant rien d’un moins qu’une mise à nu métaphorique de son histoire au public de l’Usine C, l’acteur italien Pippo Delbono s’éloigne du théâtre conventionnel pour nous raconter sa vie, sa mise en scène, ses drames et ses élans de tendresse.

Moi qui me désole du manque de vérité de plusieurs acteurs au cours des dernières semaines, je suis obligé d’admettre – avec un bonheur sincère – qu’un homme tel que Pippo Delbono est à des années-lumière de cette réalité. Vrai, vulnérable, spontané et toujours connecté, l’acteur-raconteur nous fait visiter la beauté et la cruauté de la vie sans s’approcher ne serait-ce qu’un tout petit peu du mélodramatique.

Présentant une oeuvre qui a presque des allures de spectacle d’adieu, Delbono arrive sur scène pour y rejoindre une table, une chaise et quelques rares accessoires qui lui permettront de plonger les spectateurs dans la beauté de son imperfection. Histoires racontées, extraits de poésie empruntés, coups de gueule bien sentis, souvenirs douloureux, mémoires réconfortantes, tous les moyens sont bons pour nous parler d’amour, de liberté, de loyauté, de sida, de théâtre ou de son Italie bien-aimée et bien châtiée.

Le spectacle souffre de quelques longueurs, certains passages criés en italien agressent nos oreilles à quelques reprises, son français souvent mal structuré impose aux spectateurs une concentration particulière afin de suivre les dédales et les détours qu’il emprunte, mais peu importe, Pippo Delbono peut se permettre de faire des erreurs de vocabulaire, de mal danser, de présenter son ventre arrondi au public ou de s’éloigner de ce que les conventions considèrent comme de l’esthétisme pour la simple et bonne raison qu’il possède la plus grande des beautés : il est vrai.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Usine C – 26 au 29 octobre
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mardi 25 octobre 2011

« Les Enfants de la pleine lune » : un titre bien joli pour une histoire si tordue

Présentée au Théâtre Prospero jusqu’au 19 novembre prochain, la pièce écrite par l’auteure Emanuelle Delle Piane est inspirée d’un fait divers sordide : l’affaire Fritzl, pédophile incestueux autrichien ayant séquestré sa propre fille pendant 24 ans, la violant et l’agressant, en plus de lui faire 7 enfants.

Au Théâtre Prospero, les Enfants de la pleine lune sont représentés par une jeune femme et les jumeaux qu’elle a eus avec son propre père. Pendant que celui-ci leur impose une vie sans lumière et sans contact avec le monde extérieur, les trois enfants s’étourdissent de tables de multiplication et s’amusent à discourir sur le ciel, le soleil, la ville, le temps qui passe et qu’il fait, en écoutant la plus vieille réciter ce qu’elle seule a connu : le vrai monde. Subissant les agressions du patriarche à chaque nouvelle lune – habile manœuvre de mise en scène afin de suggérer l’acte sans le montrer – la plus vieille des enfants est un jour laissée pour morte dans les ordures, alors que les deux plus jeunes grandissent, posent des questions, tentent de comprendre et exigent de plus en plus de réponses.

Les décors de la production se résument à un espace qu’on dirait creusé dans le sol, un petit lit de rien du tout, un palier en retrait où les agressions sont commises, un ciel étoilé et un escalier menant vers le monde réel. Tout est habilement construit pour nous plonger dans la réalité déconcertante de cette famille dysfonctionnelle.

Malheureusement pour la scénographie habilement mise en place, certains passages poétiques écrits par Emanuelle Delle Piane semblent gommés et dénués de leur portée émotive par le jeu des acteurs. Jacques L’Heureux joue faux et ne donne jamais l’impression d’avoir creusé dans la zone d’ombre de son âme afin d’interpréter ce père ignoble. Les trois autres acteurs (Louise Cardinal, Steve Gagnon et Catherine Paquin-Béchard) ne sont ni mauvais, ni tout à fait bons. Ils nous n’offrent rien de plus qu’une série de mots nous permettant d’accéder à la prochaine scène, sans nous ébranler par des élans de vérités bien sentis.

Plusieurs aspects de la mise en scène deviennent répétitifs (jeux avec les chaînes, allers-retours de la cave vers l’extérieur, etc.), au point de perdre de leur impact sur la progression narrative de la pièce.

Malgré toutes ces maladresses, le simple fait d’assister aux Enfants de la pleine lune impose une réflexion sur les faits divers atroces qui lui ont servi de source d’inspiration. Grâce à cette production du Théâtre de l'Opsis, on imagine très bien les effets physiques et psychologiques provoqués par de tels sévices, mais on aurait surtout voulu les ressentir…

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre Prospero - 25 octobre au 19 novembre
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Ingrid St-Pierre : la voix d’ange d’une petite luciole sur un high

Lorsque j’ai un coup de cœur pour un artiste quelques mois après tout le monde, j’attends que l’actualité me fournisse une nouvelle occasion pour m’y attarder. Aujourd’hui, pourtant, je défie mes propres règles en vous parlant d’une jeune auteure-compositrice-interprète qui s’est enfuie avec mon cœur il y a quelques jours : Ingrid St-Pierre.

Un certain matin, il y a deux semaines, alors que je laissais mon pyjama et mon sofa se faire la cour, je suis tombé sur Ingrid St-Pierre à la télé. Petite entrevue sympa, joli minois d’une blondinette légère et souriante, elle s’installe au piano et nous balance une ritournelle sur les méthodes envisagées pour se débarrasser de son copain avec des pâtes à l’arsenic, un explosif dans la boîte à gants ou de la mort-aux-rats, avec un je-ne-sais-quoi de pureté lui permet à peu près n’importe quoi.

Pâtes Au Basilic:
Mon amour, je t'ai préparé des pâtes au basilic
j'ai pris soin d'y mélanger les trucs auxquels t'es allergique
faut surtout pas t'inquiéter pour l'arrière-goût qui pique
j'espère que j'ai bien dosé les gouttes d'arsenic
C'est pas vraiment que tu m'exaspères,
mais simplement que t'as fait ton temps
je plaiderai homicide involontaire, fais pas cette tête-là voyons!
grâce à moi tout est parfait on restera au stade de la passion
après tout c'est toi qui voulais, un enterrement de vie de garçon

Deux jours plus tard, je convaincs mon sofa de me laisser quitter l’appartement pour aller faire un tour dans un magasin de musique et m’arrêter devant un poste d’écoute où l’album de la demoiselle est là qu'il m'attend. Une minute, deux minutes, trois minutes, et c’en est fait de moi. J’achète son album, je quitte les lieux et je rentre à la maison en courant pour l'écouter d'un bout à l'autre.

Et voilà que que je m’émeus, que je souris, que j’éclate de rire, que je me laisse bercer par une voix qui n’a rien de forcé et qui n’est que douceur et vérité. Ingrid St-Pierre s’amuse à jouer avec sa voix feutrée ou avec des tonalités aiguës surprenantes comme bien peu de chanteuses savent et osent le faire. Lors d'une première écoute, on l’entend monter, monter et monter encore avec l’impression que sa voix peut difficilement aller si haut sans casser. Mais non, la belle Ingrid a une totale maîtrise de son instrument. Pas le genre de voix qui ne pense qu’à ses notes et ses modulations, mais plutôt quelque chose de franchement travaillé qui lui offre confort, sensibilité et laisser-aller.

L’écriture d'Ingrid St-Pierre a la capacité de vous renverser le cœur, autant que de vous replonger dans la candeur de vos 4 ans avec sa voix d’ange et la conviction que sa musique appartient à toutes les saisons.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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vendredi 21 octobre 2011

“Faire des enfants” au Quat’Sous : la lourde tâche de monter un texte déjà porté aux nues

Le metteur en scène Gaétan Paré avait la lourde tâche de diriger la production de « Faire des enfants », un texte écrit par le jeune auteur Éric Noël, récompensé l’an dernier par le prix Gratien Gélinas soulignant le travail d’un auteur de la relève. À défaut de présenter une œuvre aussi grandiose que le texte qui en assume les fondations, Paré et ses acolytes offre tout de même plusieurs bons moments au Théâtre de Quat’Sous.

Faire des enfants s’interroge sur ce qu’un jeune homme de 24 ans fait avec la vie que lui ont offerte ses parents, ou plutôt de quelle manière il arrive à salir et détruire ce qu’ils ont cherché à protéger et chérir. Le jeune homme prénommé Philippe refuse d’entendre son nom associé à des compliments ou des mots d’amour. Ressentant tout et rien à la fois, le jeune homme se détache des gens pour mieux fuir ce qu’il devient : un corps qui se fait baiser, remplir, déchirer et humilier. Un corps qu’il laisse se vider dans le lit de sa meilleure amie après une nuit à déraper. Ce Philippe a une sœur qui essaie de comprendre comment elle peut exister pleinement avec un frère qui agit de la sorte et des parents qui tentent de comprendre ce que leur fils est devenu.

L’écriture de Faire des enfants est réglée au quart de tour, les images sont puissantes et évocatrices, le rythme est efficace, tous les mots sont minutieusement choisis afin d’insuffler émotions, écorchures et réalisme brutal à l’histoire de Philippe. N’allons pas jusqu’à parler d’un texte mythique, puisqu’un auteur comme Eric Noël risque de faire encore mieux dans les années à venir, mais n’hésitons pas à parler d’une oeuvre monumentale.

En ce qui concerne le jeu des acteurs et la mise en scène, on passe malheureusement du génial à l’ordinaire. À l’exception de l'actrice Rachel Graton qui joue la sœur de Philippe avec une justesse émotive effarante à chacune de ses présences sur scène, les acteurs sont à la fois merveilleux et à peine plus que corrects, à différents moments de la production. La plupart d’entre eux arrivent sur scène comme s’ils n’étaient pas totalement imprégnés de leur personnage ou pas entièrement réchauffés. Un peu plus tard, ils réussissent à nous jeter par terre avec une force impressionnante, mais ils finissent par se laisser flotter sur des élans d’intensité tout ce qu’il y a de plus inconstant.

Les costumes des hommes que rencontre Philippe dans un club sont tout à fait ridicules et superflus, plusieurs transitions s’avèrent trop longues et les passages plus physiques (claques ou rudoiements) ne sont pas le moindrement crédibles. Malgré toutes ces maladresses, le choix de dépouiller la scène de décors et de limiter les accessoires permet au texte et aux acteurs de se révéler brillants à plusieurs occasions.

À défaut d’être transcendante et mémorable, la production de Faire des Enfants est quand même un incontournable du théâtre contemporain de l'automne 2011.
Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre Quat’Sous – 18 octobre au 13 novembre
http://www.quatsous.com/1112/saison/faire.php
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mercredi 19 octobre 2011

Le tour de force du Oulipo Show marque les 30 ans de UBU à l’Espace GO

Le mot « flabbergastant » a été inventé expressément pour exprimer ce qu’on ressent en assistant aux prouesses langagières des acteurs du Oulipo Show. Présentée à l’Espace GO pour souligner les 30 ans de la compagnie UBU, la pièce conçue et mise en scène par Denis Marleau dure à peine 1 heure, mais on se surprend à espérer le moment où nous pourrons applaudir les artistes à tout rompre. De toute évidence, ce spectacle n’a pas marqué l’histoire du théâtre pour rien.

Réunissant ses quatre complices d’origine (Carl Béchard, Danielle Panneton, Pierre Chagnon et Bernard Meney) afin d'affronter les innombrables défis du Oulipo Show près de 25 ans après sa création, Denis Marleau offre au public l’exercice technique de haute voltige le plus délirant qui soit.

Point d’histoire linéaire à espérer avec le Oulipo Show, mais plutôt un ingénieux collage de petits textes à déguster. Exercices de diction, exercices de style de Raymond Queneau sur les 99 versions d’une même histoire, texte de Michel Tremblay, de Denis Marleau, de Goerges Pérec et de tant d’autres, le Oulipo Show est l’occasion par excellence pour tester les limites du talent des acteurs : défis d’articulation, de mémorisation et d’interprétation, le spectacle de Marleau met à l’avant-plan tout ce que les mots peuvent provoquer dans un corps et tout ce qu’un corps peut avoir comme effet sur les mots.

Qu’on se le dise, peu nombreux sont les acteurs capables de se mettre en bouche un texte pareil avec autant de virtuosité. Bien que certaines subtilités articulatoires ne se rendent pas jusqu’à nos oreilles, le quatuor frôle la perfection. Ils sont impressionnants, drôles, rythmés, agréables pour l’œil et pour l’oreille, et ils nous sortent de nos habitudes théâtrales avec grand bonheur.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Espace Go – 18 octobre au 12 novembre
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lundi 17 octobre 2011

« Le désert des solitudes » de Catherine Major ou le talent brut d’une petite fleur du mal

Trois ans après la sortie de Rose Sang, un deuxième album qui avait ravi le public et les critiques un peu partout dans la francophonie, Catherine Major revient nous ravir les oreilles et nous trouer le cœur avec la sublime poésie du Désert des solitudes.

Plus poétique et vachement plus articulée qu’une Cœur de Pirate, proche parente de l’univers mélancolique d’un Alexandre Désilet, cousine musicale d’un certain Pierre Lapointe, de par sa diction chansonnière et sa force de création, Catherine Major possède malgré toutes ces comparaisons un univers musical bien à elle. En écoutant les chansons qui composent le Désert des solitudes, force est d’admettre que le dernier opus de la jeune artiste est une suite logique de l’album Rose Sang. De toute évidence, l’auteure-compositrice-interprète a trouvé une niche qui lui convient parfaitement et son talent en profite pour s’y déployer sans changement de cap à la 180 degrés.

Sa voix grave, douce et solide s’amuse avec la poésie des mots et leurs effets phonétiques comme rares peuvent se vanter de savoir le faire. Les chansons de Catherine Major ne sont jamais tout à fait festives, ni tout à fait légères, mais la plupart d’entre elles nous plongent dans une tristesse qui peut devenir très lourde par moment. Qu’on me comprenne bien, la lourdeur et la mélancolie peuvent être d’une beauté incandescente et Catherine Major possède une capacité inouïe pour nous plonger entre deux mondes, entre le rêve et le cauchemar, la douceur et la gravité, dans un « jardin froid de juillet », au cours « d’une journée de pluie salée », lorsque le jour hésite à se lever et que le spleen de vivre cherche à nous charmer.

Les orchestrations souvent trop présentes auraient tout avantage à laisser place à la simplicité du piano-voix qui permet à la chanteuse d’atteindre une intimité et une vérité qu’elle enterre trop souvent avec ses arrangements, mais en écoutant ses chansons quelques-unes à la fois, et à plus d’une reprise, on les découvre en les laissant nous habiter au lieu de les laisser nous vider. Apprivoisée de la sorte, la misère humaine que semble affectionner Catherine Major nous donne envie de la retrouver sans cesse afin de goûter à une nouvelle parole ou à un nouveau phrasé, comme une petite fleur du mal qui se déploie sous nos yeux.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
Écoutez un extrait via : http://catherinemajor.com/311352/?cat=15

« Le Désert des Solitudes » de Catherine Major, en magasin le 18 octobre
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samedi 15 octobre 2011

Critique de Rodin & Claudel aux Grands Ballets : trop sage, cette grande tragédie

Une rencontre entre deux artistes, deux sculpteurs issus de générations différentes, mais portés par un seul et même désir, celui de créer, de façonner la vie et de recréer le corps. Deux entités qui tombent amoureuses, malgré le sceau de l’impossibilité qui les suivra jusqu’à la fin de leur tragique histoire. Ils sont Camille Claudel et Auguste Rodin. Elle est jeune, fougueuse, emportée et permet au travail de Rodin de trouver des nuances qui le rendent grandiose. Il est charmé, inspiré, célébré et, ne l’oublions surtout pas, on ne peut plus marié. Voilà les prémisses de cette riche histoire que les Grands Ballets canadiens de Montréal présentent ces jours-ci pour ouvrir leur saison.

Le spectacle commence alors que Rodin et Claudel émergent d’un amalgame de corps qui se réveillent et se déplacent. L’effet visuel des premiers instants est fascinant, mais jamais on n’a l’impression que les corps en mouvements sont des sculptures qui reprennent vie graduellement. Apparaissent ensuite Camille et son frère Paul, de jeunes adultes frôlant la vingtaine, qui gambadent d’un bout à l’autre de la scène en nous donnant l’impression qu’ils s’amusent comme des enfants de 4 ans, alors qu’ils ont tous deux l’étoffe ou l’envie d’être traités bien autrement. La rencontre de Camille et Auguste se produit alors, ils se découvrent, se séduisent, se consomment et se consument. Même si la jeune fille attend un enfant de son amant, elle est vite confrontée à une réalité où l’homme qu’elle aime refuse de quitter sa femme pour elle. Abandonnée par son amour, son frère et ses parents, Claudel s’enflamme au point de sombrer dans la folie et de se faire interner jusqu’à la fin de ses jours par sa famille.

Avec une telle histoire sous la main, comment diable les Grands Ballets canadiens de Montréal ont-ils pu nous offrir une production aussi sage, gentille et délicate ? À l’exception des instants de folies saisissants de Camille à la toute fin et de ses effets sur les rapprochements finaux avec Auguste Rodin, comment se fait-il que les sentiments déchirés de cet amour tragique ne se rendent jamais jusqu’à nous ? Comment le réputé chorégraphe Peter Quanz a-t-il réussi à insuffler si peu d’originalité à un corps de danseurs aussi talentueux ? Comment ces derniers ont-ils pu nous offrir une danse qui mériterait tant d’être resserrée, alors qu’ils nous ont habitués à tellement mieux ?

L’histoire de Rodin & Claudel est fascinante. Le mariage entre la danse et la sculpture peut assurément provoquer une infinité d’images et d’idées saisissantes. Pourtant, il semble que Peter Quanz n’ait pas su relever le défi fort intéressant que lui avaient lancé les Grands Ballets canadiens de Montréal.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre Maisonneuve – 13 au 29 octobre 2011
www.grandsballets.com
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jeudi 13 octobre 2011

“Chaque Jour” à la Licorne : chronique de la destruction d’un couple et autres constats…

À n’en point douter, l’auteur Fanny Britt a beaucoup de choses à dire. Même si bien des spectateurs risquent de la trouver éparpillée dans l’écriture de la pièce « Chaque Jour », présentée à La Licorne jusqu’au 19 novembre, force est d’admettre que ses propos acérés, lucides et percutants nous offrent de grands moments de théâtre.

Que ce soit grâce à l’écriture ô combien contemporaine de la dramaturge, au jeu intense des acteurs Vincent-Guillaume Otis, Anne-Élisabeth Bossé et Marie Tifo, ou à la fabuleuse scénographie, il y a toujours un petit quelque chose qui accroche l’œil, la tête ou le cœur.

Dans Chaque Jour, Fanny Britt invite les spectateurs à rencontrer Lucie, jeune employée d’un salon de coiffure, qui accepte d’aller nourrir le chat de sa patronne pendant que celle-ci s’offre un week-end à l’extérieur. Désirant faire quelque chose de spécial le jour de son anniversaire, Lucie suggère à son copain Joe de la rejoindre chez ladite patronne. À la seconde où celui-ci fait son entrée, les amoureux commencent à se faire violence. N’ayant de complices que leurs parties de jambes en l’air, Joe et Lucie ne savent pas se parler, ni se comprendre. Ils sont l’exemple parfait du couple à ne pas reproduire et provoquent chez les spectateurs un malaise de les voir se faire autant de mal et un sentiment de libération d’assister aux problèmes quotidiens d’un autre couple que le sien. D’ailleurs, contrairement à ce qu’indique le titre de la pièce, ce qui se passe lors de cette soirée n’est pas seulement de l’ordre du quotidien. En effet, avant de retrouver sa copine, Joe vole un iPod dans le métro et la musique qui s’y trouve le bouleverse complètement, quitte à lui donner des envies de saccages incontrôlables.

Grâce au travail astucieux du metteur en scène Denis Bernard, la pièce alterne entre les pulsions langagières du couple, les effets insoupçonnés de la musique d’un étranger et la réaction démesurée de la patronne de Lucie, revenue sur les lieux en constatant les dégâts. La structure est impeccable. Les allers-retours entre les deux périodes de l’histoire sont très clairs. Pourtant, il y a quelque chose qui cloche. Même si on apprécie la vérité cruelle et vulgaire qui nous est lancée en plein visage en assistant aux chicanes du couple, on aime un peu moins ce que véhicule le personnage de la patronne (envie d’avoir son 15 minutes de gloire, culte de l’apparence et des bonnes manières, critique de la consommation consensuelle des Québécois). Malgré la quantité d’éléments intéressants provoqués par la présence de la patronne en termes de structure et de scénographie, la pièce aurait grandement profité du retrait de ce personnage afin de se concentrer sur le couple.

Au final, trop, c’est comme pas assez.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

La Grande Licorne – 11 octobre au 19 novembre
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lundi 10 octobre 2011

Critique - L’École des Femmes marque le lancement des 60 ans du TNM

Lors de sa fondation en 1951, le Théâtre du Nouveau-Monde a entrepris ses activités en présentant L’Avare de Molière. Quelque 60 ans plus tard, la directrice du TNM, Lorraine Pintal, a choisi de lancer les festivités théâtrales avec un autre classique parmi les classiques : L’École des Femmes, symbole par excellence de l’oppression des femmes d’antan, le tout arrosé de beaucoup d’humour et de la touche toute personnelle du metteur en scène Yves Desgagnés.

Guy Nadon joue Arnolphe, un homme revenant chez lui avec un nouveau statut, se faisant maintenant appeler Monsieur de la Souche. L’homme héberge chez lui Agnès (Sophie Desmarais), jeune fille en fleur de quelques décennies sa cadette, qu’il veut garder ignorante et innocente, pour ne pas dire sotte, car il se méfie de l’intelligence, de la réflexion et des revendications des femmes. Lors de son retour, il croise un jeune ami, du nom de Horace (Jean-Philippe Baril-Guérard), qui lui raconte – sans réellement savoir à qui il parle – son amour brûlant pour une certaine… Agnès. S’en suivent alors farces, jeux d’esprit, confrontations et quiproquos jusqu’à la finale. Du Molière quoi.

En assistant à la représentation de l’École des Femmes version TNM 2011, c’est d’abord le travail de mise en scène que l’on remarque. Guy Nadon fait son entrée sans trop savoir où il est, un assistant vient lui porter son texte pour « l’aider » à démarrer, un personnage l’aide à compléter son costume, quelques coups de bâton permettent à deux rideaux de se lever sur un décor ou des systèmes d’éclairage et de tuyauterie sont visibles. Puis, graduellement, le tout devient théâtre.

Dès les premiers instants, l’incertitude nous gagne. Naturellement, il est peu fréquent de voir un Molière monté avec anachronismes et méthodes théâtrales plus ou moins conventionnelles. Pourtant, on finit par se dire que l’idée permet de désacraliser la chose et de célébrer la concrétisation d’un classique dans une institution historique. On embarque.

Au final, Guy Nadon nous démontre une fois de plus que nouveaux adjectifs devraient être inventés pour qualifier son immense talent d’acteur, Jean-Philippe Baril-Guérard insuffle enthousiasme, charme et vitalité à un personnage de jeune premier qui pourrait sembler linéaire, Sophie Desmarais joue correctement un rôle assurément trop lisse pour être intéressant, les serviteurs interprétés par Louison Danis et Pierre Collin sont fort amusants à voir aller, même si on perd la moitié de leurs répliques en raison d’une diction étonnamment défaillante et d’une disposition scénique qui les avantage peu, plusieurs passages de la poésie de Molière sonnent comme du blabla intangible dans la bouche de certains, alors que d’autres rendent la prose du défunt dramaturge grandiose et séduisante.

Le Théâtre du Nouveau-Monde nous offre donc une École des femmes inégale, mais somme toute agréable.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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vendredi 7 octobre 2011

Coup de cœur pur et simple pour le roman “La tendresse attendra” de Matthieu Simard

« La tendresse attendra », de l’auteur Matthieu Simard, est le genre de roman que vous débutez en sachant instantanément qu’il va vous rentrer dans le cœur, qu’il va bercer les allers-retours de vos pupilles jusqu’à très tard le soir, parce que c’est impossible de l’arrêter, parce que vous vous y retrouver et parce que vous avez l’impression d’appartenir à ce que vous lisez, comme si son auteur était venu vous observer et qu’il était reparti avec une partie de votre humanité pour la coucher sur papier.

Il n’y a pas une seule seconde, pas une seule phrase et pas un seul paragraphe que je n’ai pas adoré dans ce roman de peine d’amour, d’écriture et de plomberie. Matthieu Simard nous invite à suivre le destin d’un écrivain qui n’en peut plus de sa réalité d’auteur et qui veut devenir plombier pour faire plaisir à sa blonde, son ex-blonde, celle qu’il n’arrive pas à oublier, celle pour qui il aimerait bien changer. Un jour, il décide d’aller cogner à la porte d’une entreprise de plomberie pour trouver du boulot, pour qu’un jour elle y croit, pour qu’un jour elle le voit, lui, son ex-auteur de chum qui vient de trouver un vrai de vrai travail en face de chez elle.

Avec son nouveau roman, Matthieu Simard trouve le moyen de nous intéresser au destin de son ex-écrivain-futur-plombier en y allant d’un regard caustique, libérateur et très, très drôle sur le métier d’auteur, tout en y allant de pointes ici et là sur une peine d’amour aux accents très masculins. Sarcasmes et ironie à la pelletée, talent indubitable pour raconter les petits détails des grandes déchirures, capacité de se servir de la description de l’environnement pour faire avancer une histoire sans l’alourdir, humour personnel qui fonctionne à chaque détour et cette merveilleuse habilité qu’il a de nous lancer un revirement en pleine figure au milieu ET à la fin de son histoire.

Il y a tant à dire au sujet de ce roman d’à peine 200 pages. L’écriture de Matthieu Simard est d’une maturité et d’une fluidité incomparables, son roman se lit d’une traite, il émeut, il surprend, il fait rire très souvent, il fait réfléchir une fois de temps en temps et il nous donne envie de courir à la librairie acheter ses autres romans.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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jeudi 6 octobre 2011

Critique du film « French Immersion » : la honte, d’un océan à l’autre


C’est officiel : il y a maintenant pire film que Les Dangereux. Très mal scénarisé par Jefferson Lewis et Kevin Tierney, French Immersion est exactement le genre de film qui faisait dire aux Québécois d’il y a 15 ans que notre cinématographie ne valait pas la peine d’être vue.

Campée à St-Isidore-du-Cœur-de-Jésus, un (faux) village dans le Nord du Québec, l’histoire de French Immersion plonge quelques Canadiens-anglais et un New Yorkais dans une immersion française de deux semaines où, en plus d’aller à l’école, ils seront logés chez l’Habitant.

À la base, il y avait matière à une bonne histoire dans French Immersion : barrière de la langue, chocs des cultures, préjugés face aux différentes classes sociales. Pourtant, le scénario de French Immersion est un ramassis de clichés et de très mauvaises blagues sur les Anglais, les Québécois, les politiciens, les gais, les juifs, les femmes, les gens des régions éloignées, les gens des villes, les pauvres et j’en passe. Si le but des artisans était de démontrer à quel point nous avons tous l’air abrutis lorsque nous essayons de nous comprendre, c’est franchement réussi.

Si vous aimez le montage digne des années 70, les allusions supposément drôles entre le prénom anglophone « Colin » et l’expression « câline de bine », un karaoké où le gai de la place est (mal) déguisé en drag queen, Peter MacLeod qui est une fois de plus un mauvais comédien, Rita Lafontaine qui gaspille son talent en laissant tomber son visage dans une assiette de ragoût, un Indien qui s’achète une femme avant de la voir s’enfermer pendant 2 semaines sans qu’on ne comprenne jamais pourquoi, des acteurs qui sont laissés à eux-mêmes avec des dialogues et une trame narrative qui ne font aucun sens, courrez voir French Immersion.

Pour les autres, sachez que la course au prix Aurore du « Film que tel acteur ou telle actrice devrait rayer de son C.V » est maintenant lancée.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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mercredi 5 octobre 2011

“La Fin de la sexualité” à la Petite Licorne : quand le sexe couche avec le pouvoir

L’histoire politique ancienne et moderne nous a démontré à maintes reprises à quel point les enjeux charnels peuvent être étroitement liés au pouvoir et aux politiciens. Avec La Fin de la sexualité, l’auteur François Létourneau (Les Invincibles, Cheech) s’amuse à mélanger propos graveleux, farce gigantesque, sécurité nationale et frustration sexuelle avec la collaboration brillante et inventive du metteur en scène Frédéric Blanchette.

Tournée autour des résultats d’une enquête ayant pour nom « Projet sur la fin de la sexualité », commandée par la Sécurité nationale américaine, l’histoire de Létourneau se veut un supposé mariage entre le « documentaire » et la pièce de théâtre. La Fin de la Sexualité nous propose en réalité une série de sketchs sur les perceptions globales et personnelles de la sexualité sous les cabinets de Ronald Reagan, George H. Bush et Bill Clinton, couvrant ainsi la période de l’étude entre 1986 et 2008.

Qu’ils soient présidents américains, proches conseillers, secrétaires d'État ou simple stagiaire (vous vous souvenez de Monica Lewinsky ?), plusieurs acteurs de la politique américaine des années 80 et 90 sont ainsi personnifiés avec un plaisir évident par François Létourneau lui-même, Patrice Robitaille, Émilie Bibeau, Patrick Drolet et la succulente Catherine-Anne Toupin. Grâce à des explications hautement improbables, mais ô combien divertissantes, l’auteur fait des liens entre plusieurs grands bouleversements politiques de l’époque et la frustration sexuelle de ses dirigeants.

Loin d’être lourde ou de nécessiter de profondes connaissances en politique américaine, La Fin de la sexualité est une pièce où les éclats de rire sont généralisés. Un peu longuette et souffrant de 2 ou 3 gros temps morts (exemples : la frustration sexuelle de George H. Bush ou l’épilogue entre Janet Reno et un ex-conseiller du président Reagan), la pièce est tout de même surprenante et des plus originale.

Idéale pour profiter des nouvelles installations de la Petite Licorne.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Petite Licorne : 3 octobre au 4 novembre
http://theatrelalicorne.com/lic_pieces/la-fin-de-la-sexualite/

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lundi 3 octobre 2011

Bilan de la rentrée télé de l'automne 2011 : montée de lait et sélection toute personnelle

Le mois de septembre 2011 correspond à ma 25e rentrée télé à vie. En analysant ce que les grands réseaux nous offrent depuis un mois, voici les nombreux titres qui m’ont ravi. Amusez-vous à comparer votre sélection avec la mienne.

Commençons par une petite montée de lait
Réglons d’abord quelque chose avec Tou.Tv et Illico. Si le public apprécie vos services, sachez que ce n’est pas seulement pour regarder sa télévision où il le veut et quand il le il veut, mais également pour éviter la publicité traditionnelle. De toute évidence, vous avez besoin de survivre, mais de grâce, faites-le en respectant le principe de base de votre existence : l’innovation. Si vous continuez à nous imposer de plus en plus de publicités en début d’émission, entre les segments et chaque fois que nous osons peser sur pause, nous serons encore plus nombreux à nous rabattre sur des coffrets DVD dont vous ne recevrez rien des profits.

Ça finit bien la semaine
Malgré le départ de mon coup de cœur de l’hiver 2011, Mélanie Ménard, l’émission Ça finit bien la semaine tient la route avec panache. Isabelle Racicot prend plus de place et se permet d’avoir davantage de mordant. Accompagnée de plusieurs coanimateurs différents au cours des prochaines semaines, et délestée des interventions donnez-moi-de-l’attention-je-veux-vendre-des-billets de l'humoriste Guy Nantel, Isabelle Racicot – secondée par Charles Lafortune – nous a offert une très bonne première avec Gregory Charles, Michel Barette et Maxim Martin.
Ils dansent
Certains diront que l’émission est trop longue et que l’aspect « vie de tous les jours » des danseurs ne les intéresse pas. De mon côté, j'achète tout de la proposition de Nico Archambault. Les 10 danseurs sont extrêmement talentueux (de mon point de vue de non-spécialiste de la danse), attachants et débordants d’enthousiasme. Les voir réussir une chorégraphie en moins d’une semaine relève littéralement de l’exploit. Nico Archambault sait où trouver les meilleurs professeurs, il choisit des lieux de tournage orignaux pour les numéros, et surtout, il possède un talent rare pour vulgariser la danse et pour comprendre le processus d’apprentissage de ses élèves.

Les séries mettent K.O. les téléromans
Fouillez-moi pourquoi, je ne regarde plus aucun téléroman depuis des années. Jadis adepte de 4 et ½, du Retour ou Watatatow (j’ai même déjà aimé Bouscotte…), jamais je ne me suis senti interpellé par Yamaska, Destinées, Providence ou L’Auberge du Chien Noir. Toute mon attention pour la fiction se tourne désormais vers les séries télé.

Les Parent : l’émission est de plus en plus punchée, toujours aussi proche de nos réalités et franchement bien jouée. On en prendrait plus.

La Galère : exagérée par moments, mais capable de nous donner quelques-uns des plus grands moments dramatiques ET comiques de notre télévision, l’émission affronte les tabous de sociétés à coup de pelle. On aime ça.

Mauvais Karma : avec une écriture brillante, un brin hystérique, mais tout à fait divertissante, la série d’Isabelle Langlois nous permet - entre autres - de profiter de la très talentueuse Julie Le Breton, probablement l’actrice québécoise la plus occupée des 5 dernières années, mais dont on ne se tanne jamais tant elle est différente d’un rôle à l’autre.

Tout sur moi : de plus en plus absurde et provocant des éclats de rire mémorables. On a peine à imaginer se séparer de ces trois beaux fous à la fin de la saison.

Mirador : les pubs télé me donnent envie de reprendre le collier, Gilles Renaud est impressionnant de non-censure, le fil dramatique s’est resserré, mais comme bien des gens, je décroche sans trop comprendre pourquoi.

La critique culturelle à la télé
La télévision québécoise souffre-t-elle d’un manque de critique culturelle ? Poser la question, c’est y répondre. Sans être parfaite, l’émission Six dans la cité répondait à un besoin bien présent chez les téléspectateurs friands de culture. N’eût été cette décision grotesque de lui offrir la case horaire du dimanche après-midi pendant deux ans, l’émission aurait certainement pu faire le plein de cotes d’écoute.
Depuis le naufrage des Six dans la cité, deux émissions de critiques culturelles tiennent le fort. La première, Voir Télé : l'émission profite d'une direction photo splendide et compte sur des chroniqueurs passionnés, dédiés à leur art et franchement spécialisés, qui ont trouvé le moyen de marier dynamisme et énergie posée : une rareté en télé. Mention spéciale à Elsa Pépin, la nouvelle responsable de la section théâtre, qui ne vient pas du milieu des arts de la scène, mais qui mérite tout de même sa place grâce à sa curiosité et à sa grande culture artistique.

N’oublions pas les artisans de C’est juste de la tv. Malgré le talent de Liza Frulla pour ralentir les échanges en usant – probablement inconsciemment – de tout un tas de tactiques verbales et non verbales (débit plus lent, fuir le regard de ceux qui veulent reprendre la parole, oublier le début de son idée), ainsi que la tendance générale qu’ont les trois chroniqueurs à ne pas s’écouter suffisamment, l’émission demeure ô combien pertinente et divertissante. André, Liza, Marc et Anne-Marie aiment sincèrement la télé, ils nous font découvrir plusieurs émissions chaque saison, ils nous provoquent,  nous font réfléchir et continuent d’apporter de l’eau au moulin .



Vu par hasard 
Vu Par Hasard est ma surprise télévisuelle de l’automne. Émission dédiée à l’art public, le projet de la femme-orchestre Suzanne Guy permet au non-amoureux des arts visuels que je suis de profiter du discours poétique – et accessible – des artistes, en plus de découvrir un pan de notre culture qui m'était inconnu.La réalisation, le montage, l’habillage sonore, la musique et le souci du détail de Suzanne Guy sont en tous points remarquables.

Les Enfants de la télé
J’ai la bizarre d’impression cette saison qu’il y a toujours 2 invités plus intéressants que le troisième, ou du moins, que 2 invités réagissent avec suffisamment d’enthousiasme pour être préférés au troisième en termes de présence à l'écran. Christine Chartrand et Gilles Latulippe (étonnamment amorphe, malgré son génie de la tarte à la crème) faisaient pâle figure aux côtés des invités de leurs émissions respectives. N’empêche, semaine après semaine, on continue de retrouver des souvenirs hautement divertissants et crée des moments de télé qui pourraient eux-mêmes servir à des « best-of » dans quelques années. Antoine Bertrand, drôle et baveux, et Véronique Cloutier, belle comme le monde, adroite et probablement le meilleur public qui soit, n’ont pas peur de rire d’eux-mêmes et continuent de nous faire vivre de charmants mercredis télé depuis la rentrée.


Tout le monde en parle
Cette année encore, l'émission Tout le monde en parle est à mon agenda. Bien que ma logique et ma rationalité comprennent la nécessité de créer un happening incontournable le dimanche soir, je déteste toujours autant cette idée de manquer une émission complète sans possibilité de rattrapage lorsque ma vie m’amène ailleurs. Rempli de running gags et de moments marquants, Tout le monde en parle est l’équivalent d’une télésérie dans l'univers des émissions de variétés : rater une émission nous donne l’impression d’avoir manqué quelque chose qui pourrait nous servir lors des émissions suivantes.

Suggestion de début d'année : certains classiques (la petite carte de Dany, par exemple) pourraient être réévalués afin de redorer la formule, sans pour autant la travestir.

Et VOUS, qu'en pensez-vous ?

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